Interview
Chien Lee : « Des ambitions élevées »
Ses interventions médiatiques se comptent sur les doigts d’une main. Actionnaire et président du conseil de surveillance de l’OGC Nice depuis juin 2016, Chien Lee s’est confié aux médias du club, en marge de la victoire face à Strasbourg et alors qu’une nouvelle équipe dirigeante est désormais en place.
Vous êtes président du conseil de surveillance depuis plus de deux ans et demi. Quel regard portez-vous sur la période écoulée ?
Je suis tellement content que nous ayons fait cet investissement dans l'OGC Nice. C'est l'un des meilleurs clubs du championnat de France, il dispose de superbes infrastructures, il peut s'appuyer sur un très bon personnel et une très bonne équipe.
Quelles ont été vos plus belles satisfactions ?
Quand nous avons terminé à la 3e place dès notre 1re saison ici et que nous nous sommes qualifiés pour la Champions League. Extraordinaire. Ensuite, l'hymne la Champions League fut un moment très spécial pour tout le club, les supporters et la ville.
Avant de vous engager, vous étiez aussi dans les tribunes lors de la qualification européenne face à St Etienne (2-0) en mai 2016. Quel souvenir gardez-vous de cette soirée ?
J'ai vu ce match et cette passion dans les tribunes, l'atmosphère ce jour-là, les joueurs, tout le club,… Ce fut un moment magnifique. Assurément, il a joué un rôle dans ma décision de m’engager ici.

Nous avons évoqué les satisfactions. A contrario, quelles furent les déceptions les plus marquantes ?
Nous avons eu beaucoup de succès jusqu'ici par rapport à ce que nous avions planifié. Mais nous n'avons pas encore tout accompli à 100%. Et bien sûr, c'est normal. Au global, nous sommes satisfaits de ce que nous avons fait jusque-là dans le cadre de notre investissement.
Est-ce qu’à un moment vous avez regretté votre choix d’investir à Nice ?
Absolument pas. Jamais.
« Nous n'avons pas planifié notre départ »
Vous dites souvent que vous êtes là pour la durée. Est-ce qu’on peut imaginer que vous serez encore là dans 5 ans par exemple ?
Nous n'avons pas planifié notre départ. C'est un investissement particulier pour moi. Ce pourrait être encore plus long que ce que l'on peut imaginer. 5, 10 ans, peut-être plus. Le but, c'est vraiment d'être ici sur le long terme.
Qu’est-ce qui vous plait à l’OGC Nice ?
J'aime la ville de Nice, sa culture, l'identité du club, son ADN, ses fondations,... Eh puis, les Niçois me mettent tellement à l'aise. Quand je viens à Nice, je me sens comme chez moi, comme au sein d'une famille. C'est très spécial pour moi.
Vous n'accordez quasiment jamais d’interview. Pourquoi ?
Si le besoin s'en faisait sentir pour soutenir le club, je le ferais. Mais, ce n'est pas le cas, ce n'est pas nécessaire. Donc il n'y a pas de raison particulière. C'est juste mon style. Je ne cours pas après les interviews.
Vous êtes par contre présent sur Twitter. Quelle relation y entretenez-vous avec les supporters ?
Je reçois beaucoup de retours. Du positif, et parfois des commentaires négatifs. C'est normal, je le comprends. Et c'est une bonne chose d'être connecté aux supporters. J’ai envie d'entendre ce qu'ils ont à dire. Le bon comme le mauvais. Je suis quelqu'un ouvert d'esprit, je suis à l'écoute de toute suggestion. Nous pouvons mieux faire encore. Alors si nous pouvons améliorer quelque chose par ce biais, nous le ferons.
En France, il y a de plus en plus d’actionnaires étrangers. Il y a parfois du scepticisme quand on ne comprend pas les intentions qui les poussent à investir. Vous, pourriez-vous nous expliquer concrètement ce qui vous à incité à devenir actionnaire de l’OGC Nice ?
Quand je suis venu à Nice avant d'investir, j'ai aimé ce que j'ai vu d'un point de vue sportif, mais j'ai également regardé la partie business. Nice a de très bonnes bases dans tous les domaines. Le club, son organisation, sa stratégie, mais aussi ses infrastructures.
Au départ, et comme vous êtes dans l’hôtellerie, on a pu penser que vous pouviez avoir des intérêts touristiques. Fait-on fausse route ?
Mes partenaires et moi-même sommes effectivement notamment dans l’hôtellerie et le tourisme. Donc c'est l'un de nos objectifs à titre personnel. Nous avons travaillé là-dessus et nous continuons de le faire. Nous avons par le passé fait venir un sponsor du monde du tourisme, et de temps en temps nous avons des groupes venus de Chine, et plus largement d'Asie qui viennent visiter la ville, assister au match,... Nous avons aussi des jeunes footballeurs qui s'entraînent en Chine et que l'on fait venir ici à Nice pour des stages de découverte. Cela fait partie de nos opérations.
