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Victoire, tactique, Sala : les mots du coach Galtier

Voici les mots de Christophe Galtier après la victoire face à Saint-Etienne ce mercredi (J36, 4-2) en conférence de presse.

Il vous aura fallu 45 minutes pour évacuer la frustration de la finale. Que s’est-il passé à la mi-temps ?
J’attendais une réaction de mes joueurs. J’étais focus sur ce que j’avais vu en première période et, surtout, sur ce que je n’avais pas vu. Par rapport au temps qu’on a eu pour préparer le match, il y a des choses qui ont été mises en place. Elles n’ont jamais été appliquées, pour différentes raisons, ce qui fait qu’on a livré cette première période. On s’est fait intercepter les ballons dans des zones incroyables, on a laissé Saint-Etienne jouer dans la transition. À la pause, tout d’abord Dante, notre capitaine, a pris la parole, à sa manière, avec son expérience. Puis après JC (Todibo) a pris la parole, à sa manière lui-aussi. Puis enfin j’ai pris le tableau, mon écran, pour préciser et insister sur le fait qu’il fallait respecter les positions, c’était à cet endroit que les choses allaient se jouer, et évidemment, j’ai dit qu’il fallait avoir un supplément d’âme. J’ai aussi évoqué l’importance du 3ème but quand c’est comme ça, il fallait que ce 3ème but soit de notre côté, parce qu’à 1-2, on allait avoir la capacité de renverser ce match, ce que nous avons déjà fait dans la saison. Ce qui me parait incroyable, c’est que je crois qu’on est l’une des meilleures équipes en 2ème période. Ils (les joueurs) sont arrivés à le faire avec beaucoup plus de rythme, d’intensité, de prises de risques sur le plan offensif. Ça a rendu l’entame de cette 2ème période incroyable. Mais même après ça, en menant 4-2, on concède deux grosses situations. C’est tout le paradoxe de ce groupe, de cette équipe qui est tout le temps en réaction. Quand elle arrive à faire la différence, elle donne encore de l'espoir à l’adversaire.

C’est forcément la victoire des joueurs…
C’est aussi la mienne.

À quel niveau ?
Vous laissez exprimer les joueurs à leur manière, avec ce qu’ils ont envie de dire sur le match. Après, il y a des explications, des précisions qui ont été faites. L’ensemble du staff, mes analystes qui étaient en haut, ont sorti des images assez importantes qui montraient où nous étions en difficulté et comment nous pouvions les mettre en danger. La victoire leur appartient (aux joueurs), bien évidemment. Ils se sont, non pas surpassés, mais il y a eu un supplément d’âme, l’envie de ne pas clôturer la saison, parce qu’une défaite aurait fait en sorte que notre saison était clôturée. Ça nous donne beaucoup d’espoir pour nous battre pour les places européennes, avec dans 3 jours la réception de Lille.

Est-ce que parmi ces modifications, il y a le rôle de Mario Lemina, qui était un peu plus haut sur le terrain ?
En première période, il fallait envoyer 3 milieux de terrain, parce qu’Amine a joué dans un rôle sous mes milieux de terrain. Il fallait que mes défenseurs centraux trouvent un milieu dans le dos de l’attaquant, et deux autres plus haut, Amine ou Mario pour maintenir de la largeur, ce qui n’a pas été fait en première période. Mario venait sortir le ballon, Pablo était plus haut. Il a fallu inverser et mettre Mario un peu plus haut. Il fallait aussi reprendre des positions qui étaient initiales, mettre un droitier très large à droite et un gaucher très large à gauche. Très rapidement, mes deux jeunes joueurs sur les côtés ont changé de position et ont trouvé beaucoup de largeur et plus d’espaces. C’est sur ça que j’ai beaucoup insisté sur le domaine tactique. Et puis après, non pas leur mentir, mais leur rappeler qu’ils étaient capables de retourner et de renverser le match.  

Comment avez-vous vécu l’accueil des supporters et certains chants hostiles qu’on ne voudrait pas entendre dans un stade ?
Je n’ai pas d’adjectif pour définir ce que j’ai entendu. Une des premières réactions dans les vestiaires, ce n’était pas des chants, des cris de joie, ce n’était pas un soulagement. Je sais que le club est déjà intervenu à travers un communiqué. Au nom de mon vestiaire, de mon staff technique, de mon staff médical, de mes joueurs, on tient à présenter nos excuses à la famille d’Emiliano Sala et au FC Nantes. On peut entendre beaucoup de choses dans un stade, mais souvent on dit, ou en tout cas ces derniers temps, que les tribunes sont des reflets de la société. On parle de quelques personnes, mais quelques personnes qui ont quand même chanté assez fort. Il n’y en avait pas que 3. S’ils ne sont pas contents, ils n’ont qu’à se présenter au camp d’entraînement, je leur dirai la même chose.  Si c’est ça notre société, croyez-moi, on est vraiment dans la merde. Ce que j’ai entendu, c’est inadmissible. On a chambré nos joueurs, je veux bien, il y a aussi eu des insultes sur Madame Frappart. Jusqu’à preuve du contraire, elle ne nous a pas fait perdre la finale, nous l’avons perdue.
Je ne vois pas ce que vient faire la mémoire de quelqu’un qui est décédé dans un accident tragique… Pour moi, c’est surréaliste. Je n’ai pas de mots. On ne peut pas entendre ça dans un stade. Si c’est pour insulter des morts, pour envoyer des bouteilles, qu’ils restent chez eux. On gagnera sans ces personnes-là.