Coupe de France

C’est l’histoire d’un dernier carré

L’un – le plus beau de tous - a vu le jour en 1904. L’autre – la plus noble de toutes – en 1917. Tous les deux s’aiment depuis un siècle, d’un amour parfois renversant, parfois platonique et parfois frustrant. Entre l’OGC Nice et la Coupe de France, le passé est chargé d’histoires autant que le présent de promesses. Voici quelques-unes de ces histoires. Écrites dans le dernier carré*.

52 je t’aime

Par superstition, nous commencerons ce voyage dans le temps par une destination finale. Par la première fois où le Gym a franchi l’ultime barrière le séparant du bout d’un chemin où le temporel embrasse l’éternité. Après des revers en demi-finale de Coupe de France contre le Club Français en 1931 (6-1), Roubaix en 1932 (3-0) et le RC Paris en 1945 (2-1), les Rouge et Noir font fi de la fatalité en 1952. Un an auparavant, Yeso, Pancho et la clique ont écrit la première ligne du palmarès du club, en devenant champions de France. En cet exercice 1951-52, la performance prend un éclat supplémentaire. L’éclat de la confirmation et de l’exploit. 

La rencontre se joue au Vélodrome et oppose Nice au FC Rouen. Georges Césari – le Marseillais - claque un doublé en une heure, que Pär Uno Bengtsson bonifie à la 46’. Le but normand n’y fait rien et le Gym file en finale. La première de son histoire. Qu’il ne laisse pas passer.   

Leaders de première division, les joueurs de Numa Andoire défient leur dauphin à Colombes : Bordeaux. Dans les pas de Nurenberg, auteur de l’ouverture du score dès la 9ème minute, le jeu dépasse l’enjeu, fait assez rare, dans une finale, pour être souligné. Les deux clubs se rendent coup pour coup mais le Gym finit par l’emporter (5-3). Derrière le grand Vic’, Carniglia, Belver, Ben Tifour et Césari font trembler les filets. 

Deux semaines plus tard, le Gym réalise le doublé et parvient à conserver son titre de champion de France, un point devant Bordeaux. Ce qu’aucun club n’avait fait depuis les débuts du championnat professionnel en 1932. 52 je t’aime. 

54 à la suite 

Éliminé en quart de finale contre Lille l’année suivante, le Gym rafraîchit sa coupe en 1954. Au printemps, il défie Troyes – leader de D2 - en demi-finale, et se retrouve à courir derrière le score après un but de… Georges Césari, parti dans l’Aube à l’été 53. Alors que George James Berry est désormais l’entraîneur, le groupe réagit à l’heure de jeu. Abderahmane Mahjoub (1-1, 61’) et Luis Antonio Carniglia (2-1 ; 69’) transforment un retard en avance (2-1). Plus rien ne sera marqué et, encore une fois, la troupe rouge et noir rejoint Colombes, où l’attend une finale 100% méditerranéenne face à Marseille.

La suite ? Un but de Nurenberg (1-0, 6’) – encore et toujours -, un de Carniglia (2-0, 11’), la réduction d’Anderson (2-1, 55’) et une fin de match qui tourne en boucle au Café des Aiglons, 70 ans après. Sur les images en noir et blanc, le point final, haut perché et arraché. La bicyclette de Pancho Gonzalez pour sauver sur la ligne une frappe de Scotto ; puis une tête de Carniglia pour dégager en corner un essai de Palluch. Le tout 2 minutes avant la délivrance : une victoire, une deuxième, en Coupe de France. 

20 ans de disette

Derrière ce deuxième sacre, les Aiglons participent, sans succès, à deux autres demi-finales dans la décennie 50. Même ne connaissent pas la même réussite et sont éjectés par Bordeaux (3-2 en 1955) et Toulouse (3-2, 1957). Les supporters devront patienter 20 ans pour connaître un nouveau frisson. Frisson qui rimera, malheureusement, avec désillusion. Battus par Reims sur une confrontation aller-retour en 1976-77 (1-2, 0-1), les Niçois franchissent l’écueil monégasque un an plus tard, au même stade de la compétition (1-0, 1-1). S’envolent pour le Parc des Princes et y sont battus par le Nancy de Michel Platini, unique buteur de la soirée (1-0). Cruel pour une génération de géants (Baratelli, Katalinski, Guillou, Jouve, Huck, Bjeko’).

Vainqueur de la compétition et titulaire avec l’ASNL en finale, Olivier Rouyer n’a rien oublié, puisque 45 ans plus tard, alors qu’il est devenu consultant, il déclare que « Nice ne peut pas gagner la Coupe ». Nous sommes alors en 2022, moment où Nice – Versailles point à l’horizon. 

