Nice 1-3 Fribourg

Haise : « En 13 minutes, on s'est sabordés »

Voici la réaction de Franck Haise en conférence de presse après la défaite concédée face à Fribourg ce jeudi à l'Allianz Riviera (1-3). 

Coach, ce soir (jeudi), peut-on dire que c'est plutôt le Gym qui a perdu le match que Fribourg qui l'a gagné ?
C'est quand même Fribourg qui l'a gagné mais nous, on l'a bien perdu, ça c'est sûr. 

Ressentez-vous de la honte ce soir ?
C'est fort, la honte. Ce qui est sûr, et je l'ai dit aux joueurs, c'est qu'on ne fait pas suffisamment de choses. Même si on a plutôt bien attaqué le match, en sortant les ballons, en ayant de la maîtrise et en marquant un beau but, tout le monde doit faire mieux, au-delà des erreurs individuelles. Moi y compris, parce que je suis jugé sur les résultats et en Coupe d'Europe, on n'est pas au niveau, très clairement. Depuis que je suis ici, je parle d'exigence, de travail, du quotidien... Pas de tomber à chaque fois qu'il y a un duel. C'est le cas de beaucoup de joueurs, et à l'entraînement c'est pareil. À un moment, il faut arrêter de tomber. Et quand on commence à jouer, il faut continuer à jouer, pourquoi on s'arrête ? Nous, on a besoin d'être tout le temps à 110% vu notre niveau, et encore plus sur les matchs de Ligue Europa. 

Avez-vous l'impression que votre équipe a craqué mentalement ?
En 13 minutes, oui. Premier but, première erreur, puis une deuxième et une troisième. Ce n'est pas pareil d'arriver à la mi-temps à 2-1, surtout avec les occasions qu'on s'est créé en deuxième période. On aurait au moins pu réduire l'écart, mais si vous êtes à 2-1 à la mi-temps, ce n'est pas la même chose. Le troisième but, il est symptomatique. Il n'y a pas de retour, c'est ouvert... Oui, on a craqué mentalement en 13 minutes. 

On a l'impression que vous aviez fait le plus dur en ouvrant le score...
C'est pour ça que j'ai autant les boules. Je pense qu'on a le match en main à ce moment-là et qu'on peut leur faire très mal si on reste dans ce que l'on fait pendant 25 minutes. Bien sûr qu'il y a eu des erreurs et il y en aura toujours. Mais on fait quoi de ces erreurs ? On rebondit ensemble ? Ça n'a pas été le cas pendant 13 minutes. Après, on s'accroche en deuxième mi-temps, on passe en 4-2-3-1 mais à 3-1, en Coupe d'Europe, quand en plus, vous n'êtes pas efficaces, c'est difficile.

Votre défense semblait démoralisée dès le but de l'égalisation... Avez-vous ressenti un manque de hargne de vos joueurs ?
Si vous avez ce sentiment-là, je peux l'entendre. En plus, on était dans un bon moment, on vient de s'accrocher pendant des matchs compliqués, on a fait des résultats face à des adversaires bien plus compliqués que ce soir. On commence bien, on marque mais en 13 minutes, on s'est sabordés. Il y a la force physique, il y a la force mentale, il y a le caractère... Je ne leur en insuffle certainement pas assez, je me mets dedans. J'ai fait passer des messages, j'espère qu'ils les ont entendus. 

Avez-vous songé à sortir Melvin Bard à la mi-temps ?
J'ai songé à lui comme à Ali (Abdi). On ne peut pas dire qu'Ali était dans une forme olympique non plus et il fallait avoir un peu d'équilibre dans la défense à quatre. Melvin a fait une bonne deuxième mi-temps, il a montré du caractère malgré ses deux erreurs. Mais j'aurais pu en changer un ou deux autres. 

Doutez-vous de la capacité de votre groupe à franchir ce cap mental ?
Le doute, c'est parce qu'on doit être à 110% tout le temps. Si les mecs ne comprennent pas ça, je suis là pour leur rappeler, d'ailleurs je l'ai fait : 110% tout le temps ! Ce discours-là, je l'ai déjà tenu l'année dernière et pourtant on avait plus de caractère et plus de force physique. Si vous n'en mettez pas plus, vous vous faites exploser en 13 minutes. Oui, il faut beaucoup de force de caractère dans le foot. 

Votre colère dépasse-t-elle le match du soir ?
Tant que l'on n'aura pas compris qu'il faut faire corps tout le temps, qu'il faut faire groupe tout le temps, ne pas faire la gueule quand on est remplaçant ou quand on sort... Montrez sur le terrain ! Certains le font, y compris ce soir, il y en a qui ont fait un très bon match et qui en font depuis un moment. Mais c'est tout le temps qu'il faut le faire. Laissez votre ego de côté, ce n'est pas votre ego qui va vous faire courir, vous faire réussir les bonnes passes... On n'est pas des champions du monde, ni moi, ni eux. Donc, donnons le maximum. 

Qu'attendez-vous du match à Metz dimanche ?
Qu'on donne le maximum. Qu'on réponde dans le jeu, dans les duels, partout et que même s'il y a une erreur, on y réponde ensemble. On ne peut pas baisser la tête parce qu'on est à 1-1 à la 32e minute. 

Cette saison, on a l'impression que vous vous donnez les moyens de performer en Coupe d'Europe, contrairement à la saison dernière avec les blessures...
Je ne sais pas comment ça se passera dans les prochaines semaines et les prochains mois mais je leur ai dit que même si on perdait les trois prochains, le huitième, je mettrais ma meilleure équipe. Ou en tout cas, celle que je penserais être la meilleure du moment. Et si ça doit être encore plus dur le dimanche, ça le sera. J'en ai ras-le-bol de perdre des matchs. 

Ce match peut-il remettre en cause des choses à l'intérieur du groupe ?
Ça ne remet rien en cause. Je suis un coach qui protège beaucoup. Je suis exigeant dans mon bureau, mais je protège beaucoup à l'extérieur et même collectivement. Mais à un moment, il faut se dire les choses. On ne fait pas assez. Quand on perd les duels, qu'on est tout le temps au sol, il faut se dire les choses. Quand vous n'êtes pas contents parce que vous ne jouez pas et que vous n'êtes pas bons quand vous êtes sur le terrain, il faut se dire les choses. Et je le répète, mais le premier qui n'est pas bon, c'est moi. Et si un jour il y en a un qui est meilleur, ils le prendront. Je n'ai pas de problème avec ça. Mais il faut que les mecs envoient. Il faut envoyer, on n'a pas les moyens de faire autre chose, il faut le comprendre. On est capables de faire des bonnes choses quand tout le monde fait les choses ensemble, ceux qui sortent, ceux qui rentrent, ceux qui sont sur le banc... 

Vous sentez-vous seul à prendre la parole ? 
C'est mon rôle. On ne va rentrer là-dedans. On est ensemble, il n'y a pas de problème. Je dois faire en sorte que mon équipe soit la plus performante possible, qu'elle s'arrache. Quand on ne peut pas faire autre chose, comme à Paris, on a fait ce qu'on pouvait avec nos moyens, notre organisation et on a pris un but cruel à cinq secondes de la fin et je n'ai rien dit. Ce soir, quand je vois les 25 premières minutes, je suis plutôt satisfait. Je me dis qu'il y a des choses qui ont bougé dans le jeu. Mais cinq minutes après, on prend un but et on coule. Le haut niveau, ce n'est pas ça.