Nice – Fribourg
Pouplin, double témoin
À Nice, il a laissé le souvenir d’un homme charmant, souvent gêné par les blessures, mais qui joua un rôle déterminant dans le maintien obtenu en 2015. À Fribourg, il fut l’ultime rempart ayant permis au club de remonter en Bundesliga en 2009, puis de s’y maintenir. Ce jeudi, le duel entre les Aiglons et les Allemands sera un peu le sien. Alors avant de retrouver l’Allianz Riviera, Simon Pouplin n’a pas hésité à décrocher son téléphone pour lancer cette 4ème journée d’Europa League. Avec élégance et pertinence.
« J’aurais aimé pouvoir amener plus au club »
Que deviens-tu Simon ?
Je vais très bien. Je profite actuellement de ma famille. Je sors d’une expérience de 2 ans en tant qu’entraîneur des gardiennes de l’Olympique Lyonnais. Avant ça j’étais avec l’équipe nationale de Libye, en compagnie de Corentin Martins. Juste après la fin de ma carrière à l’OGC Nice, j’ai effectué 4 ans à l’académie du Stade Rennais en tant qu’entraîneur des gardiens.
La reconversion s’est faite naturellement…
J’ai eu l’opportunité de tout de suite enchaîner et de passer mes diplômes d’entraîneur des gardiens en rejoignant le Stade Rennais, par l’intermédiaire de Landry Chauvin qui m’a contacté lors de ma dernière saison niçoise, alors que j’enchainais les blessures. Ça se sentait que j’allais arrêter. Il m’a proposé cette possibilité. C’était très bien. Rennes est un centre assez prestigieux dans lequel j’ai moi-même été formé. Je connaissais un peu la maison, je n’étais pas perdu. Désormais, j’ai tous les diplômes qu’un coach des gardiens peut avoir. Je peux aller partout et voyager. L’objectif, c’est de continuer à entraîner en retrouvant un bon projet.

Que gardes-tu de tes années niçoises ?
Nice est une ville où nous nous sommes très bien sentis avec ma famille, et le Gym un club où je me suis très bien senti. Je m’entendais très bien avec tout le monde, j’ai pris du plaisir. Mais la vraie frustration que j’ai, c’est de ne pas avoir pu enchaîner sur le terrain à cause des blessures. La première saison s’est bien passée, c’est ce qui a fait que j’ai pu prolonger derrière. J’aurais aimé pouvoir amener plus au club.
On est en 2014-15 et tu joues un vrai rôle dans le maintien du club en L1…
C’est ça. La saison était difficile. On va faire un déplacement à Lyon (victoire 2-1 à Gerland le 21 mars 2015, voir résumé ci-dessous) et quelques jours avant, les supporters viennent nous bouger au centre d’entraînement. Ils avaient demandé quelques explications aux joueurs et au staff. Ce n’était pas évident… mais il y avait eu le maintien au bout (le Gym termina même 11ème de L1). Par la suite, il y a eu une succession de superbes années avec la Coupe d’Europe. J’aurais aimé continuer à exister dans ces saisons, peut-être dans un rôle de doublure / numéro 1 bis. Les choses sont ainsi, je n’ai pu faire que 10 matchs (9 en 2014-15, 1 en 2015-16). C’est ce qui a précipité ma reconversion. Mais c’est aussi ce qui fait qu’aujourd’hui je suis totalement épanoui dans ce que je fais. Donc je n’ai pas non plus de regret.
En plein coeur de la ville
Tu parles de ce match à Lyon. Tu avais été monstrueux…
Il me semble que j’avais plutôt fait un bon match. C’était le rôle qui m’était donné. On ne m’avait pas du tout vendu un poste de titulaire, j’arrivais comme second gardien. Je devais amener mon expérience et répondre présent quand on faisait appel à moi. C’est ce qu'il s’était passé dans ce match, où il y avait eu un superbe but de Carlos Eduardo.
Après ce match, tu enchaînes, tu prolonges, et c’est la saison 2015-16 que tu attaques en tant que numéro 1…
Je suis blessé au début de l’été. Je reviens en milieu de préparation. Claude Puel me met titulaire contre Naples au cours du dernier match d'avant-saison, le gros test contre la grosse équipe. J’enchaîne contre Monaco, lors de la première journée de L1 (défaite 1-2 le 8 août 2015). Je ne sais pas si c’est moi qui allais être titulaire toute la saison, en tout cas j’ai débuté lors du premier match. Malheureusement, ça n’a duré que 30 minutes (victime d’une lésion musculaire au quadriceps gauche, il avait été remplacé par Mouez Hassen à la 37ème minute du match).


