« C'est un bon joueur avec une super mentalité et c'est très important pour un groupe, même si des fois ce n'est pas évident ». La déclaration de Claude Puel datant de la semaine passée aide à bien cerner le profil de Romain Genevois (28 ans). Apparu 10 fois en L1 cette saison, ce dernier a dû se remettre d'une blessure au tibia en début d'exercice, avant de travailler dur pour revenir au top. Titulaire samedi dernier face à Troyes, l'international haïtien a rendu une copie sans rature, propre et appliquée. À 9 journées du terme de la saison, il a pris le temps de se poser pour faire le point. Avec motivation, humilité et ambition.

Romain, avec le recul, quel regard peux-tu avoir sur le match de Troyes ?
Ça s'est bien passé, tant sur le plan collectif – ce qui reste la priorité – qu'au niveau individuel. C'était important de regagner après la dernière contre-performance à domicile. Les Troyens étaient habitués à jouer un peu plus, chez nous, ils ont fait un bloc bas et ont procédé en contres. On les a forcés à le faire, parce qu'on est rentrés dans le match en posant notre jeu. On sait qu'il peut amener parfois à faire quelques petites erreurs, mais on est obligés de passer par là pour faire des différences. En 2e mi-temps, c'était une attaque-défense, même si nous n'étions pas à l'abri. On a essayé de forcer la décision : on a su le faire, même si c'était difficile face à une équipe qui ne lâchait rien.

Si la victoire n'est pas un tournant, une défaite aurait-elle pu mettre un coup au moral du groupe ?
Bien sûr, parce que ça faisait un petit moment qu'on n'avait pas gagné, il fallait renouer avec le succès. Mais c'est vraiment sur le jeu que le coach met l'accent. Il faut qu'on garde notre philosophie pour être le plus performant possible, il n'y a que par là qu'on arrivera à obtenir des résultats. Dès que notre jeu est ébréché, ça nous complique la tâche, donc il faut vraiment se concentrer là-dessus. Si on fait le maximum, on n'aura pas de regret. On a tendance à penser que c'est facile de gagner certains matchs, c'est faux ! Il faut toujours s'employer. Quelle que soit l'opposition, la qualité est là. A nous d'être rigoureux et concentrés.

Physiquement, on te sent revenu à 100 %.
Après mes deux titularisations contre Lille et Angers, j'étais bien, je retrouvais de bonnes sensations à mon poste axial. Depuis la phase retour, je suis très bien, débarrassé des problèmes physiques, prêt à reprendre ma marche en avant et ma progression. On a un groupe de qualité, le coach a fait ses choix, ce n'est pas parce qu'on n'est pas titularisé qu'on ne bosse pas à l'entraînement. J'ai joué début janvier, et depuis, si j'étais moins présent le week-end, je l'étais toujours autant la semaine. Je continuais à bosser pour être bien car des échéances importantes arrivent. Que ce soit avec le club, où il reste 9 journées de championnat, ou avec la sélection haïtienne, où un match très important nous attend face au Panama en mars, avant la Copa America en juin (Haïti se trouve dans le groupe comprenant le Brésil, l'Equateur et le Pérou, ndlr). Travailler, c'est le seul moyen de continuer à avancer, et je pense avoir répondu présent quand le coach a fait appel à moi.

Le retour des éléments d'expérience – dont tu fais partie – est-il important avant la dernière ligne droite ?
C'est positif d'avoir le maximum de joueurs en forme pour les matchs qui restent, même si je pense que c'est trop tôt pour parler de dernière ligne droite. Il y a encore beaucoup de points à partager. C'est ma 4e saison au club, je pense, en toute humilité, avoir bien progressé, et si je suis à mon meilleur niveau, comme d'autres, ce sera bénéfique pour l'équipe. Et puis ce sont de bons problèmes pour le coach...
 

" 44 points, il y a quelques saisons, on aurait fêté ça..."

Surtout que la fin de saison s'annonce pleine de défis..
C'est ça. Il y a un paradoxe : nous avons 44 points, il y a quelques saisons, on aurait fêté ça avec du champagne (sourire). Là, c'est presque normal. Tant mieux, ça veut dire que le club est plus ambitieux, qu'il s'inscrit vraiment dans le projet d'évolution qu'il désire. Ça devrait aussi nous permettre de prendre conscience que jusque-là, on fait une bonne saison. On a tout à gagner à ne pas faire de complexe et à jouer relâché. Il n'y a pas lieu de jouer avec le frein à main dans la position où on est.

Vu la densité du championnat, vous dîtes-vous que pour aller loin, il faudra être au top tous les week-ends ?
Ça va vite. On voit que les équipes qui étaient loin sont là. D'autres avaient de l'avance et se sont faites rejoindre. Vu que Paris est loin devant, on va dire que c'est bien pour la L1 qu'il y ait ce genre de suspense. Mais pour nous, ça ne change rien, dans le sens où c'est surtout nous qui avons les clefs de notre fin de saison en main. Si on ne fait pas ce qu'il faut, on ne pourra pas prétendre à grand-chose, alors que si on reste concentrés, qu'on se présente pour produire notre jeu et gagner, il y a des chances qu'on continue sur notre belle lancée. Ça rajoute de la complexité, mais ça confirme ce qu'on répète souvent : le championnat est difficile. Gagner des matchs l'est tout autant. Ceci étant, c'est plutôt alléchant comme challenge....

La parole des joueurs avec plus de vécu est-elle utile pour garder la tête froide ?
On a un groupe sain. Il y a beaucoup d'humilité et de remise en question. Après, il y aussi le coach qui est là pour tempérer, pour nous donner confiance. Lui et le staff sont importants pour nous canaliser et nous remobiliser comme il se doit au quotidien, afin de bien négocier les rencontres qui viennent. De notre côté, on ne se disperse pas. Le fait d'être à ce niveau de points, même si nous n'avons pas parlé entre nous, peut nous aider à nous lâcher et à être plus confiants. Il nous reste de bons matchs à jouer, c'est motivant. Si on doit avoir des soucis, ce sont de bons soucis pour les prochaines semaines et les prochains mois...

Que t'inspire cette équipe de Montpellier ?
Elle est en forme et possède forcément un capital confiance élevé, notamment grâce à sa belle performance contre Paris. Ramener un point du Parc n'est pas donné à tout le monde. Ils sont sur une série positive, on va chez eux, ils peuvent également basculer du bon côté. Les voyants sont au vert de leur côté, mais ils le sont aussi du nôtre. Donc ça devrait faire un bon match. A nous d'essayer de ramener quelque chose de l'extérieur pour valoriser la victoire obtenue face à Troyes.

C.D.