Interview

Claude Puel : « Un coup de c?ur »

Le nouvel entraîneur général de l?OGC Nice vient d?être présenté à la presse. A l?aube d?un ?gros challenge?, l?ancien coach de Monaco, Lille et Lyon dit rallier le Gym dans un esprit ?d?ambition mesurée?.Claude Puel à l'OGC Nice, un bâtisseur arrive sur un chantier à gros potentiel ?
Je sais ce que requiert un club qui doit progresser, grandir. Et dans cette optique, le discours du président m'a semblé très cohérent. C'est ce qui m'a séduit en premier lieu. Pour quelqu'un de nouveau dans le football, je l'ai trouvé très lucide. Ses mots m'ont conforté dans l'envie de m'investir dans ce projet sur plusieurs années. Bâtir, petit à petit.

Comprenez-vous que votre choix puisse surprendre ?
Tout au long de mon parcours, ce sont les relations qui m'ont attiré. Je ne suis pas carriériste. Je vis par rapport à des sensations, à des rencontres. Et j'ai eu pour ce projet un vrai coup de c?ur. Quelque soit le club que j?ai entraîné, sa dimension, j'ai toujours eu tendance à vouloir améliorer ses structures, m'intéresser à toutes ses composantes. Je m'imprègne à fond, j'essaye de développer. J'aurais pu partir vers l'étranger, rejoindre un club déjà bien en place, disputer la Ligue des Champions, c'est vrai. A l'inverse, j'ai conscience qu'il s'agit ici d'un gros challenge, qu'il est difficile, que nous allons devoir avancer sans gros moyens et que ça prendra du temps. Mais c'est ce qui m'a plu.

Beaucoup prennent votre travail accompli au LOSC en exemple. Arrivez-vous dans l'intention de le reproduire ici ?
On ne refait pas la même chose. La situation n'est jamais la même. Et il ne faut pas oublier que le projet mené à bien à Lille a commencé par beaucoup de difficultés. Il a demandé de la patience, il a fallu poser les jalons. Mais lorsqu'on fait le travail comme il faut, la récompense finit par venir.

Comment avez-vous vécu les derniers matchs du Gym ?
Ma venue n'était pas programmée depuis tellement longtemps. J'ai suivi l'équipe comme un spectateur, je ne me suis pas projeté : il y avait un staff en place qui se battait pour le maintien du club.

Qu'avez-vous pensé de l'équipe ?
J'ai remarqué un groupe très solidaire, qui s'est battu avec ses armes. Il a beaucoup donné sur les plans athlétique et mental ; ils ont été récompensés par le maintien. Dans une dernière ligne droite, c'est ce qu'il faut retenir avant un véritable plan de jeu.



Vous avez affronté l'OGC Nice pendant de longues années ? souvent lors de derbys. Quelle vision avez-vous de ce club ?
Lorsque je suis arrivé au centre de formation de Monaco, j'adorais ces confrontations, qui opposaient en plus Bjekovic à Onnis. Du Gym, j'ai aussi l'image des Katalinski, Huck, Jouve, Guillou... D'autres générations ont suivi, dont celle du petit prince (Daniel Bravo, ndlr) qui nous (Monaco) a ensuite rejoints.

L'OGC Nice aujourd'hui ?
Il peut s'appuyer sur un super public, une belle région, une ville qui l'aime, et qui est prête à pousser derrière. C'est un club avec un potentiel qu'il faut aujourd'hui réveiller. Tant mieux si ma venue suscite des ondes positives. J'espère qu'elle engendrera surtout de l'ambition ? mesurée. Que tout le monde sera derrière l'équipe, encore.

Que vous inspire la place prépondérante que prend le public niçois dans la vie du club ?
Une équipe joue pour son public. Même si elle ne peut pas toujours avoir un visage conquérant, quelques soient les résultats ou la forme, les supporters niçois sont derrière elle, toujours de manière positive. En cette fin de saison, c'était primordial. Ça le sera aussi à l'avenir. Il va y avoir des beaux moments, des plus difficiles. Mais si le public continue de répondre de cette manière, ça peut donner quelque chose de super.

Vous aimez vous appuyer sur la jeunesse et le centre de formation niçois reste justement sur de belles performances...
J'ai bien aimé le parcours en Gambardella. Mais ils restent des jeunes joueurs et ont encore besoin de bosser un ou deux ans avant de vraiment pouvoir évoluer chez les professionnels. Généralement, deux-trois joueurs atteignent le plus haut niveau. Peut-être plus cette fois, on ne sait jamais... Partout où je suis passé, les jeunes comptaient beaucoup pour moi. Ils constituent le vivier du club, leur éclosion demande un travail très particulier, entre patience et exigeance. Même à Lyon, dans un club confirmé, certains jeunes sont devenus des titulaires en puissance. C'est une grande satisfaction.