Focus
Dante, une vie de derbies
Les bonnes choses s'apprécient à toute époque. Le temps en modifie simplement la saveur et l'approche. Une boule ou la rage au ventre – ou bien les deux -, les derbies s'observent avec ferveur et se disputent intensément. Que l'on sorte du centre de formation ou que l'on ait remporté la Ligue des Champions. International brésilien à l'expérience extra-large, Dante vivra son premier Nice – Marseille dimanche, à 32 ans. L'occasion de faire plus ample connaissance avec le défenseur central à travers les duels régionaux ayant jalonné son parcours.
« A 18 ans, tu as froid au ventre »
Une demi-finale de Coupe du Monde. Une victoire dans la plus belle compétition de clubs de la planète. Des titres nationaux à la pelle et l'habitude des sommets. En 14 ans de carrière pro, plus grand chose n'impressionne l'homme à la coupe afro. Toute histoire débute pourtant par une introduction. Celle du grand Dante s'amorce dans son pays d'origine et commence par un frisson. Alors que sa longue carcasse n'est pas aussi épaisse et que sa carrière n'en est qu'à ses premiers soubresauts, « piccolo » Dante connait l'épreuve du feu dès qu'il arrive en séniors. En l'occurrence un bouillonnant « Juventude / Caxias ». « C'est dans la même ville, explique le numéro 31 du Gym. Les stades sont séparés par 2 km. C'était vraiment une ambiance très chaude, parfois même violente... J'avais 18 ans, c'était mon 2e match en pros. Quand tu rentres sur le terrain, tu as froid au ventre. Mais cette adrénaline, je l'aime beaucoup. Dans les derbies, il y a toujours quelque chose en plus ! »
Après la moiteur brésilienne, le jeune homme de 20 ans découvre rapidement les guerres de voisins européennes. Un Lille – Lens à son arrivée en France, bien au froid. « Pas une rigolade quand tu débarques à Bollaert », sourit-il avec recul. Puis une rivalité entres frères ennemis ayant fait couler beaucoup d'encre un peu plus au Nord, en Belgique, quand il migre à Charleroi (saison 2005 / 2006). « Charleroi – Standard (photo ci-dessus), ça ne blaguait pas, ce ne sont vraiment pas des amis. Il y a 40 minutes d'une ville à l'autre, mais je peux dire que c'était quelque chose de spécial. En plus, je l'ai connu des deux côtés après mon passage au Standard. Les supporters de Charleroi n'étaient pas très contents, mais je n'ai aucun regret. J'étais content de partir là-bas... »
« Gladbach – Cologne, c'est au-delà du football »
Derrière la joie débute une moisson de titres. La Belgique devient rapidement trop petite. Le phénomène Dante s'exporte en Allemagne, au Borussia M'Gladbach. L'exigence monte d'un grade. La pression se fait plus forte. Les derbies plus chauds. « Contre Cologne..., rembobine l'homme qui ne se défausse jamais de son sourire, c'était au-delà du sport. » Y compris par temps de pluie. « Mon plus grand souvenir ? Au début de la saison 2010 / 2011. On n'était pas bien du tout quand l'heure du derby a sonné. Nous nous sommes déplacés à l'extérieur, et finalement, nous avons gagné 4-0. C'était de la folie, un truc extraordinaire. Après ça, tu es en pleine confiance, les supporters sont très contents et peuvent chambrer ceux d'en face, ta saison est lancée. C'est toujours comme ça et c'est pour ça que ce genre de match est capital. »
La progression du bonhomme ne s'arrête plus, puisque le Bayern Munich le recrute à l'été 2012. Le palmarès gonfle toujours et les joutes 100 % bavaroises face « à Nuremberg, Augsburg, et Munich 1860 » se présentent à lui. Pourtant une autre affiche attire la lumière du monde entier : celle opposant les maîtres de l'Allemagne à leur concurrent historique : le Borussia Dortmund. Un sommet tellement haut perché qu'il fait figure de finale de la Ligue des Champions 2013 (remporté 2-1 par le Bayern). Cette super-production ne répond pourtant pas à la même logique que les rencontres précédemment citées. « Non, ce n'était pas la même chose, abonde Dante. Peu importe le pays, la ferveur des derbies se ressemble. Là, on était plus dans l'affrontement de deux immenses clubs que dans la rivalité régionale... »
Le Nice – Marseille qui arrive dimanche se trouve, pour sa part, dans la seconde catégorie. « J'en ai déjà entendu parler, bien évidement. Ça fait plaisir de découvrir aussi un derby ici, et surtout à la maison, à 20h45 sur Canal+. Tout le monde sera devant. Ce sera forcément à part. A nous d'être performants ! »
Une échéance que le joueur abordera sûrement avec le ventre un peu moins froid que 14 ans auparavant...
C.D.
