Stats

Ben Arfa, jamais aussi complet

« Hatem est capable d'avoir ses fulgurances, mais je trouve surtout qu'il est beaucoup plus complet qu'avant ». Si l'oeil apparaît logiquement attiré par les « fulgurances » souvent évoquées par Claude Puel, il ne mesure pas toujours, au premier abord, l'évolution du jeu de Hatem Ben Arfa depuis son arrivée à Nice. Celle qui habille le talent brut du bleu de travail et transforme un soliste en chef d'orchestre. Décryptage.

Jamais autant de responsabilités...

Quel cadre donner à un talent ayant besoin de liberté ? La question pourrait presque être l'intitulé d'une épreuve de philosophie. Depuis le début de la saison, la réponse se décompose en deux parties : une discipline à respecter dans les aspects défensifs et un côté créatif à stimuler. Elle apparaît aussi chevillée à une valeur forte : la confiance. Le terreau de l'inspiration, pourrait-on écrire. Une confiance apparue dès la préparation, quand Claude Puel installa son numéro 9 " dans un fauteuil ", en 10. Un rôle de meneur où il s'applique le plus souvent à rester dans une position axiale pour défendre – notamment en gênant les premières relances – et où il peut se promener à sa guise quand l'équipe tient le ballon.


Très réceptif d'entrée, l'international français - également aligné devant cette saison - a rapidement griffé de son pied gauche l'identité du jeu niçois. Est devenu l'un des hommes du base du collectif, disputant 96 % de ses rencontres en Rouge et Noir comme titulaire et entrant en jeu une seule fois contre Troyes (soit 2.228 minutes de L1 au total), à son retour de blessure. Son ratio le plus élevé en club depuis ses débuts professionnels (63 % a Hull City et Newcastle, 59 % à Marseille et 54 % à Lyon), affiché au coeur d'une formation dont « la force réside dans la philosophie de jeu », comme il l'a encore résumé lors de sa dernière sortie médiatique. Un idéal basé sur les échanges et l'envie collective d'aller vers l'avant. Dans le groupe le plus jeune d'Europe, il est également l'un des joueurs ayant le plus de vécu, et a même porté le brassard de capitaine en Coupe de France à Guingamp, preuve du poids qu'il possède dans le vestiaire.

Jamais aussi décisif...

Dans une équipe ayant l'une des plus grandes possessions de l'élite (la 4e), HBA a donc rapidement pris ses aises, devenant décisif au bout de deux journées, au terme d'une prestation de haut vol à Troyes (ponctuée par un but). Le natif de Clamart n'a d'ailleurs pas tardé à retrouver ses meilleures sensations dans la durée, et donc à repousser le niveau d'exigence qui l'entoure un peu plus loin. Contre Caen, lors de la 3e journée, il a offert aux amoureux du foot son premier bonbon de la saison.

8 mois plus tard, sa régularité s'est chargée de rendre les attentes encore plus grandes, puisqu'il a empilé 12 réalisations en L1 (+ 1 en Coupe de France) - souvent spectaculaires (à St-Etienne, Rennes, contre Ajaccio...). Un total qui fait déjà de l'exercice actuel le plus prolifique de son parcours. Avec 12 buts en championnat, il égale quasiment, après seulement 31 journées, son total de Newcastle (13 buts en Premier League) réalisé... en 4 saisons ! Et surpasse déjà ses années marseillaises (9 buts en L1 entre 2008 et 2010) ou lyonnaises (7 buts). Au top physiquement, l'international français est décisif toutes les 139 minutes, ratio le plus haut de sa carrière. Le tout en ayant délivré 4 passes décisives et en étant à l'origine de bon nombre de mouvements.

 

Jamais aussi percutant...

« Il a mis tous les atouts de son côté, en continuant à bien se préparer, même si on devra le monter en termes physique, de rythme, et le remettre à la compétition, car comme vous le savez, il est resté beaucoup de temps sans jouer et sans faire de match ». C'est par ces mots que Claude Puel avait accueilli les premiers pas de HBA lors de son retour au club, cet été. Physiquement, ce dernier - éloigné des terrains quasiment toute la saison passée – a donc beaucoup travaillé pour reprendre du rythme. A 29 ans, son corps résiste aux coups, encaisse les efforts, fort de plusieurs années au haut niveau en France et à l'étranger.

Plus costaud et plus puissant qu'à ses débuts (l'expérience anglaise aidant), il n'a pas pour autant perdu sa vivacité et sa force dans les duels. Sur le terrain, Ben Arfa tente en moyenne 8 dribbles par matchs, plus du double que dans ses clubs précédents. Preuve qu'il se sent à sa place et droit dans ses bottes. Des chiffres qui en font l'un des meilleurs dribbleurs du continent, mais qui profitent surtout à un collectif qui occupe actuellement la 3e place de la L1, à 7 journées du terme du championnat.

Et qui montrent l'évolution d'un élément au jeu singulier.