Interview

Claude-Maurice au centre du jeu

Il est un élément-clef du Gym des dernières semaines. Il est aussi celui qui a offert la victoire face à Nîmes, lors de la dernière journée, d’une frappe croisée à un quart d’heure de la fin. Frustré par le revers concédé devant Monaco en Coupe de France dans la semaine, Alexis Claude-Maurice (22 ans) veut repartir de l’avant à Lorient, l’endroit où il a effectué sa formation avant de se révéler en pro, durant deux saisons pleines où il inscrivit 19 buts en 62 matchs. Joueur et franc, le numéro 10 des Aiglons a pris le temps de parler de la période actuelle, sans s’échapper. 

Dans quel état d’esprit avez-vous repris l’entraînement après Monaco ? 
Nous ne pouvons pas nous permettre de ruminer trop longtemps cette défaite. Dans l’intensité, dans le jeu de possession, défensivement, offensivement, on sait qu’on a fait moins bien que nos deux derniers matchs de championnat. Donc on a retrouvé le terrain avec l’envie de tout rectifier. On comprend totalement que les supporters soient déçus et énervés. Nous le sommes aussi. Le meilleur moyen de se rattraper, c’est de gagner à Lorient et de leur offrir le derby contre Marseille. 


En L1, vous restez sur deux succès de rang.
On a eu 6 points sur les deux derniers matchs, c’était notre objectif. Dans le jeu, c’était très intéressant, surtout face à Rennes, où on a tenu pendant 90 minutes, alors que contre Nîmes, on a souffert à la fin. Rennes est notre match référence, celui sur lequel on veut s’appuyer.  On a vraiment été collectifs, on a fait les efforts tous ensemble. C’est ce qu’il faut retrouver. 

Au niveau individuel, comment es-tu ressorti de ces deux derniers matchs de L1 ? 
Mes performances sont encourageantes. Je peux encore faire plus mais je suis dans la bonne direction. La vraie satisfaction des deux derniers matchs est collective : ce sont les points. C’était ce dont nous avions besoin après une mauvaise passe. 

Ton but face à Nîmes a valu plus cher que celui de l’an dernier…
C’est vrai. A moi d’en mettre encore d’autres pour rester dans la même lignée. 

Tu étais en train de monter en puissance l’an dernier, à la même époque. As-tu une explication ? 
Non, c’est une coïncidence. Cette année, c’est différent, parce qu’il reste beaucoup de matchs, alors que l’année dernière s’est arrêtée d’une manière précoce. En ce moment, je me sens encore mieux. J’espère continuer comme ça jusqu’à fin mai. 

Est-ce qu’il y a des choses qui ont changé dans ton jeu en 2021 ?
Clairement. Avant, je manquais de percussion, qui reste ma qualité première. Je n’arrivais pas à casser des lignes balle au pied, ça me frustrait énormément. En 2021, j’essaie de le faire et ça change tout. Des fois ça marche, d’autres pas, mais rien que le fait que j’essaie, ça montre que je me suis libéré. Je n’ai pas d’explication mais c’est mon sentiment. En ce moment, j’ai confiance en tout ce que je fais. 
 

« C’est dans l’axe que je me sens le plus libre »


Est-ce dû à ton positionnement axial ?

Ça ne part pas du positionnement mais de la tête. Ailier, excentré, relayeur : peu importe. Soit tu y es, soit tu n’y es pas. Après, j’ai connu tous les postes offensifs et c’est vrai que que j’ai une préférence pour l’axe. C’est dans l’axe que je me sens le plus libre, que je vois le plus d’espaces. Je suis au centre du jeu, ça me plait. 

C’est paradoxal, car tu te sens libre où il y a le plus de densité…
Effectivement. C’est là où il y a le plus de joueurs, mais aussi là où il y a le plus de chances que les joueurs fassent des erreurs et t’ouvrent des brèches. C’est comme ça que je vois les choses. L’axe est la zone où il y a le plus d’incertitude : quand, en face, il y a une ligne de 4, qui doit sortir presser, toi ou ton partenaire ? L’adversaire pense comme ça, nous aussi. Même si tu travailles, il y a toujours un temps de réaction, d’adaptation, toujours de l’imprévu et c’est là que les espaces s’ouvrent. L’endroit où il y a le plus de monde, c’est l’endroit où tu as le plus de chances de te retrouver seul. Et moi, je cherche les espaces, parce que quand je les trouve, l’équipe avance. 

