Alain Marschall (RMC)

« Quand je parle du Gym, ça vient du coeur »

Le ton se fait accueillant dès que la conversation s'engage. « Désolé, mais quand je parle du Gym, ça vient du coeur, je me mets à l'intérieur du club. C'est pour ça que je dis souvent "nous" »... Au bout du fil, Alain Marschall a l'échange facile. Le ton rieur. La parole accueillante et prompte à s'interrompre pour batailler. « Moscato et Charvet me chambrent en me disant que j'appartiens au gang des Niçois. Ils me conseillent de me calmer avec le club parce que ça ne va pas durer. » Journaliste politique à RMC et BFM TV, le Niçois expatrié dans la capitale troque volontiers le costume pour les crampons. Surtout avant un Paris – Nice qui met tout un peuple en ébullition...

"Qui sait, peut-être que Nice sera le François Fillon de la L1..."

Vos « chers Aiglons » se préparent à défier l'ogre parisien ce dimanche, qu'est-ce que ça vous inspire ?
Les matchs contre Paris, le club de la capitale, sont toujours particuliers pour nous. Le Parc est un endroit mythique. A moi, il me ramène aussi 20 ans en arrière, au soir où on a levé notre dernière Coupe de France, contre Guingamp. J'y étais, comme beaucoup de Niçois, quel bon souvenir ! Et puis aller défier le Paris européen en étant leader, c'est juste top... Même si on va retrouver Hatem qui aurait dû rester chez nous.

Comment expliquer cet amour qui vous lie au club rouge et noir ?
Je suis né à Nice, issu d'une vieille famille niçoise (les Saïoni), je me sens profondément Niçois ! L'OGC Nice, c'est le club de ma ville, le club de mon coeur. En 1972, j'avais 9 ans la première fois que je suis monté au Ray. Depuis, j'y suis toujours retourné. J'ai vu les descentes en 2e division, les remontées, j'ai pleuré après la finale de Coupe de France perdue contre Nancy, j'ai vibré pour des Cannes-Nice, des Nice-Bastia, des Marseille-Nice... C'est comme ça depuis tout petit.

Vivre le début de saison actuel en gardant tout ce qui s'est passé dans un coin de votre tête doit avoir une saveur particulière...
Le fait d'être leader, évidemment, ce n'est pas anodin. Le travail fourni par le président Rivère, par Lucien Favre, la politique du club : tout entre en compte. Mais bon, il faut que chacun reste à sa place. Je ne vais pas entrer dans l'analyse du club ou du travail effectué par les uns et les autres. Moi, je suis juste un supporter. Et un supporter qui se régale...

Des contacts, des tacles, des victoires, des désillusions : les passerelles entre le foot et la politique semblent toutes trouvées ?
Si on y réfléchit, ce n'est pas faux. Les deux mondes sont sûrement aussi impitoyables l'un que l'autre. Sur le terrain, il y des tacles par derrière, de la stratégie, des joueurs que l'on ne voit pas arriver, qui déboulent et qui s'imposent... Qui sait, peut-être que Nice sera le François Fillon de la L1 ? Personne n'aurait pensé qu'il s'imposerait au départ, et puis on a bien vu ce que ça a donné à l'arrivée. Ça prête à réflexion...

Qu'est-ce qui est le plus intense à vivre : une soirée électorale ou un bon match ?
Emotionnellement, un match du Gym (rires). Surtout si c'est contre Marseille ou Monaco, car tu finis vraiment épuisé...

Qu'est-ce qui est le plus dur à gérer ?
Là encore, je vais dire un de nos matchs ! Lors d'une soirée électorale, je dois être pro, mesurer mes propos. C'est du travail. Par contre, quand je pars au stade avec mes amis, rien n'est maîtrisé. On dit souvent n'importe quoi, on se lâche. Le foot appelle les émotions et la passion. Quand on est supporters, on vit des moments intenses.

Vous avez tweeté : « Si Manuel Valls dit : Vive la République, Vive la France, et Allez Nice, je voterai pour lui ». Gardez-vous toujours espoir ?
J'attends... D'ailleurs, si un jour il vient dans l'émission, je lui demanderai de dire un bon « Allez Nice ! » Mais c'est un supporter du Barca, il est habitué aux bonnes choses...

 

"Une petite victoire, Comme ça on assure le maintien..."

Vous partagez votre temps entre Paris et Nice. Comment faites-vous pour cultiver des habitudes dans ces deux mondes si différents ?
Il ne faut pas les opposer car ils sont tous les deux magnifiques. Pour moi, Paris, c'est le tourbillon, le boulot, mais j'aime beaucoup la ville. Il ne faut pas qu'elle te bouffe et il ne faut pas en avoir peur. Je fais la différence lorsque je descends chez moi. Nice, c'est mon univers, là où je rentrerai quand je ne travaillerai plus. Mais je conseille à tous les Niçois d'avoir une carrière à Paris avant de retrouver leur ville avec amour...

Ces deux villes ont malheureusement été marquées par de tragiques événements à 8 mois d'écart. Le ballon, ça sert aussi à oublier ?
A faire en sorte que les gens passent de bons moments ensemble. Il faut vivre, continuer à aimer la vie, à aller au stade et à se faire plaisir. Sans jamais oublier ceux qui sont tombés ni la menace qui persiste.

700 Niçois sont attendus dans le secteur visiteur du Parc. Les Expats' vont se sentir un peu moins seuls ce dimanche.
Je serai de tout coeur avec eux. De mon côté, il y a 90 % de chance que je sois présent au Parc...

Un pronostic ?
Une victoire de Nice 2-1. Comme ça elle nous permettrait d'assurer le maintien...

C.D (Crédit photo : Nice-Matin)