Marseille - Nice

« Le meilleur match, au meilleur moment »

Ultime rempart et ciment du vestiaire, Yoan Cardinale (23 ans, 33 titularisations cette saison) rayonne dans un groupe ayant bâti un parcours historique. Dimanche, le natif de la Ciotat retrouvera sa région d'origine pour un Marseille - Nice plein de feu. Là où il n'a jamais évolué en tant que professionnel et où il compte bien entretenir un fol espoir...

« Je suis Niçois, et je vais tout faire pour que l'OGC Nice s'impose à Marseille »

Yoan, êtes-vous descendus de votre nuage ?
Oui, ça y est. On a bien profité de dimanche soir et de notre journée de repos de lundi, en refaisant sûrement le match une dizaine de fois chacun, et à partir de mardi on s'est remis au travail. Quand on y repense, c'est une grosse satisfaction, une soirée énorme. Toute l'équipe a fait un grand match, le stade était plein, le public excellent. Tu fais du foot pour vivre ces moments-là et quand tu les gagnes, c'est encore plus beau. Mais bon Paris, maintenant, c'est du passé. On ne pense qu'à ce match de Marseille.

Un Marseille – Nice à 3 journées du terme de la saison, est-ce encore plus excitant ?
Il ne pouvait pas y avoir un meilleur match à un tel moment ! Gagner Paris, sortir de cette euphorie pour retourner dans un derby là-bas, il n'y a rien de mieux. Ce match, il vient à point nommé.

Toi qui es né à la Ciotat, qu'est-ce que tu ressens avant d'aller défier l'OM au Vélodrome ?
Je n'y ai jamais joué. C'est le seul stade de L1 que je n'ai pas fait, alors que c'est celui que j'ai peut-être le plus envie de faire. En plus j'ai joué pour l'OM étant jeune...

Ces jeunes années te reviennent-elles en tête à quelques jours du match ?
Forcément, j'ai évolué là-bas, j'ai été ramasseur de balle au Vélodrome, donc pouvoir jouer dans ce stade immense serait un énorme plaisir. Surtout que toute ma famille et mes amis sont issus de la région. On commence à s'appeler, ça fait déjà 3 semaines. Pour moi, c'est LE match.

Et que te disent-ils quand ils t'appellent ?
Qu'il faut que Marseille gagne, que je dois laisser passer des buts, et patati, et patata (rires)... Moi je n'ai pas du tout cette mentalité. Je suis Niçois, et je vais tout faire pour que l'OGC Nice s'impose à Marseille.

Qu'est-ce que tu penses de l'OM 2016/2017 ?
C'est une très bonne équipe avec un très bon projet. Ils sont bien revenus sur l'année 2017 avec leur nouveau coach, ils ont un jeu plus porté vers l'offensive, mettent énormément de buts – comme on a pu le voir le week-end dernier à Caen (victoire 5-1). Il faudra être très vigilants.

Nice qui se déplace à Marseille avec 22 points d'avance, assuré d'être sur le podium : si tu avais raconté ça il y a 10 ans, on t'aurait pris pour un fou...
Et il n'y a pas que moi. Tous les Niçois m'auraient dit que je raconte des trucs impossibles. Aujourd'hui, on ne va pas dire que c'est normal, car 22 points c'est énorme, mais Nice est devant l'OM et c'est largement mérité.

Cette avance comptable fait-elle de vous des favoris ?
Je ne sais pas. Moi j'aime bien être dans la peau de l'outsider, quand on n'est pas attendus et qu'on dit : « Ils sont allés gagner là-bas alors que ce n'était pas prévu ». Ça signifie que nous avons réalisé une belle performance. Si tu es favori, c'est autre chose, même un nul, c'est une contre-performance.
 

"J'essaie de rester fidèle à mes valeurs, un peu comme le club"


Quand on est né dans la région et qu'on y a fait toutes ses classes, ces derbies possèdent-ils un parfum différent ?

C'est toujours un bonheur de les jouer, surtout que c'est assez chaud. J'espère que nos supporters pourront accéder au Vélodrome, j'ai vu qu'ils avaient déposé un recours contre l'arrêté préfectoral. Je ne sais pas si ça a été confirmé ou s'ils vont être autorisés, mais j'espère qu'on pourra fêter la victoire avec eux à Marseille.

