Interview

Koziello en mode « box to box »

« Koziello allez allez, Koziello allez allez... » Les images restent fraîches. La joie également. Pourtant l'heure est déjà à demain pour les Aiglons. Revenus de Bastia avec les 3 points de la victoire, ces derniers reçoivent Bordeaux mercredi, avec l'ambition d'enchaîner. De rester solide, et de regarder vers l'avant. Trois aspirations rythmant le quotidien de Vincent Koziello. Révélation du début de saison niçois, à un poste précieux de relayeur, le jeune milieu de terrain impressionne à chacune de ses sorties. Ce lundi, il nous livre avec recul la vision de son rôle, au coeur d'une interview « box to box ».

 

Défensivement

Vincent, quelle est ta vision du poste de relayeur ?

C'est un poste où on doit être assez complet dans notre jeu. Un poste que j'aime beaucoup, car il me permet de défendre et d'attaquer, tout en courant énormément. Sur le terrain, j'ai besoin de me dépenser pour me sentir bien dans mon match.

On loue souvent ta qualité balle au pied. La récupération occupe aussi une part importante de « ta palette »...

La récupération est essentielle. Elle nous permet d'enchaîner de suite vers une action offensive. En faisant le travail tous ensemble, c'est plus facile pour récupérer le ballon. Au milieu, c'est là que l'équipe adverse essaie de mettre en place son jeu. Du coup, nous essayons de bien travailler collectivement pour empêcher toute transmission adverse, et mettre en place notre jeu.

Si le milieu et l'attaque ne bougent pas, la défense n'est pas épargnée depuis le début de saison. Comment s'adapte-t-on à une ligne arrière qui bouge, quand on est au milieu ?

Pour ma part, j'essaie de toujours jouer de la même manière. Les seuls changements que je peux noter quand la défense bouge concernent les périodes où nous tenons le ballon. Vu qu'on possède certains automatismes avec des joueurs, lorsqu'ils ne sont pas là, il faut en créer d'autres. Ça peut nous perturber un petit peu, mais on doit faire avec. Avec le retour de certains éléments, je pense que ça ne peut qu'aller de mieux en mieux, comme ce fut le cas à Bastia.

Le Gym marque, mais encaisse aussi des buts. En tant que milieu, est-ce la joie ou la frustration qui domine ?

Un peu des deux. C'est bien de marquer des buts. Mais encore une fois, le résultat à la fin reste la chose la plus importante. Quand on marque, il faut que l'on se concentre sur le fait de ne pas prendre de but, même si ça paraît bête à dire. Je suis plus dans la philosophie qu'il faut marquer un but de plus que l'adversaire, plutôt que de ne pas en prendre. Mais globalement, je crois que nous avons les qualités pour rester solides et continuer à produire du jeu. C'est un équilibre à trouver.

Dans ce système, tu couvres axes et côté. Il faut du coffre...

Oui, c'est vrai que ça demande beaucoup d'efforts. Mais ces efforts apparaissent avant tout collectifs. Au milieu, nous sommes bien aidés par les trois offensifs. Quand il abattent autant de travail, c'est beaucoup plus facile pour nous. On s'attache à gérer nos efforts au mieux, c'est aussi pour cela que l'on essaie d'avoir le ballon, pour courir le moins possible derrière.

Lorsque l'adversaire est joueur, qu'il y a du bruit, de l'adrénaline, comment rester concentré, et garder les distances adéquates avec les autres milieux pour permettre au bloc de rester compact ?

Avec beaucoup de prise d'informations et de dialogues avec mes coéquipiers, qui me disent quand sortir, quand rester en place. C'est aussi un peu d'intelligence tactique. Finalement, on voit qu'en ce début de saison, on n'a pas été mis à revers au niveau du jeu, mais plus sur des contre-attaques, ou sur phase arrêtées. Quand on a notre bloc bien en place, on reste difficile à manoeuvrer.

