Témoin

Bamogo : « J'avais Saint-Habib sur mon frigo »

En 4 saisons (2007-2011), Habib Bamogo aura tout connu avec le Gym. Des joies, des peines et quelques chefs-d’oeuvre. Comme ce soir de décembre 2008, où il a nettoyé la lucarne de Steve Mandanda au Vélodrome (défaite 2-1). 10 ans après ce coup d'éclat face à son ancien club - plébiscité par les supporters sur les réseaux sociaux -, OGCNICE.com en a profité pour appeler l’ancien attaquant Burkinabé. L’occasion de revenir sur une carrière mouvementée et d’évoquer le derby de dimanche.

Habib, que deviens-tu ?
J’ai terminé ma carrière en Indonésie, histoire de décompresser tout en découvrant une nouvelle culture. J'étais l'un des pionniers, mais depuis, le championnat s'est développé, avec l'arrivée de joueurs comme Momo Sissoko, Marouane Chamakh ou Mickaël Essien. C'était une superbe expérience. Je travaille désormais avec mon cousin germain, Jonathan Kébé, en tant que conseiller sportif. On s'occupe de Jules Koundé (Bordeaux), Adama Soumaoro (Lille), etc. Je les conseille sur leur carrière.

Avec le recul, quel regard portes-tu sur ta carrière ?
Le football dépend énormément des choix. Ce sont eux qui te guident. Je me dis toujours que j’aurais pu faire mieux, sans forcer, mais juste avec de meilleurs choix. Mais j’aurais pu aussi ne rien faire du tout. A l'arrivée, je suis satisfait, et assez fier, surtout quand je sais d’où je suis parti.


 

« J'aurais du partir en même temps qu'Antonetti »


Signer à Nice, était-ce un bon choix ?
(Il coupe). Oui, c’est sûr ! Mais l'erreur que j’ai commise, c’est que j’aurais dû partir en même temps qu’Antonetti. J'étais venu pour lui, et j'avais réalisé de belles saisons sous ses ordres. Je pensais que je m'étais installé, mais des gens sont arrivés avec leurs propres joueurs.

Quel est ton meilleur moment en rouge et noir ?
Mon but contre Marseille au Vélodrome, lors de ma 2e saison au Gym. C'était forcément particulier pour moi, mes émotions étaient démultipliées. Je ne l’oublierai pas. 

« Les adversaires avaient la flemme de venir au Ray»

Ce derby de la Méditerranée, tu l'as vécu des deux côtés...
La première fois, c'était avec l’OM à Nice, on avait fait 1-1 (en 2004-05). En tant qu'adversaire, tu avais toujours la flemme d'aller jouer au Ray, car c’était dur de gagner là-bas. Ce n'est pas le match de l'année pour les 2 équipes : pour Nice, c'est le derby à Monaco, et pour Marseille, c'est face au PSG. Mais ça reste très important, surtout pour les supporters niçois.

Justement, tu n'as laissé aucun supporter indifférent ici...
Dans l'ensemble, je pense que les supporters m'appréciaient. Certains m'ont critiqué, mais les gens ne savent pas toujours ce qui se passe à l'intérieur d'un club. Mais je me souviens aussi que beaucoup me soutenaient. J'avais même ma propre chanson.

« Le Dimanche au stade du Ray... »
Il reprend. « C'est le jour de Bamogo ! » Les supporters essaient toujours de trouver des refrains, et celui-là n'était pas mal. J'aimais beaucoup l'ambiance au stade du Ray, le public était chaud.
 

« Saint-Habib, que ton pied soit sanctifié »


Certains t'ont même voué un culte. Etais-tu au courant ?
Oui, je suis tombé sur une montage de moi, avec une barbe... Il y avait marqué « Saint-Habib, que ton pied soit sanctifié... ». Comme j'ai trouvé ça très drôle, je l'avais même accroché à mon frigo. Ça a fait rire tous ceux qui venaient me rendre visite.

Quel a été ton pire souvenir à Nice ?
L'élimination contre Vannes (1-1, 3 tàb à 4 en demi-finale de Coupe de la Ligue 2008-09), avec l'arbitre qui nous oublie des pénalties. Derrière, on a chuté (le Gym a conclu la saison 2008-09 à la 9e place). C'était trop dur de s’en remettre.

Te souviens-tu aussi d'un fameux match à Lyon, où vous perdez 3-2 après avoir mené 2-0 ?
Celui-là, c'était une catastrophe ! Le match, je l’ai revu 10 fois, je ne m’en remettais pas. Juninho obtient un coup franc avant la mi-temps pour une faute imaginaire, et il marque. Si on était rentré à 2-0 à la mi-temps, le match aurait été plié. L’arbitre nous avait tués (le journal l'équipe avait titré en Une « Nice volé à Lyon », ndlr).

De quels joueurs étais-tu le plus proche au Gym ?
Eric Mouloungui et Emerse Fae. On s’appelle toujours avec Emerse, on essaie de se voir de temps en temps. J'appréciais aussi Chaouki (Ben Saada) et Nabil (Ouled-Gharbia, intendant), qui aide beaucoup les joueurs et est essentiel dans le club.


 

« Hugo, je sais pas s'il prenait des buts à l'entraînement »


Le plus fort avec qui tu as joué ?
(Sans hésiter). Hugo Lloris. Quand je suis arrivé, il était déjà titulaire. Il était vraiment au-dessus. Je ne sais même pas s’il prenait des buts à l’entraînement !

Et le plus technique ?
Ederson, il avait un truc en plus. Il y a aussi Rool : les gens le voyaient comme un boucher, mais techniquement ça volait haut ! Il avait un pied gauche largement au-dessus de la moyenne.

Dimanche, il y a le derby entre tes 2 anciens clubs. Ton coeur penche-t-il d'un côté ?
Je me mets au milieu, un pied dans chaque camp ! C'est un match important pour les deux clubs : Nice veut l'Europa League, et Marseille la Champions League. L'OM joue sa saison sur les derniers matchs : ils peuvent tout gagner comme tout perdre. Ce derby est toujours difficile à jouer, des deux côtés. Pour moi, c'est vraiment du 50-50.
 

« La demi-finale va laisser des traces »


Les Marseillais ne bénéficieront que de 3 jours de récupération, contre 8 pour Nice. Cela peut-il influer sur le cours de la rencontre ?
Entre la débauche d'énergie et le voyage, ça va laisser des traces. Car, si Marseille fait un petit roulement, il y a au moins 5-6 joueurs qui ne tournent pas. J’ai vu Marseille - Montpellier au Vélodrome et c’est ce qu’il s’est passé, ils manquaient énormément de jus. Si Nice arrive à mener ou à conserver le score jusqu'à l'heure de jeu, ils pourront en profiter.

F. Hill