Sochaux la braise 

Une décennie après Nancy, le cœur des niçois saigne à nouveau. Petite différence, la plaie s’ouvre aux portes de la finale, dans une demie qui marquera toute une génération. Dans le mauvais sens. Pourtant, avant d’attaquer la double confrontation face à Sochaux, leader de D2, le Gym semble favori.

Pensionnaire de l’élite, il vient d’écarter Monaco (futur champion de France) en 16ème de finale, Toulouse en 8ème et le LOSC en quart. Solides, Amitrano, Marsiglia, Oleksiak, Djelmas, Bocandé et consort remportent la première manche au Ray, le 31 mai. Dominateurs, ils réussissent le break, et croient même tuer tout suspense lorsque vient le 3-0… qui sera finalement refusé. L’avance fond même à la 88ème minute, quand Franck Sylvestre réduit le score, qui se fige à 2-1. 

Impitoyable, le football punit le Gym, entraîné par la légende Nenad Bjekovic, au match retour. Le 8 juin, à Bonal, Franck Sauzée et Stéphane Paille font trembler les filets (2-0). Rien d’autre ne sera marqué, si ce n’est les cœurs et les mémoires rouge et noir. Marqués et brûlés par le regret. 

Laval avalé

L’ellipse suivante sera belle comme le jour. Un jour qui dure 9 ans mais s’achève par un matin qui chante. En 1997, les demi-finales ne se jouent plus sur un format aller-retour. Nice en profite. Mal en point en championnat (dernier, il sera relégué en fin de saison), il voit en la Coupe de France une bulle d’oxygène, qu’il respire à pleins poumons. Le 20 avril, Fred Gioria et sa bande se rendent en Mayenne, pour y défier un pensionnaire de D2. Le défi ressemble à un exorcisme. Le Gym chasse ses vieux démons, André Boïs se rendant même à la Cathédrale de Laval pour prier avant le match. En face de la Sainte-Vierge, le président aperçoit un Aigle de pierre. Il y voit un bon présage. Thierry de Neef se charge de donner un écho terrestre à ce message venu des cieux. À la 33ème minute, le milieu de terrain, numéro 8 sur le dos, suit parfaitement une action de Kubica. Le ballon lui revient à l’entrée de la surface. Il se couche parfaitement dessus et d’une demi-volée somptueuse, envoie le peuple niçois au Parc des Princes. 

Le reste appartient à la légende. Légende qui se fige le 10 mai 1997, moment où Nice défie Guingamp pour lever le trophée. Le reste a été narré 1000 fois, comme on narre un conte de fées, où Bruno Valencony et Arjan Vermeulen donnent les deux derniers coups de baguette magique. Dos à dos après 120 minutes (1-1, buts de Salimi et Laspalles), les deux formations se départagent aux tirs au buts. Le gardien niçois détourne les tentatives de Stéphane Carnot et Coco Michel. Le Hollandais, tempes bien dégagées, ne tremble pas, lors d’une séance qui se déroule face à la tribune Boulogne, à l’endroit même où Marcin Bulka a éliminé le PSG cette saison. 

Vermeulen permet à l’OGC Nice de remporter sa 3ème Coupe de France, 43 ans après. Ce qui reste à ce jour la dernière ligne de son palmarès…

2011 : la dernière épopée 

La dernière épopée en Coupe de France remonte à 2011. Elle s’achève le 19 avril. Un mardi de feu, où le peuple rouge et noir se mobilise en masse et où le Ray est plein comme un œuf (17 145 supporters).

Alors qu’elle reste sur une belle victoire dans le derby contre Monaco, en championnat, trois jours avant, l’équipe dirigée par Eric Roy se mesure à un monstre. Monstre qui, paradoxalement, profite d’un détail pour faire basculer les débats. Peu après la demi-heure, Florent Balmont se blesse et cède sa place à Eden Hazard. Le génie belge change tout. En un coup de foudre, il ouvre le score, d’une frappe surpuissante – légèrement déviée par Pejcinovic – sous la barre de Lionel Letizi, juste avant la pause.

Au retour des vestiaires, la tâche est immense, surtout face à des Dogues qui marchent sur l’eau dans le jeu. Elle devient impossible lorsque Gervinho, parti à la limite du hors-jeu, dribble Letizi pour doubler la mise. Cette même saison, Lille réalisera le doublé Coupe – Championnat. Le Gym terminera 17ème, à deux points du premier relégable monégasque. 

*Cet inventaire ne comprend que la Coupe de France, et ne tient pas compte de la Coupe de la Ligue, où le Gym a notamment atteint la finale en 2006 (perdue 2-1 contre Nancy) et la demie en 2009 (perdue contre Vannes aux tirs au but) et 2012 (défaite 2-1 à Marseille).

 

 


C.Djivas (source Michel Oreggia)

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