Elles vous satisfont ?
Oui, et nous allons continuer d'améliorer ça. Pour la Chine, mais aussi pour différentes régions. Nous regardons le marché américain également. Le football y devient très populaire. Nous travaillons sur un programme pour développer encore plus le tourisme depuis les Etats-Unis. Et là-aussi, avec des jeunes joueurs qui viendraient sur nos installations pour s'entrainer et se perfectionner, tout en découvrant la région.
« Des passerelles avec Barnsley ? Seulement si elles sont bénéfiques aux deux clubs »
Vous êtes aussi actionnaire de Barnsley (League one). Avez-vous pensé à des passerelles ? Ou bien les 2 sujets sont totalement déconnectés ?
Nous regarderons s’il y a des opportunités. Mais nous ne mettrons en place des synergies que si nous sentons que nous pouvons fonctionner ensemble et que si elles sont bénéfiques aux deux clubs, qu'ils sont tous les deux gagnants.
Vous utilisez régulièrement le terme « améliorer ». Pour vous quels sont les domaines qui doivent être améliorés en priorité, au-delà des résultats sportifs ?
Tout est une priorité. Disons que du côté commercial, nous pouvons faire mieux pour augmenter les ressources. Le sponsoring, la billetterie, le merchandising,…, il y a beaucoup de sujets. Et la volonté est de toujours progresser.
« Gauthier n’est là que depuis un mois, et il a déjà renforcé notre organisation »
Vous avez nommé Gauthier Ganaye pour remplacer Jean-Pierre Rivère. Qu’est-ce qui vous a séduit dans son profil ?
Nous avons une grande confiance en Gauthier (Ganaye). C’était le premier français à la tête d'un club anglais. Il était aussi le plus jeune président en Angleterre. Et aujourd'hui, je pense qu'il est aussi le plus jeune président dans l'histoire du championnat de France. Pour autant, il a une expérience fantastique sur les plans sportif et financier, il est juriste de formation. Cela lui confère de la crédibilité. Il est parfait pour mener les opérations au quotidien. Je crois en lui. Nous sommes très heureux de la nouvelle équipe en place*. Elle va nous faire franchir une nouvelle étape.
Certains pointent sa jeunesse comme un défaut. Et vous ?
Je ne suis pas d’accord. La jeunesse c'est l'énergie et l'ouverture d'esprit. Jeune ne veut pas dire qu'il n'a pas d'expérience. J'ai travaillé avec lui par le passé à Barnsley, il y a fait un travail fantastique. Il a de l'expérience. Absolument.
Certains pensent que vous l’aviez déjà intronisé à Barnsley. Alors qu’il y était avant vous…
Oui, il était là-bas avant moi. Il a progressé, étape par étape. Il a du talent, il a saisi sa chance. C'est une suite logique de le voir aujourd'hui prendre la présidence de Nice.
Est-ce qu’il aura le temps et l’autonomie nécessaires pour agir et mettre en place ses idées ?
Oui. Le conseil de surveillance et moi-même sommes derrière lui à 100%. Nous croyons en lui. Il est malin, intelligent. Je pense qu'il dirigera le club pendant une longue période et nous entrainera vers le succès.
Regardez, il n’est là que depuis un mois. Et il a déjà commencé à renforcer le club sur le plan organisationnel. Nous avons un nouveau directeur des opérations commerciales (Louison Auger, ndlr) et un nouveau directeur technique. Beaucoup de gens apprécient Gilles (Grimandi) en France, à Nice.
« Gilles (Grimandi) est un véritable atout »
Quel va être l’apport de Gilles Grimandi ?
C'est un véritable atout pour notre organisation. Il va beaucoup lui apporter, pour notre projet avec les jeunes joueurs ainsi qu’à la cellule de recrutement. Ce sont des sujets sur lesquels nous devons avoir la meilleure organisation possible. Cela compte à nos yeux. Et le dernier point c'est le fait qu’ils se connaissent depuis longtemps avec le coach. Ils ont gagné ensemble en Angleterre. Son entente avec Patrick est un facteur important. Tout le monde connait le parcours de Gilles, son exceptionnelle expérience et ses réussites à Arsenal sur la durée.
Comment allez-vous fonctionner lors du prochain mercato ?
Il y aura Gauthier, Patrick, Gilles. Et bien sûr l'actionnariat sera impliqué. Nous serons tous ensemble pour prendre les bonnes décisions.
Après une période agitée, il est nécessaire de retrouver la plus grande stabilité…
Nous avons des objectifs, être à un certain niveau, nous assurer d'y rester, et toujours essayer d'aller plus haut encore. Mais pour cela, nous devons assurer une certaine stabilité. C'est important.
Avez-vous un club modèle, dont l’OGC Nice doit s’inspirer ?
