Interview

Papy Mendy : « Merci »

Fraîchement arrivé à Leicester, Papy Mendy (24 ans) s'apprête à relever un nouveau défi de taille : s'imposer chez le champion d'Angleterre. Malgré un emploi du temps chargé, le désormais ex-capitaine du Gym a accepté de revenir sur son expérience niçoise, son évolution et ses perspectives.

Papy, 3 ans après ton arrivée, voilà que tu quittes le Gym...
C'est ça. Sportivement, la saison dernière a été très réussie, on s'est régalé avec le groupe, tant sur le terrain qu'humainement. Même si l'OGC Nice va continuer de grandir et que le club a de l'ambition, le président m'avait dit qu'il me laisserait partir si un beau challenge se présentait à moi et que c'était intéressant pour tout le monde. Il a tenu sa parole, je l'en remercie.

Perdre le joueur le plus utilisé depuis 3 ans n'est jamais facile pour un groupe...
Je ne me fais pas de souci pour l'équipe. A chaque début de saison que j'ai fait, Nice a perdu de bons éléments, et à chaque fois, d'autres très bons sont arrivés. Le travail de la cellule de recrutement et de tout le club est à saluer, je suis sûr que tout se passera bien à l'avenir.

En signant à Nice, quels étaient tes objectifs ?
Gagner du temps de jeu, m'affirmer en L1, franchir des paliers. Le tout dans un environnement que je connaissais bien, vu que je viens de Toulon et que j'ai été formé à Monaco. Le discours du président, de Julien Fournier (Directeur Général) et du coach Puel m'avait séduit d'entrée. Je savais qu'on me ferait confiance, malgré mon jeune âge. J'ai eu beaucoup de temps de jeu, il s'est passé des tas de choses sur le terrain et à côté. Ça m'a permis d'évoluer en tant que joueur et de mûrir dans ma vie d'homme. Maintenant, je me sens prêt à relever un nouveau défi.

"Partir dans de telles conditions est une sacrée fierté"

T'attendais-tu à une telle progression ?
Franchement, je ne me pose pas ce genre de question. Quand tu es joueur, la seule chose qui t'importe, c'est le terrain, l'entraînement qui vient, le match du week-end. Je n'aime pas me projeter trop loin. Je savais seulement que je devais beaucoup travailler au quotidien pour avancer. C'est ce que je me suis appliqué à faire.

Que retiens-tu de ces 3 saisons en rouge et noir ?
Il y a tellement de choses... Quand je suis arrivé, le club restait sur une 4e place mais venait de louper la qualification en Europa League. Les deux premières saisons ont été un peu difficiles, mais personne n'a lâché. Ça a finalement fini par payer et Nice s'apprête à retrouver l'Europe. Partir dans de telles conditions est une sacrée fierté pour moi. Dans le jeu, dans le vestiaire, au stade, on a vraiment vécu des choses intenses. Ça restera gravé à jamais.

Comment t'es-tu vu évoluer, dans le jeu et en-dehors du terrain ?
Je ne suis peut-être pas le mieux placé pour répondre à ça. (Après réflexion) Dans mon jeu, je dirai que j'ai réussi à acquérir beaucoup de régularité. Le fait de pouvoir enchaîner tous les week-ends, de sentir qu'on compte sur toi même si tu es jeune, c'est tout simplement bon. Ça favorise ta progression. Après, sur le terrain, que ce soit à 2 récupérateurs (comme les premières années) ou seul en sentinelle, j'ai toujours essayé de donner le meilleur. Sans jamais me prendre pour un autre.

Cette régularité s'est rapidement matérialisée par le brassard de capitaine, un rôle que tu as endossé à... 21 ans !
Je ne m'attendais pas forcément à avoir de telles responsabilités. Mais bon, quand ça t'arrive, tu prends avec plaisir, car c'est une grande marque de confiance. L'année dernière, on avait le groupe le plus jeune d'Europe, encadré par quelques éléments d'expérience. Le club n'hésite pas à lancer des joueurs très tôt, du coup, tu apprends forcément plus vite. Même avec le brassard, j'ai essayé de rester moi-même. Je ne suis pas du genre à crier où à m'emballer. J'ai vécu ça avec honneur et sérénité.

