Interview

René Marsiglia : « Le groupe a les ressources »

A deux jours d?un important déplacement à Ajaccio, l?entraîneur des Rouge et Noir porte un regard lucide sur la situation comptable du club. Entre « motifs d?espoirs » et « question de fierté ».René, la course au maintien entamée par le Gym est-elle comparable aux deux précédentes ?
Contrairement aux autres années, nous touchons le fond. Nous n?avons jamais autant été dans le rouge. Si les saisons passées, nous luttions pour ne pas tomber dans la zone critique, là, nous sommes en plein dedans.

Quand sera-t-il temps de parler de « commando » ?
On peut employer ce terme sur quatre, cinq voire dix matchs. Pas dix-sept. Attention : je ne dis pas qu?on peut prendre notre temps ; la situation est plus que préoccupante. Mais je sais que l?équipe a sur ce laps de temps, et dans ce contexte, les ressources pour se relever. Un groupe réduit a pris part aux six derniers matchs ? dont deux d?une coupe qu?on ne pouvait refuser de jouer. Il y a aussi dépensé des forces?

Les cas personnels (fins de contrats, joueurs courtisés, ?) peuvent-ils nuire au collectif ?
Là, on fait appel au professionnalisme, à l?esprit d?appartenance du joueur. Je sais qu?une défaite n?est jamais profitable à une individualité, une relégation encore moins. Et les clubs qui convoitent des garçons veillent aussi à leur investissement?

On sait l?équipe talentueuse, attirante sur le papier. Pour autant, ce groupe a-t-il les capacités pour arracher un maintien à l?envie ?
Nous n?en aurons la confirmation que dans dix-sept matchs. Sincèrement et objectivement, je répondrais oui, car il est composé de garçons de caractère, de joueurs de club, avec une mentalité favorable. Il n?est pas facile d?imaginer que nous allons remporter nos dix prochains matchs, quand on ne s?est imposé que quatre fois auparavant. Mais des séries comme celle d?Ajaccio existent. Et c?est mon rôle de convaincre les joueurs qu?ils ont la tête et les jambes pour le faire.


L?affaire ne doit pas être mince?
Le cataclysme en cours depuis la défaite à Brest procure des doutes, à l?évidence. La confiance est amoindrie, les joueurs se libèrent moins. Le contrôle, la passe sont bien plus simples à effectuer avec 15 points de plus au classement. Tranquilles en championnat, nous aurions gagné ce match à Marseille dix fois. Nous aurions dû nous éclater.


« Nous en avons assez de décevoir »


Quelle est la place des mots, dans ces moments ?
Le groupe a besoin de vérité. Il veut comprendre, ensemble. Les discussions en aparté servent à peaufiner ce discours global. Sans aucune menace, que des encouragements. On rassure les joueurs, on les soutient. Pas par complaisance, mais parce qu?on croit en eux.

Le sentiment de lassitude n?épargne pas la tribune?
S?il n?y avait pas de motifs d?espoirs, de qualité, on lâcherait immédiatement. Supporters, joueurs, staff devons rester unis. Ce n?est pas se raccrocher à quelque chose mais se servir de cette force. Nous aussi, nous sommes lassés de jouer le maintien depuis trois ans. Mais tant que l?essentiel est préservé, il faut tenir bon et travailler pour provoquer les jours meilleurs. J?aime dire à mes joueurs que c?est lorsque tout semble perdu, que tout le monde nous voit finis que nous allons montrer notre meilleur visage. Que même si nous ne l?avons pas fait pour l?instant, nous sommes en mesure de montrer l?état d?esprit qui va nous sauver.

Comprenez-vous que le public ne soit pas aussi optimiste ?
Nous n?avons donné que peu, voire pas de plaisir aux supporters cette saison. Nous sommes blâmables. Nous ne rendons pas une copie conforme à l?image que devrait dégager l?OGC Nice. Les critiques s?abattent sur nous et encore, je nous trouve ménagés. Mais ça ne pourra pas durer. Et nous en avons assez de décevoir ce monde, qui est toujours derrière nous. Au bout d?un moment, c?est une question de fierté. C'est maintenant qu'il faut montrer que l'on aime le maillot rouge et noir.

Le contexte corse sera-t-il à craindre, samedi, à Ajaccio ?
J?ai vu leurs derniers matchs ; ils s?en sont sortis par le football, et leurs qualités, et pas autre chose. A Nice aussi, on dit que les matchs sont chauds. Comme à Paris, ou Montpellier. Ajaccio reste aussi sur deux victoires à l?extérieur ; la question du contexte ne se pose pas.

La nouvelle a été officialisée mercredi : Emerse Faé doit mettre un terme à sa carrière de footballeur?
Je ne pense pas au joueur que nous perdons, mais à la tristesse, au manque que va ressentir l?homme. N