Avant Troyes - Nice

On a retrouvé Georges Ba...

Il a disputé 25 matchs avec l’OGC Nice lors de la saison 2003-04 (3 buts), puis 29 à Troyes (4 buts), entre 2005 et 2007. Avant le déplacement des Aiglons au stade de l’Aube ce dimanche, qui marquera le retour de la L1, nous avons retrouvé la trace de Georges Ba. Une trace internationale pour « Giorgio l’Americano », qui entraîne actuellement des jeunes dans une académie américaine. 

« Gernot et Roger m’ont permis de vivre mon rêve »

Une constante accompagne chaque Aiglon de cette génération : la sincérité et le plaisir. Peu importe la marque laissée dans les coeurs, dans les esprits, dans l’Histoire. Et peu importe l’impact du Gym sur leur parcours. C’est pour cela que se lancer à leur poursuite amène, toujours, un bonheur sincère. Pour cela et pour le reste : la nostalgie d’un temps qui n’était pas forcément bon mais qui reste le bon vieux temps. A l’été 2003, un colosse s’engage dans le Gym de Gernot. Une armoire qui, au mois de février de la même année, a disputé ses premières minutes avec la sélection A ivoirienne, face au Cameroun, en remplacement d’un certain Didier Drogba (victoire 3-0 des Eléphants, le 11 février 2003, NDLR). Une armoire de 23 ans, taillée en CFA à Tours, Sannois Saint-Gratien, puis à Besançon, qu’il conduit en L2, après avoir claqué 15 buts en 32 matchs de National lors de l’exercice 2002-03. Cette armoire qui frôle le mètre 90, c’est Georges Ba. « Je n’ai pas eu un parcours normal, avoue-t-il, 18 ans après. J’ai dû passer par les divisions inférieures. Je suis arrivé à Nice car j’avais fini meilleur buteur de National, grâce au coach Stéphane Paille. D’ailleurs la nouvelle de sa mort m’a attristé, je ne l’oublierai jamais. Il m’a fait passer de la CFA à l’équipe nationale. J’ai été recruté par Gernot (Rohr) et Roger (Ricort). Même si tout ne s’est pas passé comme prévu, ce sont eux qui m’ont permis de vivre mon rêve. Pour ça, je les remercierai toujours. » 

Greffe manquée

En quelques phrases, Georges résume tout. Ses hauts, ses bas, la raison de son arrivée et de son départ. Dans la plus belle ville du monde, il ne reste qu’une saison, en 2003-04. Inscrit 3 buts, dont un à Ajaccio, « mon meilleur souvenir, je courais comme un fou », en loupe quelques-uns - « c’est vrai » - et découvre l’élite au sein d’un groupe solide, qui reste sur une remontée réussie, bouclée à la 10ème place de la L1.

Un groupe solide, uni… et sacrément créatif. « Pancho Abardonado, Sammy Traoré étaient de sacrés chambreurs, se marre notre « mister Georges » à nous, en direct de Newport Beach, au sud de Los Angeles. Il fallait encaisser, même si des fois ce n’était pas facile. C’est formateur. C’était ma première année en pro, mais quand j’y repense, j’ai adoré cette période. A Nice, d’ailleurs, c’est ce que je retiens : un vrai esprit de famille. J’y ai gardé des amis. De temps en temps, je suis en contact avec Sammy Traoré, Noé Pamarot, mais aussi avec Jo’ Audel (actuel entraîneur des U15 du Gym) et Matthieu Esposito (actuel entraîneur de la D2 Féminine), qui étaient au centre de formation. Ce n’était qu’une saison, mais elle reste dans ma mémoire. » 

Initialement engagé pour 3 ans, Georges voit l’expérience rouge et noir s’interrompre à l’issue de son premier exercice. Sportivement, la greffe ne prend pas, d’un côté comme de l’autre. Le Gym ne le voit pas dans son 11, lui ne peut se permettre de rester sur le banc. En 2004-05, il est prêté à Montpellier, puis au Mans, qu’il contribue à faire monter dans l’élite en claquant 7 buts en 13 matchs. Preuve qu’une fleur peut s’épanouir ailleurs que sous le soleil… A l’été 2005, il quitte définitivement Nice pour Troyes, alors promu en L1. 

