Vu de l'étranger
Plea ne change pas...
Il habite à côté mais il vit assez loin. Relativement proche en distance, puisque Dussedlorf, où il réside, se trouve à peu près à 1200 km de Nice et 300 des Hauts-de-France, d’où il est originaire. Mais, en même temps, dans un monde qui ne ressemble pas à celui de la majorité de planète, puisqu’en Allemagne, le Covid-19 n’a pas débouché sur un confinement total. Au bout du fil, la voix est familière. Alassane Plea est parti il y a tellement peu qu’on a encore du mal à le voir comme un ancien… Pourtant l’ancien a fait du chemin. Star de Gladbach, devenu international français depuis son départ de la Côte d’Azur, l’attaquant poursuit une progression linéaire. Ce qui ne l’a pas empêché d’appuyer sur pause pour se rappeler au bon souvenir du Gym, son « club de coeur ».
Alassane, comment se déroule cette période ?
A partir de lundi 23 mars, nous avons dû nous arrêter, sur une décision ministérielle. Avant cette date, pourtant, nous nous entraînions toujours, par petits groupes de 6 ou 7. Entre temps, le club nous a interdit de bouger, de voir du monde et de voyager. On a donc l'obligation de rester à la maison la majorité du temps. Je ne suis pas seul, j’habite avec ma copine. Forcément, le terrain me manque. Comme tout les joueurs du monde, nous avons un programme, on bosse bien, mais ce n’est pas pareil (depuis cette interview, le club de Gladbach a annoncé la reprise à huis clos des entrainements en petits groupes distincts, voir tweet ci-dessous, ndlr)
À partir d’aujourd’hui, les poulains s'entraîneront en petits groupes distincts, à huis clos, en suivant strictement les mesures d'hygiène et de désinfection prescrites. #DieFohlen pic.twitter.com/5BoGo44L75
— Gladbach (@borussia_fr) April 6, 2020
Comment se passe la relation avec ton club ?
Nous sommes en contact permanent, et pas seulement avec le Sportif. Tous les membres du club ont un compte sur une application, le coach et le président aussi. C’est là qu’on voit les messages importants, les consignes générales par rapport à l’actualité. C’est aussi là qu’on reçoit notre programme d’entraînement. Ça nous permet de ne rien louper d’important et d’être toujours connectés les uns aux autres.

Plus généralement, comment l'Allemagne traverse-t-elle cette crise sanitaire ?
Ce n’est pas la même situation qu’en France. L’État n’a pas décrété de confinement total. Certains magasins et restaurants ont fermé, mais pour le reste, tu peux sortir te promener dans les parcs, sans limite d’heure et sans remplir d’attestation. Comme les gens sont disciplinés et sérieux, tu ne vois pas beaucoup de monde dehors. Le message est de rester le plus possible à la maison, il est entendu.
« Je parle avec Malang, Wylan, Adri' »
Tu dois forcément suivre la situation de l'autre côté du Rhin...
Bien sûr, je regarde beaucoup ce qui se passe en France, ça ne doit pas être facile. J’ai toujours la famille et les amis au téléphone. Je parle aussi avec Malang (Sarr), Wylan (Cyprien), et même Adri’ (Tameze), pour qui c'est dur à Bergame. Autour de moi, les gens vont bien, mais il y a beaucoup de personnes infectées et c’est choquant de voir le nombre de victimes. J’espère de tout mon coeur que ça va s’arrêter le plus vite possible !
Avant cette trêve forcée, avec le Borussia, vous étiez dans le bon wagon...
En ce moment, ce n’est pas le plus important, il faut bien le dire. Par contre, évidemment, ça fait bizarre de couper une saison à ce moment-là. On arrivait dans « le money time », là où tout se joue. Il reste 10 matchs, les objectifs sont toujours là. On ne sait pas quand le championnat va reprendre, pour l’instant, la date annoncée est le 30 avril. On va voir et s’adapter.

Nous sommes 4 équipes à la bagarre pour la Ligue des Champions, avec le Bayern un peu devant pour le titre (4ème, Möchengladbach accuse 6 points de retard sur le leader bavarois, ndlr). Rien n'est joué. L’année passée, on avait loupé la qualification de peu, j’espère que là, ça va le faire.


Sportivement, je m’éclate (il a inscrit 8 buts et délivré 7 passes décisives en championnat cette saison). L’Allemagne, c’est quelque chose de fou, une culture différente. Les stades sont pleins, l’objectif d’un match est de marquer plus que l’adversaire, ça explose de tous les côtés, ça va vers l’avant. J’ai aussi eu l’honneur d’être appelé en équipe de France, ça m’a fait du bien et ça me donne envie de continuer.
C'est dans la lignée de tes belles performances à Nice...
J’ai commencé à Lyon, j’ai explosé à Nice... Le Gym reste mon club de coeur et comme nos matchs ne sont pas au même moment, je regarde beaucoup les Niçois jouer. Des fois, il y a un peu de nostalgie, la vie chez vous me manque, même si je ne regrette pas mon choix. Je devais passer pour les vacances, ça n’a pas pu se faire, mais je reviendrai dans pas longtemps. Prenez soin de vous et à bientôt !
Toujours tourné vers les autres...
La trace qu'Alassane Plea a laissée à Nice n'est pas seulement celle d'un joueur de talent : elle porte aussi le sceau du collectif et du coeur.
Parrain du programme Gym Solidaire pendant 3 saisons, l'attaquant fut également le premier footballeur de L1 à reverser d'une manière continue 1% de son salaire à des oeuvres caritatives, via le Fonds de Dotation du Club.
Rien d'étonnant, donc, à ce que l'international tricolore poursuive sur sa lancée en Allemagne. Depuis le début de la crise du Covid-19, tous les joueurs de Gladbach ont décidé de renoncer à une partie de leur salaire pour permettre aux autres salariés du club de conserver leur emploi.
« On sait que des clubs vont perdre beaucoup d'argent à cause de ce qui se passe en ce moment. Je pense que c'est quelque chose de bien de donner un petit pourcentage de son salaire. Ça peut faire du bien à certaines personnes. C'est la chose à faire. Quand tu donnes, tu recevras encore plus. C'est important d'être solidaire, surtout dans ces moments difficiles », avait-il confié en mars à RMC Sport.
Message du directeur sportif Max Eberl #COVID19 #DieFohlen pic.twitter.com/vhdkUt3vvn
— Gladbach (@borussia_fr) March 19, 2020
C.D.
Photo : IconSport