Quels souvenirs gardes-tu du match de la saison dernière ?
Comment peut-on ne pas se rappeler du départ ? C'était un truc de fou, un truc qui te fait partir d'ici encore plus à bloc ! Sportivement, ce match était arrivé beaucoup plus tôt dans la saison. Là, on est assurés d'être dans les 3 : est-ce que, si on est amenés à gagner, ça va avoir la même saveur que l'an dernier ? Peut-être que oui, mais je ne sais pas.

C'est-à-dire ?
L'année dernière, c'était plus ou moins une surprise. Cette saison il fallait confirmer et on s'est mis à gagner très tôt, on a enchaîné. Après la victoire à St-Etienne, par exemple, nous n'avons pas eu d'accueil de feu comme ce fut le cas lors de la précédente, peut-être que c'est significatif. Les supporters se disent qu'on gagne et que c'est normal, alors que l'année dernière, c'était un exploit. Ça veut dire que le temps passe.

Le temps passe et... Paris reste dans le viseur !
Ça nous porte. Quand tu réalises un parcours comme le nôtre, tu ne vas pas te priver, à 3 journées de la fin, de regarder le classement du PSG. Ce serait très bête. Après, honnêtement, on ne se prend pas la tête avec ça. On ne se dit pas qu'il faut qu'on finisse 2e parce qu'on sait que ça va être très dur, il faut 2 faux pas de Paris et un sans-faute pour nous. Mais bon, en football, on ne sait jamais ce qui peut arriver.

T'arrive-t-il de songer à la trace que le Gym actuel va laisser dans l'histoire du club ?
Nous n'avons pas le temps d'y penser, mais après match et après coup, on se dit effectivement qu'on sera dans l'histoire du Gym. Nous sommes déjà dans l'histoire de la L1, parce que ce que nous faisons – être 3es avec 77 points – ça ne s'est jamais vu.


On a l'impression qu'on entendait déjà ça la saison passée...

J'en ai parlé avec Valentin Eysseric. Il n'était pas là l'année dernière (prêté à St-Etienne), mais tout le monde disait qu'on faisait une saison magnifique et... on avait fini avec 63 points. Cette année, on en a 77 à 3 journées de la fin, on peut potentiellement finir à 86. C'est une saison énorme, mais on ne se rend pas bien compte de ce qu'on est en train de faire.

Gagner serait-il devenu normal ?
Je ne vais pas dire ça. Mais c'est vrai que la défaite, on n'en a plus l'habitude et, quand on remporte beaucoup de matchs, on y prend goût car on a une équipe de compétiteurs, c'est ce qui nous tire vers le haut.

Sur le plan personnel, cette 2e saison en tant que n°1 s'inscrit dans la lignée de la précédente.
La barre a été mise plus haute mais c'est toujours aussi beau. Après, c'est un peu plus dur, parce que la 1ère année, on a dit : « Il a fait une bonne saison et maintenant, il va falloir qu'il confirme ». La confirmation est ce qu'il y a de plus difficile dans le foot. Cette année, j'ai tout fait pour essayer de montrer à tout le monde que je pouvais être le gardien de cette équipe là. J'ai fait tout mon possible et je continuerai à le faire pour les 3 dernières journées.

Ton rôle dans le groupe a-t-il changé ?
J'ai toujours été quelqu'un d'impliqué, dans tout ce que j'entreprends dans la vie. Et dans le vestiaire, je suis toujours au coeur « des conneries », comme avant. D'ailleurs, ce qui fait la réussite de cette équipe, c'est que tout le monde accepte « les conneries » des autres et qu'on se régale ensemble.

Cette permanence, c'est plutôt bon signe, non ?
Ça veut dire que je n'ai pas pris la grosse tête, que je ne me suis pas enflammé et que je suis resté le même avec mes valeurs, mes principes et mes défauts. C'est ça qui me fait avancer, ça et une remise en question permanente. J'essaye de rester fidèle à ce que je suis, un peu comme le club. On peut même dire que j'essaye d'être à son image (sourire).

C.D.