« Je repense toujours à mes discussions avec Furlan »

Dans l’Aube, Georges garde son registre : puissance, capacité à jouer en appui, à prendre la profondeur. Mais il manque parfois, comme à Nice, de lucidité dans le dernier geste. Il y évolue sous les ordres de Jean-Marc Furlan, qui dirige actuellement Alexis Trouillet à Auxerre. Avec succès pendant une saison, où l’ESTAC se maintient (17ème),  puis avec peine lors de la seconde, où le club redescend en L2 (18ème) et où il joue peu. Deux saisons qui le marquent à vie… et à retardement ! « Même si je ne jouais pas la 2ème année, je repense souvent à nos discussions avec Furlan, confie-t-il. C’est un amoureux du jeu, il a tout compris avant tout le monde. Il a du caractère, il est dur, il adore le foot, mais surtout, il est très, très fort sur l’aspect mental. Il a compris que c’était la clef, 20 ans avant les autres. Sur le coup, j’étais un joueur, et quand tu joues, tu ne penses qu’à toi. Maintenant, je me rends compte qu’une équipe, c’est une alchimie. Je lis encore les livres de préparation mentale qu’il utilisait, ça m’aide avec l’équipe de 15 ans que je coache. C’est pour ça que mon passage là-bas a marqué le reste de ma vie. Mais je l’a compris bien plus tard… »

Entre Troyes et l’académie américaine où il officie actuellement, Georges parcourt des milliers de kilomètres. Crampons aux pieds, épaules carrées, courses chaloupées : l’Ivoirien joue en Israël (Maccabi Netanya), en Angleterre (FC Gillingham), en Suisse (Bâle), revient en France à l’AC Ajaccio, au Poiré-sur-Vie, puis achève son parcours à la Réunion. « Je t’avoue que je me voyais bien rester là-bas, au soleil, tranquille. Mais ma femme, à l’époque, était aux Etats-Unis, et mon fils jouait déjà dans une académie. Celui qui la dirige m’a dit que ce serait bien d’avoir un ancien pro comme entraîneur, alors je suis venu. »

​Aux Etats-Unis, Georges - alias « Giorgio L’Americano » sur Facebook  - découvre une mentalité différente, « où seul ce que tu rêves est ta limite et où le mental fait tout. » Il l’adore, la fait sienne, et s’en sert dans sa nouvelle vie, à 42 ans. « Le foot m’a tout donné. Grâce à ce sport, j’ai voyagé partout dans le monde, j’ai eu une vie bénie. Mais le foot, ce n’est pas seulement taper dans un ballon, c’est un puissant vecteur éducationnel. J’adore ce côté. Chaque mois d’avril - sauf quand il y a eu le Covid -, j’essaie de faire des tournois « sport et culture » en France, pendant les vacances des facultés américaines. On est allés à Tours, chez moi, pour un tournoi, puis je leur ai fait visiter Paris. Les Américains adorent, moi aussi. Bientôt, je veux les amener ailleurs, notamment en Côte d’Ivoire. Et bien sûr, je veux leur faire connaître la région niçoise et le Gym, que je suis toujours et qui a sacrément bien évolué… »

Une manière de revenir là où il a découvert l’univers pro. Univers qu’il tente de transmettre à son fils, Oliver, adolescent et également attaquant. « Attaquant, mais qui sera meilleur que moi, car il n’a pas les pieds carrés… », éclate-t-il d’un rire solaire, au moment de conclure.

Une manière de confirmer que, même au bout du monde, avec 9h et 18 ans de décalage, le bon vieux temps n’est jamais bien loin…

C. Djivas