Le témoin

Plestan, ce Lillois de Nice

Défenseur emblématique du LOSC des années 2000 – emmené par un certain Claude Puel – Nicolas Plestan a grandi à Pasteur. Retiré du monde professionnel depuis trois ans et demi, il livre un regard franc sur sa « première vie », de son enfance niçoise à la Ligue des Champions.

Nicolas, tu es né et as effectué tes premiers pas dans le football à Nice...
Je suis originaire du quartier Pasteur, et j'ai commencé le football au Gazelec de Nice. Je jouais avec pas mal de mecs devenus des fervents de la Brigade Sud. Je me souviens même avoir été entraîné deux ou trois fois à la Lauvette par Fred Gioria, qui passait ses diplômes.

Étais-tu supporter ?
J'avais 4 ou 5 ans lorsque mon grand-père m'amenait au Ray. On allait en seconde. Et plus grand, je suis allé quelques fois en Populaire.

Accroupi, 3e en partant de la gauche, Nicolas Plestan sous le maillot du Gazelec de Nice. Poussin 2e année, il est surclassé avec les Pupilles 2e année, dont font partie plusieurs garçons devenus des fidèles de la Populaire Sud.

Pourquoi Monaco, alors ?
A 13-14 ans, plusieurs clubs m'ont fait part de leur intérêt, dont l'ASM. La référence, à l'époque. J'ai intégré le centre, participé à mes premiers entraînements avec l'équipe fanion puis signé professionnel. L'entraîneur de l'époque ? Claude Puel.

Te souviens-tu de tes premiers entraînements sous ses ordres ?
Ça ne s'oublie pas. Déjà parce qu'il n'y avait que des stars. Mais surtout des mecs super sympas. Avec Gaël Givet et Grégory Lacombe, nous avons été plongés dans le grand bain au même moment. Avec beaucoup de respect, mais en même temps une grosse envie de se montrer, de ne plus redescendre. Et la rigueur de Claude Puel était déjà bien là...

Où en était l'OGC Nice, à l'époque ?
En jeunes, je jouais contre la génération de Malek Cherrad. En CFA, j'ai joué contre Johan Audel, un peu plus jeune que moi. Il y avait Cubilier aussi, avec qui j'ai ensuite joué à Monaco.

Comment s'est fait ton départ pour Lille ?
A 19 ans, j'ai été prêté à Ajaccio. Mais vu mon faible temps de jeu, j'ai demandé à revenir prématurément pour en avoir en CFA, à Monaco. Après une saison galère, j'ai rejoint Claude Puel à Lille.

« Même si on se changeait dans des Algeco... »

Ton expérience nordiste ?
Je n'en retiens que du bon. Avec Bodmer, Chalmé et les autres, nous étions beaucoup de jeunes du même âge. On s'éclatait ensemble, et on s'est même qualifiés pour les huitièmes de finale de Ligue des Champions. Quand tu rentres sur le stade de la Luz avec la petite musique pour la première fois, ça fait quelque chose... Même si on en a finalement peu parlé, c'était un sacré exploit ! Nous étions loin d'avoir les moyens de Paris ou Monaco. En attendant la construction de Luchin (le centre d'entraînement du LOSC), on se changeait même dans des Algeco. Comme sur les chantiers, oui. Ça ne nous a pas empêchés de finir 2e puis 3e...

Sous le maillot du LOSC, tu es venu jouer quelques fois au Ray...
Hasard du destin, j'y ai même joué mon premier match en Ligue 1. J'y suis revenu plusieurs fois et vraiment, ça n'a jamais été évident. D'abord parce que ma famille était en tribune, mais aussi parce qu'on affrontait une équipe de sacrés combattants. Cobos, Everson, Pancho Abardonado... Ou encore Flo Balmont, avec qui j'ai été expulsé, quelques années avant que l'on ne devienne coéquipiers.

« Puel, le meilleur coach pour progresser »

Le Gym d'aujourd'hui, qu'en penses-tu ?
Des bons joueurs, un beau potentiel. Et un entraîneur en qui on peut avoir confiance pour les amener plus haut. Quand on voit tous ceux qu'ils a sortis, c'est impressionnant. Ne serait-ce que les Cabaye, Debuchy, Givet, Hazard... Les jeunes ne peuvent pas espérer un meilleur coach pour progresser.

N'as-tu jamais eu d'occasion de signer à Nice ?
J'aurais pu, à une époque, lorsque le club était entraîné par Eric Roy. Il y avait eu quelques discussions, finalement sans suite. Mais plus tôt, je n'ai jamais vraiment pensé venir, non. Ça ne m'aurait pas déplu, bien sûr. Mais avec Lille, lorsqu'on ne jouait pas la Ligue des Champions, c'était l'UEFA...

Tu le citais tout à l'heure, mais ton ex-coéquipier Mathieu Bodmer, désormais niçois, n'a rien perdu...
Bien sûr qu'il est facile ! Comme depuis toujours... Puis il n'a que 32 ans ! On mange ensemble en fin de semaine, d'ailleurs.

La suite de ta carrière ?
J'ai quitté Lille pour Schalke, où j'ai arrêté après un an, par ma propre décision. Everton et Evian s'étaient manifestés, mais j'étais arrivé à saturation. J'ai fait ce que j'avais à faire dans ce milieu dont je n'ai jamais trop été fan. J'aime le foot, mais pas le cinéma tout autour. Moi, la seule chose qui m'ait jamais intéressé, c'est rentrer dans un stade plein et jouer.

« La chance d'avoir deux vies »

T'es-tu complètement coupé du football ?
Je n'ai jamais été un gros consommateur de foot, ni de matchs à la télé... Je n'ai pas eu de mal à m'éloigner du football. J'ai un peu joué en Thaïlande, où j'ai vécu deux ans. Mais sans plus. Pour tout dire, je n'ai jamais mis un pied dans le stade Pierre-Mauroy. Aujourd'hui, je suis marchand de biens à Lille et comme je n'ai pas fait n'importe quoi pendant ma carrière, je peux voyager. J'ai la chance d'avoir deux vies différentes.

Qu'est-ce qui te lie encore à Nice ?
Mes parents, mes grands-parents, ma famille et quelques amis. Quand les enfants sont en vacances, on vient aussi les passer au soleil.

Ton avis sur le Lille – Nice de samedi ?
Nice, c'est le club de ma ville, et Mathieu (Bodmer) y joue. En face, Lille reste mon club de cœur, que j'aimerais voir mieux classé. Mon pronostic ? Un match nul entre deux belles équipes.

Y.F.