"Je me suis rendu compte de ce que les joueurs représentaient... "

Et en-dehors du terrain ?
C'est un peu la même logique : tu apprends et te construis constamment. A Nice, par exemple, je me suis rendu compte de ce que le club et ses joueurs représentaient pour les supporters et, plus largement, pour les Niçois. On m'avait proposé de devenir le parrain d'une association partenaire (Enfants Sans Douleur). J'ai accepté de suite et je ne le regrette pas. Dans le foot, tu es dans une bulle. Quand tu vois que certains n'ont pas ta chance et qu'un simple échange suffit à leur donner de la joie, ça te fait cogiter. Evoluer. J'ai su que Vincent (Koziello) allait devenir parrain à ma place : je crois qu'il se sentira très bien dans ce rôle-là...

Quelles sont les personnes qui t'ont marqué au Gym ?
Il y en a beaucoup. Comme j'ai dit, le président et le directeur général m'ont fait confiance de suite. Je ne peux pas passer à côté du coach Puel. J'ai beaucoup appris à ses côtés. Après dans le vestiaire, je m'entendais bien avec tout le monde, que ce soit les premières années où la dernière, où j'ai même pu jouer avec mon cousin Alex. Je ne vais citer personne pour ne pas en oublier. Même si les « craquances » de Romain Genevois vont peut-être me manquer...

Quel est ton plus beau souvenir ?

Les plus frais sont forcément ceux qui reviennent d'emblée. Donc je vais dire ce match de St-Etienne, où il y avait une ambiance de fou, et où on a réussi à valider la Coupe d'Europe. Sinon, Lyon chez nous, Rennes et Sainté chez eux... Mais au-delà de ça, c'est surtout l'ambiance qui régnait dans le vestiaire qui me reste en tête. On passait de bons moments tous les jours.

"Je souhaite le meilleur au Gym et aux Niçois"

Le moment le plus compliqué ?
Je ne vais pas citer une seule rencontre, mais plutôt une période. A la fin de la saison 2014 / 2015, sur le terrain, on n'y arrivait plus. Du coup, c'était un peu tendu avec les supporters. Finalement, on avait réussi à se maintenir dans la douleur. Quand tu sors d'une saison comme ça, tu es fatigué. Usé. Dans les tribunes ou sur le terrain, on avait tous hâte que ça se finisse pour passer à autre chose. Par contre, on n'aurait pas pu deviner que cette autre chose serait aussi belle.

Tu ne pourras décidément pas jouer la Coupe d'Europe avec l'OGC Nice...
(Sourires) Eh non. Ça devait être écrit. Pour le Gym, ses joueurs et son public, c'est le moment de regoûter à l'Europe. Quant à moi, Leicester est qualifié en Ligue des Champions, donc j'espère que j'aurai rapidement la chance de connaître ce monde-là.

Que ressens-tu à l'idée de débarquer chez le champion d'Angleterre ?
Une immense fierté. C'est un honneur de rejoindre les Foxes, qui restent sur un titre, possèdent de super joueurs et de belles ambitions. Je vais découvrir un autre championnat, une autre culture : je remercie le club pour la confiance qu'il m'a témoignée. Comme partout où je suis passé, je vais essayer de la rendre au mieux.

La Premier League, quelle image en as-tu ?
Celle d'un championnat où tout va très vite, où tu n'as pas le temps de souffler, où il y a beucoup d'intensité et où il faut être très réactif. Mais il ne faut pas sous-estimer la L1, qui est également très dure et très formatrice.

As-tu un message à faire passer au club ou aux supporters ?
Simplement un merci pour ces 3 saisons. Je souhaite le meilleur au Gym et aux Niçois.

C.D.