Vu de l'étranger
Bosetti : « On va se relever »
On ne pouvait pas partir autour du monde sans faire un détour par chez lui. A bientôt 27 ans (il les aura le 23 avril), Alexy Bosetti est un enfant du Comté qui vit pleinement l’aventure américaine. Une aventure qui, en raison de la pandémie mondiale causée par le Covid-19, est à l’arrêt. Quel est actuellement le quotidien de l’attaquant du Locomotive El Paso ? Voyage au Texas.
La situation à El Paso
Ma femme et ma fille sont arrivées une semaine avant la fermeture des frontières, on a eu de la chance.
El Paso, pour l’instant, c’est 80 cas et 0 mort (l’entretien a été réalisé le 3 avril, ndlr). Aux USA, ça part dans tous les sens. Au niveau des assurances, ici, ce n’est pas la même chose. Le moindre séjour en réanimation te coûte plus de 30 000 $... Du coup, tu entends souvent parler de personnes qui préfèrent rester chez elles quand elles sont malades. C’est terrible. Nous, au Texas, il n’y a pas de confinement. Par contre, tout est fermé.
L’entraînement
Jusqu’au 2 avril, on s’entraînait 1 par 1 sur un terrain comme Charles-Ehrmann. Moi, par exemple, mon créneau, c’était à 8h du matin. On courrait autour de la piste mais le problème, c’est qu’il y avait trop de monde. Comme c’était le terrain d’un lycée, tu avais aussi les filles du volley et les mecs du foot américain. Donc finalement, le club a décidé qu’on s’entraîne chez nous et nous a passé des haltères, des tapis, des « élastos ». Nous avons une salle de muscu dans la résidence, mais elle a dû fermer…
Pour l’instant, on nous a dit qu’il n’y aura pas d’entraînement collectif avant le 19 avril. Mais bon, comme « le social distancing » ne finira pas avant le 30, ça risque de durer encore un peu. Le plus dur, c’est de ne rien savoir, mais c’est comme ça. Je ne prends pas de poids, physiquement j’essaie de rester bien. De toutes manières, les restos sont fermés, donc bon (il rit). On cuisine à la maison, avec me femme, on s’occupe de la petite qui ne peut pas aller à l’école. On est 12 joueurs de l’équipe dans la même résidence, donc on essaie de s’entraîner ensemble, de faire des footy sur le terrain de Beach-Volley, de se voir. Ça, c’est positif.
Le championnat USL (D2 américaine)
En championnat, on n’a joué qu’un match et on a fait 0-0 (contre Orange County).
C’est dommage parce que franchement, cette saison, tout est réuni. Nous avons une belle équipe avec un top coach : Mark Lowry. C’est un Anglais de 34 ans, très proche des joueurs, qui veut mettre en place une équipe avec une vraie identité de jeu. L’an dernier, on a fini 6e et, en play-offs, on a perdu en finale de conférence (contre le Real Monarchs Salt Lake City). Là, franchement, on peur viser le titre*. Enfin, on le pouvait avant la coupure, maintenant, il faut voir comment ça se passe et comment on repart. De mon côté, pour la première fois depuis des années, j’ai fait une préparation physique complète pendant 8 semaines. Je me sens au top. C’est pour ça que sportivement, cette coupure, c’est pas de chance.
La MLS a parlé d’une saison qui se déroulerait de juillet à novembre avec 2 matchs par semaine. Mais bon, quand tu regardes les distances qu’il y a entre les déplacements, tu te dis que ça va être serré. Rien que dans notre poule, tu as plusieurs fuseaux horaires. Chicago a 1 heure de plus que nous, et nous avons 1 heure d’avance sur Seattle… Un déplacement classique dure 3 jours. La saison dernière, nous avons joué 4 matchs d’affilée à l’extérieur, donc on a passé 10 jours loin de chez nous… Après, comme il y a un bon groupe, c’est plutôt cool. En plus ce n’est pas aussi strict qu’en Europe, à chaque fois qu’on va dans un endroit, on peut visiter, se balader, avoir du temps libre. C’est vraiment cool et, globalement, je vis une super expérience. Il n'y aurait que pour le Gym que je pourrais un jour rentrer en Europe. Je préfère poursuivre ma carrière ici. Cette année, il y a 4 autres Francophones dans le groupe mais maintenant, je parle Anglais. Et comme on est à la frontière du Mexique, je voulais me mettre à l’Espagnol, mais il n’y a plus de cours...
Nice
J’ai toujours des nouvelles de ce qui se passe à Nice, évidemment. C’est triste. Cette période, on en parlera encore dans 10 ans. Je regarde tout le temps la télé, c’est bizarre, même ici pour nous, tout s’est arrêté. Si j’avais un mot pour les Niçois, ce serait de ne pas lâcher. C’est une mauvaise passe pour tout le monde, on va se relever.
Je suis toujours en contact avec les gens du Club, j'ai même joué à 2 des tournois FIFA organisés par l'OGC Nice, c'était vraiment un bon moment. Ça fait plaisir de pouvoir participer avec les supporters et quelques anciens joueurs (il a battu Mickael Le Bihan mercredi dernier, ndlr), même à 10.000 km.
Supporters &, vous avez un message d'@AlexyBosetti, depuis les USA #UnoDiNoi #TournoiMonGymMaFamille pic.twitter.com/n67PBcOls0
— OGC Nice (@ogcnice) April 8, 2020
Enfin, j’ai décidé de faire ce que je pouvais pour apporter un petit coup de main à ma ville.
Pour l’instant, on en est à 1100 € récoltés, on va tout envoyer au CHU de Nice. Ce qui est sûr, c’est qu’ils en ont plus besoin que nous. Même après le 1er virement, les gens peuvent continuer à donner, et on s’occupe de transmettre au CHU.
* Le titre de champion ne permet pas à l’équipe qui l’obtient de monter d’une division. La MLS fonctionne en "ligue fermée" pour des questions de stabilité financière, sans montée ni descente. « Il faut payer », résume Bosetti, en référence à la somme qu'une franchise (club) doit verser lorsque la ligue décide d'une expansion en accueillant de nouvelles équipes, sur dossiers. « En 2021, les équipes qui montent en MLS sont Charlotte et Austin ».