Offensivement

A part le dernier match face à Bastia, vous avez globalement la possession. Au milieu, tu préfères gratter des ballons où te régaler à la relance ?

Je préfère l'avoir dans les pieds pour jouer. C'est sûr c'est plus intéressant, je prends beaucoup de plaisir à le faire. Mais je ne rechigne pas à aller harceler le porteur pour récupérer les ballons d'abord. C'est important. Ça empêche la contre-attaque, tout en maintenant le bloc assez haut. Cette période-là, juste après la perte, s'avère capitale, parce que l'équipe adverse commence à sortir, à se découvrir. C'est là que l'on commence à les traquer, pour pouvoir les re-contrer. Le coach nous dit que c'est le plus proche du porteur qui doit serrer le plus rapidement possible. Si c'est moi et qu'il faut aller serrer le gardien, j'y vais sans problème... Même si quand on est footballeur, on aime forcément avoir le ballon au pied.

Collectivement, comment prendre la mesure d'un gros bloc adverse quand il ferme tout ?

Il y aura beaucoup d'équipes qui viendront avec ce style, surtout à l'Allianz Riviera. Jusqu'à présent, il manque souvent une dernière marche dans notre jeu à domicile. On arrive à bien ressortir, mais on pêche dans la dernière passe, le dernier déplacement. On a démontré qu'on était capable de jouer, durant les amicaux, le début de saison, ou même à Bastia. Capable de trouver nos attaquants, pendant qu'ils combinent déjà bien entre eux. Il n'y a qu'en développant encore plus ses particularités que l'on peut arriver à prendre le dessus sur nos adversaires.

Tu es souvent à la passe, pas encore à la finition ? Te demande-t-on de prendre plus de responsabilités dans le jeu offensif ?

Non. Par contre, je prends de plus en plus d'assurance avec les matchs qui passent. Je ne me retrouve pas souvent dans la position de marquer. Contre Guingamp, ça a été le cas, mais ça n'a pas marché. En continuant à prendre de l'assurance et en me projetant vers l'avant, je crois pouvoir donner de bons ballons de buts. Et pourquoi pas marquer...

Offensivement, quels sont tes axes de progression ?

J'aimerais arriver à plus me retourner, pour pouvoir percuter, et donner plus de ballons au bon endroit pour mes attaquants. Je dois progresser dans ce domaine, mais aussi dans mes frappes de balle. Celle de Guingamp n'est pas passée loin, mais je dois faire mieux.

Quand on a une partie des clefs du jeu mais que notre rôle est primordial défensivement, on se sent libre ou sous pression ?

Ce que j'aime, c'est la liberté que j'ai sur le terrain, qui me permet d'attaquer, de presser, de revenir. Ne pas être dans une case unique me plaît. C'est important pour moi de pouvoir courir, de me dépenser, même parfois à mauvais escient. C'est une des composantes de mon jeu. Avec l'expérience, j'apprendrai aussi à gérer mes efforts, parce que c'est une chose que je ne sais pas faire. Plonger physiquement n'est pas très bien. Ne pas réussir à terminer les matchs non plus. C'est aussi un axe de travail, même si je pense qu'il vaut mieux une bonne heure pleine qu'un match où il n'y a rien dedans...

Enfin, que t'inspire la rencontre qui arrive face à Bordeaux ?

Je pense que Bordeaux fait partie des 5-6 meilleures équipes de France. C'est toujours un groupe solide, bien en place, qui produit aussi du jeu grâce à des joueurs très intéressants. Même s'ils ont connu un début compliqué, ils ont su se qualifier en Europa Ligue, redresser la barre en L1. Ils sortent d'un gros match à Paris et d'un nul arraché à la dernière minute contre Toulouse, mais je pense qu'ils ont les armes pour jouer sur les deux tableaux. Ce sera un bel adversaire, à nous d'enchaîner.

Constantin Djivas