Au-delà de la frustration sportive, qu’as-tu trouvé à Nice au niveau personnel ?
J’ai eu ma fille à Nice, elle a passé ses premières années là-bas. J’étais là dans les moments très émouvants en 2016 après l’attentat. C’est un club et une ville où on se sentait bien avec ma famille. Une ville et un club que j’ai aimés sans trop pouvoir le montrer sur le terrain. Même si les quelques fois où j’ai joué, ça s’est plutôt bien passé. J’avais envie d’habiter dans le cœur de la ville. J’aime bien quand il y a de la vie, quand on peut bouger. Je me suis retrouvé dans le quartier des musiciens, le centre mais pas l’hypercentre. Mon quotidien était vraiment fait des choses d’ici : le Cours Saleya, la Libération, l’avenue Jean-Médecin, la Prom’, la Coulée Verte avec les enfants. Ma femme a beaucoup d’amis à Nice. Elle vient faire une cure de Côte d’Azur tous les 3 ou 4 mois. Moi un peu moins car j’ai été très pris. Je reviens pour ce match de Fribourg, je vais en profiter pour passer quelques jours à Nice.
« Fribourg, sportivement, ce sont mes plus belles années »
Fribourg, justement, parlons-en. Tu as passé deux belles saisons là-bas, entre 2008 et 2010, avec 71 matchs...
Ça correspond peut-être à la meilleure période sportive de ma carrière. C’était une expérience à l’étranger. J’y ai beaucoup appris, tant sur le plan sportif que personnel. Je suis arrivé en 2008, l’Allemagne venait de recevoir la Coupe du monde deux ans plus tôt. Les infrastructures étaient exceptionnelles.
Tu as vécu un titre et une accession…
C’est ça. Les deux objectifs ont été remplis. Sur ma première saison à Fribourg (2008-09), on finit champion de D2 à deux ou trois journées de la fin. C’était un parcours incroyable avec des grands moments de joie partagés avec les supporters. Sur la 2ème saison, on se maintient en Bundesliga à l’avant-dernière journée, sur le terrain de Francfort. Avec, de nouveau, des moments de liesse avec le public. C’était extraordinaire. Sportivement, ce sont mes plus belles saisons.

De tous les colosses de Bundesliga, Fribourg n’est pas le plus connu du grand public. Que peux-tu nous dire sur le club ?
Fribourg est un club assez atypique. Si je ne dis pas de bêtises, il a fait l’ascenseur dans les années 90/2000 sans forcément vivre de grands moments en Bundesliga. Ça fait maintenant une petite vingtaine d’années qu’il est en Bundesliga, à l’exception d’une saison en D2 en 2015-16, avec une remontée très rapide. Ils ont un budget plutôt restreint par rapport aux grosses écuries allemandes mais ça travaille hyper bien. Personne ne s’enflamme dans le club, ils bossent avec leurs moyens et avec un super centre de formation qui approvisionne régulièrement l’équipe première. Ils la jouent chaque année « à l’Auxerroise » : d’abord on assure le maintien et après, advienne que pourra. Résultat : ils sont en Coupe d’Europe depuis quelques saisons.

Sacrée présentation…
Un coach symbolise d’ailleurs cette réussite : Christian Streich. Il est resté pendant 13 saisons à la tête de l’équipe première. Dans le contexte actuel, c’est très difficile. C’est un gage de stabilité, tout comme le coach qui a pris la suite : Julian Schuster, qui est l’un de mes anciens coéquipiers à Fribourg. C’était l’adjoint de Christian Streich, il a pris la relève la saison passée, avec le même succès. Il est dans la même lignée. Je suis arrivé au club en 2008. Il est arrivé en 2007. Ça fait 18 ans qu’il y est. Il connait la maison par cœur. C’est un club qui travaille intelligemment.
« Je souhaite une très belle réussite (aux Niçois) sur tous les tableaux »
Et au niveau de la ville, ça donne quoi Fribourg ?
Ce n’est pas immense mais c’est particulier. C’est une ville très ensoleillée au pied de la Forêt Noire. Elle a l’un des taux d’ensoleillement les plus hauts d’Allemagne et en plus, ils sont très tournés « écologie » depuis une trentaine d’années, donc très en avance sur le sujet. C’est un esprit très nature et soleil, même si tout est remis en perspective, car tu restes en Allemagne (sourire).
Comment vois-tu ce match de jeudi ?
J’ai l’impression que les dynamiques des deux clubs sont un peu les mêmes et que les équipes ont un niveau assez proche. D’un côté comme de l’autre, il y a encore une quête de repères. Sur le papier, ça parait équilibré.
On ne te demande pas de pronostic…
Je souhaite un bon 0-0 avec beaucoup d’arrêts des gardiens. Je ne pense pas que ce soit ce que les deux clubs veulent. Mais en termes de spectacle et d’amour que j’ai pour Nice comme pour Fribourg, j’aimerais voir les gardiens briller.
Un dernier mot pour les supporters niçois ?
On ne s’est pas beaucoup croisés sur le terrain avec les supporters niçois, mais c’était à chaque fois fort et intense. Je leur souhaite une très belle réussite sur tous les tableaux : en L1, en Europa League et en Coupe de France.
OGC Nice et Icon
