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Ni un aboutissement, ni le fruit du hasard

C’est une sacrée semaine qui s’est achevée dans le Forez. 3 victoires d’affilée, 13 buts empilés. Et pas contre n’importe qui. Dans un enchaînement compliqué sur le papier, les Aiglons ont planté leur drapeau sur le terrain de deux rivaux historiques, Bastia puis St Etienne, et assuré le spectacle à domicile face à une formation européenne, Bordeaux.

En l’espace de 8 jours, les observateurs ont dû plusieurs fois partir à la pêche aux records, et aux statistiques. Avant d’accueillir Nantes samedi, les Rouge et Noir ont déjà score 20 fois en huit journées, et se rapprochent des performances de leurs « ainés » de 1975-76 (23 buts).

Au XXIe siècle, seulement deux autres formations de Ligue 1 avaient atteint cette barre des 20 : Lyon en 2006/07 (20) et Marseille en 2014/15 (21). Et cette saison, seuls un Bayern (23) et un Dortmund (21) ont davantage fait trembler les filets dans les 5 grands championnats européens.

L’erreur serait de s’arrêter à l’attrayante rondeur des chiffres. Si elles ont le mérite d’imager et de (re)mettre en perspective ce que les hommes de Claude Puel ont accompli sur le pré depuis le début de saison, les stats ne disent qu’une vérité. Déjà, elles ne racontent pas le plaisir procuré par le jeu déployé dans le Chaudron. A 11, à 10 et même à 9. Même si les expulsions auront alimenté une forme de frustration en tronquant la rencontre.

« On a été prolifiques, c’est très bien, c’est sympa. Mais, au-delà des buts, il y a la maitrise que nous sommes arrivés à mettre dans notre jeu », soulignait Claude Puel lundi soir au micro de RMC. « Nous sommes à présent 7es. Cette série nous a remis en selle, car nous étions en dette au niveau des points. Nous avions déjà fait de bonnes productions, mais nous n’avions pas été récompensés. Là, on l’a été, et même beaucoup. Ca s’est matérialisé ».

Un travail de fond

Aussi, le succès à St Etienne ne doit pas s’interpréter comme un aboutissement mais plutôt comme l’exemple éclatant de ce qu’une équipe tournée vers le jeu est capable de faire. Une référence de ce vers quoi elle veut tendre. « Nos objectifs sont principalement en terme de jeu. Nous verrons où cela nous mènera », dit d’ailleurs le coach des Rouge et Noir.

Un idéal, pas forcément dans les canons d’une majorité des formations de L1, que Claude Puel fait sien et qui se retrouve jusque dans le profil des joueurs recrutés, formés, et alignés.

« C’est un travail de fond depuis plus de trois ans. On recrute des jeunes et des moins jeunes, avec un certain profil, un bagage technique,… C’est une politique de l’ensemble du club, des éducateurs,… », recentre l’entraîneur général des Aiglons. « On a aussi régénéré l’effectif cet été, on a des jeunes qui arrivent à maturité à force de temps de jeu, on a réalisé une très bonne préparation… », énumère-t-il.

En un mot comme en cent, tout sauf le fruit du hasard. Cependant, le dire ne revient pas à se prétendre « déjà arrivé ». Au contraire. Le chemin est encore long. Le Gym n’affolera pas les compteurs tous les week-ends. Il y aura aussi des coups d’arrêts, des déceptions. Et peut-être dès demain ou après-demain. C’est le lot d’un projet au long cours. De la même manière qu’il faut aujourd’hui savourer sans l’oublier, il ne faudra pas demain « jeter le bébé avec l’eau du bain » dans les moments moins fastes.

« Il faut garder de l’humilité, s’inscrire dans la durée », répète inlassablement Claude Puel depuis plusieurs jours tandis que l’enthousiasme déborde en externe. Dans un environnement hautement passionnel, et avec une équipe jeune (24 ans de moyenne d’âge), le discours fait sens. Si les pics font tambouriner les cœurs, ils ne doivent pas faire oublier que les ambitions les plus grandes se construisent par la régularité.