Focus
Alex / Papy Mendy : « Family Affair »
En voilà deux qui passeront sûrement les fêtes ensemble. Deux joueurs aux profils différents, aux parcours opposés. Cousins et complices dans la vie, Nampalys et Alexandre Mendy viennent de boucler leur première moitié de saison commune. A 23 et 21 ans, les deux Aiglons ont comme on dit « le futur devant eux ». En attendant, c'est sur le présent qu'ils se confient. Sur la relation à l'autre, le terrain, leur parcours. Dans une bonne humeur contagieuse et avec le verbe clair. « Family Affair ».
« Qu'est-ce que ça fait de travailler avec mon cousin ? Franchement, rien. Je viens et je ne le calcule même pas... » Larges sourires, éclats de voix. Quand il s'agit de présenter son cadet, Papy n'hésite pas à décoller légèrement les pieds. Un tacle en guise de salut ne masquant cependant pas un immense respect, qui survient quand le ton se fait sérieux. « En réalité, ça fait plaisir. C'est mon " petit ", même si par la taille il est plus grand que moi. L'avoir à côté, c'est toujours bon. Surtout qu'il vient de loin et qu'il n'a pas eu une formation comme moi... »

Entendez un cursus linéaire : centre de pré-fo' à Aix en Provence, formation à Monaco, et départ pour le Gym. Un club où, à 23 ans, il est le joueur le plus utilisé en L1 (et ce depuis 3 saisons), enchaîne les copies de qualité, et se plie à un rôle de vice-capitaine qui se fait de plus en plus naturel. Non, le robuste benjamin a préféré emprunter des chemins de traverse. Ceux qui conduisent à se poser peu de questions et obligent à partir au charbon. Toulon-le-Las, le Sporting Toulon, Cannes, le Gym : le numéro 15 s'est fabriqué seul, en marge des centres traditionnels. Au niveau régional, d'abord. Avant de " tout casser " sous le maillot des Dragons en 19 nationaux et de s'engager chez les Aiglons pour poursuivre sa progression. D'empiler les buts en CFA, d'être prêté coup sur coup à Strasbourg (National) et Nîmes (L2), pour finalement avoir la confiance de Claude Puel cet été.
Soutien
Sa trajectoire le conduit finalement à s'installer dans le groupe naturellement. A trouver sa place dans le vestiaire en aiguisant ses armes sur le terrain. Sous le regard d'un " petit gabarit " aux allures de grand frère. « Oui, c'est plaisant d'être avec Papy, souffle le grand Alex. On vient de la même ville, on a grandi ensemble. C'est un soutien sur et en-dehors du terrain. Je vais lui faire plaisir, mais c'est un grand pour moi. Quand ça ne va pas, il me le dit. Quand ça va aussi. Forcément, ça aide. » « Sur le terrain, on garde les mêmes rapports avec tout le monde, reprend l'aîné. Mais on se connaît depuis toujours. Forcément, on essaie de s'aider mutuellement, pour pouvoir avancer ensemble. »

Entre Papy le précoce et Alex l'atypique, les rôles différent forcément. L'un fait déjà office de cadre, quand l'autre dispute sa première saison en L1. Pourtant un point unit les deux parcours : le besoin viscéral d'aller de l'avant. Celui qui pousse à ne pas rester sur ses acquis. A dépasser sa fonction de milieu défensif pour décocher une frappe monstrueuse à Bastia ; où à profiter du temps de jeu offert pour soigner ses stats et aider le groupe (5 buts en 11 apparitions - toutes compétitions confondues - pour Alex). Outre le mental familial, la dimension physique vient également tracer un pont entre deux éléments costauds. « Ne croyez pas que c'est moi le plus solide, nuance la pointe. Papy, c'est quelque chose... » « Quand il met son corps, personne ne peut passer, lui répond l'aîné. C'est simple, quand je vais au duel avec lui, j'essaie d'éviter le contact. » Un contact que les hommes n'ont d'ailleurs jamais vécu en compétition officielle. Appartenant à deux générations différentes (92 et 94), ils ne se sont même jamais croisés sur un terrain de foot avant d'enfiler le même maillot.
« A part au 5-5, à Toulon. Même si j'évite de le prendre avec moi, parce que dans son quartier (La Marquisanne, ndlr), ils ne sont pas très bons au foot », allume goguenard Papy, originaire pour sa part du quartier de la Beaucaire.
Toulon. La ville où les deux joueurs ont grandi, qui place deux de ses enfants dans le groupe rouge et noir, et teinte l'Allianz Riviera d'un petit air varois les soirs de matchs. « On ne peut pas dire que nos amis soient supporters du Gym. Mais ils nous soutiennent comme nos familles, donc ils viennent souvent en force les soirs de matchs », termine le numéro 22.

Le soutien unanime et simple "des leurs" pour avancer. Avant, qui sait, de voir éclore un nouveau membre de la famille... « Il est trop tôt pour le dire, tempère Alex en conclusion. Mon petit frère en est au même stade que moi. Au même âge on était dans le même club. Après c'est dans la tête, s'il a envie d'y arriver, il y arrivera aussi. »
Peu importe le chemin, on l'a bien compris...
C.D.
