Copa America
Genevois prêt au combat
Victime d'une fracture du tibia au mois de mai 2015, Romain Genevois (28 ans) s'est battu pour revenir au haut niveau au coeur d'un exercice faste pour le club. Un peu plus d'un an après sa blessure, voilà le défenseur remis sur pied, apte au combat, tout juste sorti d'une saison ponctuée à la 4e place (pour la 2e fois depuis son arrivée au club). Le voilà aux Etats-Unis pour disputer la Copa America avec Haïti. Le voilà tout sourire avant son entrée en lice, demain, face au Pérou.
Romain, après la 4e place validée, voilà un autre beau défi qui se présente à toi. Quel est ton état d'esprit avant vos débuts dans le tournoi ?
C'est une belle aventure, une grosse compétition qu'Haïti n'a pas forcément l'habitude de jouer. On va savourer, car ce n'est pas dit qu'on en dispute une nouvelle un jour. Ça va être quelque chose d'assez énorme, aux Etats-Unis, face à de belles équipes. Franchement, il n'y aura que du bon à prendre. On a tout fait pour bien se préparer. Après, peu importe ce qui se passe, il faut profiter de chaque moment et donner le maximum.
L'histoire est belle, car tu as retrouvé la sélection cette saison après de nombreuses années d'absence, et il y a cette récompense au bout...
C'est vrai. L'ancien sélectionneur m'avait convaincu d'y retourner afin de tenter l'expérience de la Gold Cup l'été dernier (qui se déroulait aussi aux Etats-Unis). Malheureusement, je me suis blessé au tibia, donc j'ai dû déclarer forfait, mais Haïti avait tout de même fait un beau parcours et s'était hissé en quart de finale, en battant notamment les USA (1-0). Du coup, j'ai patienté encore un peu avant de retrouver la sélection. Je l'ai fait lors des matchs éliminatoires, contre le Costa Rica et le Panama. Mon tibia m'a laissé tranquille durant la fin de saison, donc place à la phase finale.
Le fait de disputer une telle compétition amène-t-il quelque chose en plus, quand on est joueur de haut niveau ?
Là, ce sera le très haut niveau. On va jouer de très grosses équipes. Pour l'avoir vécu lors des derniers rassemblements, les matchs internationaux ont une saveur particulière. L'atmosphère y est différente. Tu joues pour un pays contre un autre. Tu sens que c'est le foot, mais tu es presque en mission, tu te sens presque comme un soldat qui lutte pour l'honneur et la fierté de ton pays. C'est vraiment un sentiment agréable à vivre. En plus, pouvoir jouer contre des joueurs et des équipes qui comptent parmi les meilleurs au monde, c'est un beau challenge pour nous.
Un début contre le Pérou, un 2e match contre le Brésil et un 3e contre l'Equateur : que peux-tu nous dire sur ce qui t'attend ?
Déjà, le Pérou est une belle équipe. Le sélectionneur l'a étudiée, il sait que c'est une formation très joueuse, très difficile à appréhender. Après, il y aura le Brésil : énormément de bons joueurs, des clients sérieux. Cet été, il y aussi le J.O., on va peut-être nous épargner quelques très bons joueurs (dont le capitaine Neymar, qui a déjà annoncé sa participation aux Jeux, ndlr), mais ils n'en enlèveront pas assez pour que ça devienne une équipe normale ou moyenne. Ça restera quoi qu'il en soit un favori qu'on aura l'occasion de rencontrer de suite. Ensuite, viendra l'Equateur, c'est dans la même lignée. On pense à des joueurs comme Valencia (Manchester United) qui jouent dans des grands championnats et qui sont plus que confirmés.
« Quelque chose que je n'oublierai jamais »
Qu'est-ce qui t'a marqué dans les premiers matchs internationaux que tu as disputés ?
Les équipes sud-américaines, elles ont la grinta, ça se vérifie vraiment quand tu les as en face. J'ai notamment pu m'en apercevoir durant les qualifications, où il faut se battre sur le moindre ballon. D'avance, on sait que c'est un défi énorme qui s'offre à nous. Mais on a hâte de le vivre et de le relever.
Vous êtes-vous fixés des objectifs collectifs ?
On va découvrir tout ça. On sort d'un bon stage de pré-compétition, on verra où on peut aller. On joue le Pérou juste avant le Brésil, donc il va falloir envoyer du lourd lors du premier match (rires). Malgré les adversaires, il y a de la qualité dans notre groupe. Et puis ça se joue sur un match, à la différence du marathon du championnat, il faut tout donner car on sait que tout est possible.
Une telle expérience peut aussi servir à ta construction de joueur ?
C'est un vécu supplémentaire qui ne peut qu'être bénéfique. Cette saison, quand j'ai eu ma longue blessure, les débuts étaient compliqués. Je ne pouvais pas enchaîner les matchs. Le calendrier ne pouvait pas s'adapter à mon ressenti, mais les échéances internationales m'ont permis de pouvoir jouer, de retrouver des bonnes sensations en parallèle du championnat. Du coup, lorsqu'on a eu besoin de moi durant le championnat, j'étais mieux préparé, ça m'a servi. Maintenant, le parfum sera encore différent. Et ce qui est sûr, c'est que dans mon bagage, à la fin de ma carrière – même si ce n'est pas pour tout de suite -, cette Copa America sera quelque chose que je n'oublierai jamais. Je sais que j'aurai été un privilégié.
C.D.