Nous pourrions dire Lyon. Ce pourrait être un modèle dont on pourrait tirer des enseignements. Mais, en fait, beaucoup de clubs sont de bons modèles. Je veux apprendre de différents clubs, savoir pourquoi ils rencontrent le succès. Pas seulement un ou deux. Je veux apprendre de tous ceux qui ont accompli un superbe travail et ont connu des réussites. En France comme à l’étranger.
« Tous les revenus seront réinvestis dans le club »
Lors de votre dernière conférence de presse, vous avez affirmé que tout l’argent avait été réinvesti dans le club. Est-ce que ce sera encore le cas l’été prochain ?
Absolument. C'est dans la continuité de notre politique. Tout l'argent, les revenus, le sponsoring,... sera encore réinvesti dans le club.
A quel type de mercato peuvent s’attendre les supporters ? Le président Ganaye a indiqué que l’OGC Nice serait actif.
Nous le serons. L'équipe est déjà au travail. Aujourd'hui, c'est trop tôt pour en parler, mais nous avons des objectifs. Aux supporters, je dis « wait and see » (« attendez et jugez sur pièce »).
Nous parlions de votre communication sur twitter. Lorsque vous tweetez, et peu importe le sujet, les réponses des supporters portent presque systématiquement sur le mercato à venir. C’est quelque chose que vous comprenez ?
Absolument. Durant le mercato, nous visons certains joueurs et nous faisons de notre mieux pour concrétiser nos objectifs. Mais ce n'est pas toujours possible, car cela dépend de beaucoup de paramètres. Est-ce que le joueur est libre ? souhaite-t-il nous rejoindre ? etc. Tout un ensemble de choses sont à réunir pour accomplir ce que nous nous fixons.
« Jeune, ça ne veut pas dire mauvais, ni inexpérimenté »
Il est beaucoup question du recrutement et de la progression des jeunes joueurs. Qu’est-ce qui vous plait dans cette approche ?
J'aime cette politique parce qu'il faut donner aux jeunes l'opportunité de jouer, de progresser. Et beaucoup d'entre eux ont déjà du talent. Les meilleurs joueurs ont tous commencé jeune.
Jeune, ça ne veut pas dire mauvais, ni inexpérimenté. Ce n'est pas comme ça que je vois les choses. Je soutiens cette stratégie. Nous allons nous focaliser dessus, avec le centre de formation.
Un mélange entre jeunes joueurs et cadres est-il nécessaire ?
Nous visons toujours un équilibre. Nous en avons besoin. Le coach, l'équipe de direction, la cellule de recrutement, avons tous la même stratégie.
Comment jugez-vous la première saison du coach Vieira ?
Patrick est fantastique. C'est un bel atout pour le club. Nous nous parlons beaucoup. Entre nous, ce n'est pas seulement professionnel. Notre relation est aussi devenue plus personnelle, amicale. Il fait un travail remarquable pour sa première saison. Nous apprécions beaucoup ce qu'il a fait jusqu’ici. Et nous continuerons de travailler avec lui pour faire progresser le club.
« Nous ferons toujours de notre mieux pour faire progresser le club »
Quel sera l’objectif de la saison prochaine ?
Pour la fin de saison comme pour la prochaine, notre objectif est toujours le même. Nous avons des ambitions élevées. Nous visons d'être dans la partie supérieure du tableau, et faire de notre mieux pour essayer de nous qualifier pour la coupe d'Europe. Nous ne pouvons pas y parvenir chaque année, c'est compréhensible, mais nous devons essayer. Si tu ne le fais pas, tu ne réussis jamais. Cet état d’esprit doit nous animer en permanence. Si nous faisons de notre mieux et que malgré tout ce n'est pas possible, nous comprenons. On apprend, on progresse et on redoublera encore d’efforts l'année suivante.

Les supporters ?
Ils sont derrière le club depuis si longtemps. A Nice, ce n'est pas que les supporters sont attachés à l'identité du club, c'est qu'ils en font partie. Je l'ai toujours dit, le club appartient à la ville, aux supporters et aux habitants de Nice. Mon message est donc un remerciement pour leur soutien. Et leur dire que nous faisons de notre mieux pour faire progresser l’OGC Nice, étape par étape.
Un dernier mot ?
Je souhaite aussi remercier toutes les composantes du club. Sans les employés, les joueurs, le staff,… il n'est pas possible de rencontrer le succès aujourd'hui ou demain. Beaucoup d'employés du club sont là depuis longtemps, certains depuis 20 ans, beaucoup depuis plus de 10 ans. Ils considèrent le club comme leur famille et sont très investis. Du très bon travail est fait au sein de l’OGC Nice. J'en suis très heureux et je veux remercier tout le monde au club. Je regarde vers l'avant, avec une vision collective du travail, comme une famille, pour continuer de faire franchir des étapes au club.
* Lors du dernier conseil de surveillance, Gauthier Ganaye est devenu président de l'OGC Nice et Claude Li, directeur général, après les départs de Jean-Pierre Rivère et Julien Fournier. Gilles Grimandi a été nommé mardi directeur technique.
