Interview
Le derby de Khephren
Sa longue silhouette nous ferait presque oublier son âge. Pourtant Khephren Thuram est à peine majeur... Après avoir fait toute sa formation à Monaco, le milieu de terrain, qui aura 19 ans le 26 mars, a signé pro au Gym à l’été 2019. Depuis le début de 2020, il enchaîne (6 titularisations de rang) et prend de l’épaisseur. Avant le derby de samedi, il évoque son Nice – Monaco à lui : « Forcément un match particulier ».
Khephren, en tant que joueur du Gym, que représente Monaco pour toi ?
Un club où j’ai passé de très belles années et où je me suis fais beaucoup d’amis, dont certains seront peut-être en face samedi. Mais aussi, et surtout, un club contre qui je n’ai vraiment pas envie de perdre. Je n’ai pas joué l’aller. Si j’ai l’occasion de le faire ou d’être dans le groupe, ce sera une première. Je sais que les supporters seront chauds. Ça doit être quelque chose...

As-tu un Nice – Monaco qui t’a marqué ?
Celui où Nice a gagné 4-0, la deuxième fois (le 10 septembre 2017). Je me rappelle que j’étais au centre et que je regardais ce match, qui avait été super. Après, il y a aussi un Monaco – Nice, quand Monaco est champion. L’ASM avait gagné 3-0 (le 4 février 2017). Chaque fois que le match était au Louis-II, on y allait et le stade était plein.
"Nice était le meilleur choix : Je le pensais et je le pense toujours"
A titre personnel, quelles différences vois-tu entre les deux périodes, qui sont pourtant rapprochées dans le temps ?
Pour moi, une chose a vraiment changé : j’habite seul. A Monaco, j’en avais aussi la possibilité mais j’ai préféré rester au centre, ça me convenait mieux. Désormais, je suis un peu plus autonome, ce qui est une évolution logique. Je vis à Nice, pas loin du centre d’entraînement, parce que quand je suis arrivé, je n’avais pas le permis. Après, si on parle foot, ça reste 2 grands clubs français qui pratiquent un beau jeu. C’est toujours plus facile de s’adapter quand c’est le cas.


Tu fais partie des joueurs qui ont connu la Ligue des Champions avant la L1…
C’est ça, contre Dortmund (défaite 0-2 le 11 décembre 2018). Un souvenir incroyable. J’avais tous mes amis du centre de formation dans les tribunes et en plus j’avais des amis sur le terrain, comme Benoît Badiashile et Han-Noha Massengo.

Je me sentais super bien, mes coéquipiers m’ont mis à l’aise. J’ai eu beaucoup de chance de commencer par la Ligue des Champions. Ça allait vite. Très vite. Même si on avait perdu, je me sentais heureux.
A l’époque, si on t’avait dit qu’un an plus tard, tu serais au Gym avec 13 matchs de L1 au compteur à l'aube de la 28e journée, qu’aurais-tu pensé ?
J’aurais répondu : "Pourquoi pas ?" J’étais ouvert à tout, mais la chose importante, c’est que je ne voulais pas me mettre de barrière. Finalement, j’ai trouvé que Nice était le meilleur projet, donc j’ai franchi le pas. Je le pensais à mon arrivée, je le pense toujours. C’était le meilleur choix pour moi.
"En pro, il y a plus de tension"
On te sent monter en puissance au fil des matchs. Qu’en penses-tu ?
Je commence à enchaîner mais il ne faut vraiment pas s’enflammer, dire que j’ai passé un grand cap ou que j’ai fait quelque chose d’extraordinaire. Je dois garder la tête sur les épaules, ne pas penser plus loin que le match qui vient. Et surtout, il faut continuer à beaucoup travailler.
Qu’est-ce qu’il y a de différent entre une saison avec les jeunes et les pros?
Le rythme. En jeunes, tu ne fais pas forcément attention aux efforts qu’il faut fournir en dehors du terrain. Tu joues sans trop te poser de questions. En haut, tout va plus vite, les matchs sont beaucoup plus intenses, donc tu dois axer beaucoup de choses autour de la récupération. Tout est beaucoup plus sérieux car, autour, il y a plus de tension, ce qui est très bon. Si tu ne fais pas tout ce qu’il faut, ça ne pardonne pas.


Cette saison, tu as découvert l’Allianz Riviera...
Quelques minutes contre Reims (J12, 2-0). Et la première fois que j’y ai débuté un match, c’était il y a peu, contre Lyon (J22, 2-1). Nous avions perdu contre eux en Coupe de France quelques jours avant (1-2), nous avions à coeur de gagner chez nous et nous avons réussi. Quand on voit ce genre de matchs, on peut se dire qu’on a la qualité pour accrocher les places du haut. Ce qui fait la différence, c’est la constance. Les équipes comme Lyon – même si cette année, c’est peut-être moins le cas – sont toujours là, gagnent même quand elles sont moins bien. Au-delà des qualités, si on arrive à être constants, on peut faire une belle fin de saison. Il reste 11 matchs. Tout est possible.
C.D.
Photos : A.D., J-M.P. / IconSport