Comment crée-t-on un espace ? 
En travaillant. Pars d’un principe : l’adversaire ne va pas nous laisser l’attaquer dans l’axe. L’espace, ça se fabrique : c’est ce qui est le plus difficile et c’est ce qui fait la beauté du jeu. Contre Monaco, je n’ai pas trouvé l’espace libre dans l’interligne. Au milieu, ils étaient très compacts. J’ai cherché, j’ai couru, mais je ne ne suis pas parvenu à trouver l’espace où mes coéquipiers auraient pu me toucher pour que je puisse me retourner et enchaîner. C’est arrivé une fois, peut-être deux, mais c’est trop peu. Du coup, ça se ressent sur le jeu de toute l’équipe. C’est pour ça que j’étais frustré à la fin du match. 

A quel moment sais-tu que la zone dans laquelle tu te trouves est la bonne ?
Quand on a la balle, qu’on la fait tourner de droite à gauche, le bloc adverse bouge. Plus il bouge, plus il s’étire, plus il laisse des ouvertures. Un fois que c’est fait, c’est à nous, joueurs, de nous situer dans les interlignes. Généralement, le bon espace, l’espace juste, c’est celui qui se crée entre 3 ou 4 adversaires. Quand tu y es, tu le sens, car en face, les mecs se posent la question de celui qui doit te sortir dessus. Quand ils se posent cette question, qu’ils commencent à réfléchir, ils sont dans l’entre-deux. C’est là que je me dis que j’y suis.
 

« Je suis pressé et content »


On a l’impression que le match de Lorient peut conditionner la dernière ligne droite de la saison. Tu partages ce sentiment ?

Non mais je le comprends. 

Pourquoi ce « non » ?
Parce que qu’on gagne ou qu’on perde, les équipes resteront rapprochées et il y a encore beaucoup de matchs. Il faut penser aux 3 points, à Lorient, et après au classement. C’est trop tôt pour se projeter sur la dernière ligne droite de la saison. 

Qu’est-ce que ça te fait de retrouver Lorient ? 
C’est la première fois que je retourne dans cette ville et dans ce stade depuis mon départ (à l’été 2019). Je suis pressé et content. Je suis arrivé à Lorient vers 15 ou 16 ans, quand je sortais de Clairefontaine. J’ai beaucoup de souvenir là-bas, parce qu j’ai fait toutes les catégories de jeunes, jusqu’en pros. Je me suis fait beaucoup d’amis, certains comme Teddy Bartouche, Yoan Wissa ou Enzo Le Fée, sont encore en face. J’ai passé des bons moments. 



Ton meilleur souvenir ? 
Ce n’est pas en pro mais chez les jeunes : la finale des play offs remportée en U17 face au PSG. Je m’en souviens parce que c’était le jour de mon anniversaire, le 6 juin. 

Sur le plan du jeu, que penses-tu des Merlus cette saison ?
A l’aller, c’était fort. Ça en a surpris beaucoup, mais ce n’était pas une première. Quand tu regardes leurs matchs, malgré le classement, tu vois que leur jeu avec ballon est impressionnant. Ils ont battu Paris, ont fait un bon match à Monaco. Franchement, ça joue. 

Tu avais déjà joué relayeur en Bretagne ?
Oui. En jeunes, j’avais même joué à deux 6, à plat dans un 4-4-2, avec Matteo Guendouzi à côté de moi. J’ai joué tous les postes du milieu et de l’attaque. 

Qu’est-ce qui va vous permettre d’aller faire un résultat là-bas ? 
Je vais citer, encore, le match de Rennes, car c’est la référence. Il faudra retrouver et garder notre énergie. Avec ça, je pense qu’on sera bien parés. Après, on devra prendre notre temps avec le ballon, tout en essayant de toujours aller de l’avant.

C.D.