Interview

Béria : « Claude Puel ? Un référent »

 A droite, à gauche, dans l'axe : Franck Béria fait partie des indéboulonnables du système défensif lillois depuis une petite décennie. Une fidélité qui ne passe pas inaperçue dans le football (moderne) de haut niveau. Modèle d'exigence et de régularité, de rigueur et de tempérance, le natif d'Argenteuil vit actuellement sa 8e saison chez les Dogues, une institution avec laquelle il a grandi. Evolué. Mûri. Parti de la base pour atteindre les sommets, le numéro 18 a accepté, pour Ogcnice.com, de se replonger au début de son aventure dans le Nord, où il fut recruté lors de la saison 2007/2008 par un certain... Claude Puel, qui lui fit confiance sans hésiter. Comme ce fut d'ailleurs le cas pour Adil Rami, Yohan Cabaye, Mathieu Debuchy, Aurélien Chedjou ou encore Eden Hazard (lancés par le technicien tarnais), tous artisans du doublé coupe-championnat réalisé par les Lillois en 2011. S'il vient juste de reprendre l'entraînement jeudi et sera "sûrement un peu court" selon René Girard pour la réception du Gym, le doyen de l'effectif actuel (arrivé 6 mois avant Rio Mavuba) revient pour nous sur une rencontre ayant fait basculer sa carrière.

Béria : « à l'époque, c'est l'un des seuls qui m'a parlé de foot »

Pour revenir à la genèse d'une aventure, il s'agit tout d'abord de replacer les choses dans leur contexte. Nous sommes à l'été 2007. Franck Béria, vient d'être sacré champion de L2 avec FC Metz, son club formateur. Gros volume et grosse côte : les propositions ne tardent pas et les clubs tapent au carreau messin pour attirer ce latéral droit en pleine force de l'âge (24 ans). L'actuel coach du Gym rencontre alors le joueur à l'intersaison. Il convainc l'homme. Béria n'a rien oublié.

« Claude Puel, c'est un monsieur, un passionné. C'est pour cela qu'il s'entraîne toujours avec son groupe, qu'il est toujours en train de travailler : c'est son mode de fonctionnement et de management, même si ça peut en décontenancer certains au début. Je l'avais rencontré avant de signer à Lille, et j'avais été bluffé, car il avait analysé certains matches que j'avais faits à Metz, en m'expliquant mes points forts et ce qu'il fallait que je travaille. Ce n'est pas commun. Il m'a présenté un vrai projet sportif. C'est un des seuls qui m'a uniquement parlé de football et ça m'a beaucoup plu. Je n'ai pas peur de dire que c'est ce qui a fait la différence dans mon choix final. » Une arrivée et une installation dans le Nord dictées, in fine, par la sagesse.

"C'est comme ça que j'ai appris le métier : sans me poser de questions"

« Lorsqu'on est un jeune joueur, je crois qu'il est important d'avoir un coach-formateur, un référent. Cela permet de progresser dans le jeu et de grandir en tant qu'homme. Claude Puel a cette fibre-là. Les progressions individuelle et collective sont les seules choses qui l'intéressent. Il viendra te taper dans la main à la fin de chaque match, à partir du moment où tu as tout donné sur le terrain. Peu importe le résultat. Il accepte également de prendre la pression sur ses épaules lorsque le groupe est en difficulté, sans jamais bouleverser ses habitudes et son travail. Ca aussi, quand on est jeune, c'est important. Donc je n'ai aucun problème pour affirmer que c'est quelqu'un qui a beaucoup compté dans mon parcours et dans ma perception du foot, même s'il est parti une saison après ma signature. Un petit exemple me vient en tête : lorsque j'étais à Metz, j'avais l'habitude d'évoluer comme latéral droit : il lui est arrivé de vite me replacer dans l'axe. C'est comme ça que j'ai appris le métier : sans me poser de questions et en étant heureux d'être sur le terrain, quel que soit le poste, puisque je conservais de partout l'amour de défendre. Quand Claude Puel a rejoint Lyon, j'ai également eu la chance d'être dirigé par Rudi Garcia et René Girard. Ils possèdent eux-aussi les qualités qui en font des hommes authentiques et qui permettent au groupe de s'exprimer au mieux ».

Huit ans après son arrivée, Franck Béria a disputé 217 matches de L1, 40 de Coupes d'Europe, remporté un titre de champion et une Coupe de France (2010-2011). Une trajectoire qui pourrait donner des idées à certaines jeunes pousses azuréennes...

C.D.