Interview
Nivet, comme on se connaît
Au coeur d'une période compliquée, il aurait pu snober la sollicitation. Il n'en a rien fait. A 39 ans, alors qu'il promène sa technique sur les pelouses professionnelles depuis 1997 (559 matchs de championnat, L1 et L2 confondues), Benjamin Nivet a accepté de répondre aux questions d'OGCNICE.com avec classe et sincérité. Joint par téléphone, le capitaine historique de Troyes, formé à Auxerre et également passé par Châteauroux et Caen, a accepté de lancer la rencontre entre le Gym et l'ESTAC (coup d'envoi samedi 20h). Le tout en jetant un oeil forcément pertinent sur l'évolution d'un club qu'il a croisé 19 fois en championnat au cours de son parcours...
Benjamin, pouviez-vous envisager une saison aussi délicate après le titre de champion de L2 ?
Pour être honnête, vraiment pas. Je ne m'attendais pas du tout à vivre une saison comme celle-là. On savait qu'on allait jouer le maintien, mais la situation actuelle est très difficile à vivre. Des certitudes s'étaient forgées avec le titre. Elles se sont transformées en grandes désillusions. Beaucoup d'observateurs pensaient que nous serions tranquilles, que le SCO d'Angers ou le GFC Ajaccio (également promus) auraient plus de difficultés. Ils se sont trompés. Maintenant, il faut que ces mauvais moments servent à tout le monde, qu'on ne les vive pas pour rien. A nous d'essayer de prendre du plaisir d'ici à la fin de saison, et surtout des points.
Malgré votre position, vous ne cessez jamais de produire du jeu...
Il faut mourir avec ses armes. Pour autant, même si nous essayons de jouer, ce n'est pas assez. Pour l'instant, le nombre de points que nous avons est ridicule (sic). On veut en prendre plus, car on n'a pas le droit de rester à 14. C'est pour ça qu'avant ces 10 dernières journées, on veut vraiment engranger des succès.
Pouvez-vous nous donner des nouvelles de Chaouki Ben Saada et Florian Jarjat, deux anciens Aiglons ?
Chaouki est toujours là, fidèle à lui-même. En plus d'être un bon joueur, très technique, c'est un chic type. Flo, quant à lui, a dû interrompre sa carrière la saison passée en raison d'un AVC. Il vient encore nous voir de temps en temps, et je crois qu'il passe actuellement ses diplômes d'entraîneur.
" Je n'ai pas rencontré de plus belle équipe à part Paris "
A 39 ans, vous restez un élément important du groupe, le capitaine. Quels sont les secrets de votre longévité ?
La passion me guide toujours. Physiquement, je me sens bien, et je continue toujours à faire des sacrifices au quotidien – encore plus qu'avant - , notamment dans la préparation et la récupération. Peut-être aussi que j'ai de bons gènes (rires). Quand je vois la forme de mon père à son âge, je me dis que ça peut aussi être une explication. D'ailleurs, certains sont plus fragiles que moi alors qu'ils sont plus jeunes. Moi, je me sens bien.
Après avoir sillonné tous les stades de France, vous vous préparez à découvrir l'Allianz Riviera...
C'est toujours agréable d'évoluer dans les nouveaux stades, qui sont une bonne chose pour la France et pour l'accueil des supporters. Quand nous avons joué à Monaco, nous étions dans un hôtel pas loin de l'Allianz Riviera. Nous avions pu voir le stade de loin, il était sacrément beau. Ceci étant, j'aimais bien le Ray. Il était plus vétuste, mais j'ai toujours apprécié l'ambiance qui y régnait.
Quels souvenirs gardez-vous du match aller ?
Je n'étais pas rentré, donc forcément j'ai eu une vision différente de la rencontre. Mais Nice m'avait fait une très forte impression. Nous étions revenus à 10 contre 11 sur un but de Camus, pour finalement obtenir un point incroyable...
Quel regard portez-vous sur le Gym 2015 / 2016 ?
A l'aller, je ne m'attendais pas à tomber sur une équipe comme celle-là, et du coup je me suis mis un peu plus à la suivre. J'adore ses qualités techniques, son système. Au milieu, Koziello, Mendy et Seri, c'est un régal. Pour moi, cette saison, je n'ai pas rencontré de plus belle équipe à part Paris, donc ça ne me surprend pas qu'ils soient en haut. Ils auraient même pu l'être encore plus qu'en ce moment, mais ils ont manqué de régularité dernièrement.

" Enfin, Ça fait un peu vieux combattant tout ça... "
Plus largement, l'OGC Nice actuel ne doit pas ressembler à celui que vous avez connu à vos débuts...
L'équipe a changé, même s'il y en a eu d'autres qui étaient belles par le passé. Actuellement, les Niçois adorent avoir la possession et produire du jeu. Et puis quand vous avez un joueur comme Hatem Ben Arfa devant, capable de faire autant de différences, c'est un super atout. Chez nous, il avait été étincelant...
Vous avez un souvenir particulier d'un déplacement à Nice ?
En général, on se souvient des matchs où il y a la victoire au bout. Alors j'en citerai un qui remonte à quelques saisons, mais qui m'a marqué. C'était avec Châteauroux, en D2. Nous étions venus au Ray et nous nous étions imposés 4-1 (saison 2000 / 2001). Enfin, ça fait un peu vieux combattant tout ça...
Quel regard portez-vous sur la jeune génération avec laquelle vous évoluez ?
Depuis mes débuts à Auxerre en 1997, les choses ont changé. Les jeunes d'aujourd'hui ne sont pas les mêmes qu'à mon époque. Pourtant, entre nous, ça se passe super bien. Il n'y a peut-être que leurs écarts de conduite qui sont révélés au grand jour, mais je peux vous assurer qu'il y a encore beaucoup de passionnés parmi eux, beaucoup de joueurs respectueux et à l'écoute. Je pense qu'évoluer à leur côté quotidiennement, ça me permet aussi de rester jeune en retour.
Qu'est-ce qui fera la différence samedi soir ?
NIce vient de perdre face à Bastia, ça risque d'être difficile pour nous car les Niçois vont être remontés. Ben Arfa fait aussi partie du groupe, ce qui ne facilite pas les choses. Pour notre part, on sait que leur force réside dans leur milieu de terrain en losange, c'est lui qui donne le tempo. Il faudra lui laisser le moins d'espace possible si nous voulons espérer quelque chose.
C.D.
Crédit photos : Jean-Pierre Blanchard et Guillaume Petit
