10 ans déjà

La voix du 3-4 revient sur le match mythique

Sa voix reste l'un des symboles d'un match mythique. Le 2 octobre 2004, alors que le Gym remporte à Monaco l'un de ses plus grands succès (3-4), Eric Le Bihan, associé à Marc Benoist, s'égosille au micro de France Bleu Azur. Dix ans plus tard, le journaliste revient sur ce derby de légende.

Eric, dix ans déjà...
Malgré les années, ce match fait toujours partie des grands moments du club. Encore aujourd'hui, et même expatrié en Auvergne, on m'en parle régulièrement. J'ai appris que mes commentaires de l'époque sont enregistrés dans le jukebox du Café des Aiglons, à l'Allianz Riviera. Ce derby restera hors-normes...

Ton souvenir de ce match ?
D'abord l'ambiance, même si on avait l'habitude de voir le Louis II en rouge et noir. Cette saison, Monaco était vice-champion d'Europe, après sa défaite en finale de Ligue des Champions. Avant le match, on croisait juste les doigts pour ne pas se faire humilier. Je me souviens d'une grosse souffrance, traduite par trois buts en une heure.

En direct à la radio, que trouvais-tu à dire ?
Je répétais qu'il fallait limiter la casse. A 3-0, on espérait juste que l'hémorragie s'arrête. Nous étions à la fois frustrés et honteux. Bien que valeureux, les Niçois ne voyaient pas le jour.

« En 16 minutes vers une autre dimension »

Puis, à la 66e minute, la réduction du score d'Agali...
Ça faisait « moins désordre », comme je l'avais dit à l'époque. C'était surtout le point de départ d'une espèce de magie. Tout s'est enchaîné. Un deuxième but, l'égalisation puis le quatrième de Vahirua. En 16 minutes, nous avons basculé vers une autre dimension. En tribune de presse, nous avons tombé les habits de journaliste. Mes confrères et moi nous sautions les uns sur les autres, casques et micros complètement à l'envers. Quelques minutes auparavant, les supporters monégasques nous narguaient. Vingt minutes plus tard, ils nous regardaient jubiler, dépités.

Comme les supporters, tu restes marqué par ce Monaco – Nice...
Nous en avons parlé pendant des semaines. Nous y faisions encore référence les saisons suivantes. Les soirs de matchs difficiles, nous avons souvent évoqué ce derby pour nous consoler. Il nous aidait à faire passer la pilule (rires). Et pour l'anecdote, il faut savoir que Gernot Rohr avait proposé à Victor Agali de jouer à Nice après l'avoir croisé à l'aéroport ! Il a peu brillé avec le Gym, mais il restera le héros de ce jour...

Le résumé vidéo – habillé de tes commentaires – reste mythique...
On m'a prévenu de l'existence de ce montage. Je l'ai regardé une ou deux fois. Humainement, je resterai très fier d'avoir participé à cet épisode à ma façon. Ça fait partie des choses que je pourrai raconter à Maël, mon fils de 4 ans. Il est né à Nice et bien que nous vivions aujourd'hui en Auvergne, il a son maillot rouge et noir !

Justement, que deviens-tu ?
J'ai quitté Nice il y a trois ans pour devenir rédacteur-en-chef de France Bleu Pays d'Auvergne. Mais je reste évidemment attentif aux performances du Gym. Je suis même venu à l'Allianz Riviera contre Metz, il y a deux semaines.

Quelle image conserves-tu de tes années auprès du Gym ?
France Bleu Azur a vu le jour en décembre 2000. Nous avons commencé à suivre le club lorsqu'il était en Ligue 2. La première partie de la saison 2001/2002 était assez moyenne. Mais j'ai dit à mon directeur qu'il se passait quelque chose au Ray, qu'il fallait accompagner le Gym. Ça n'a pas loupé : la deuxième partie a été fantastique et nous commentions notre premier match en direct contre Istres (3-0), le soir de la montée.

« Nous avons vu le club se structurer »

Huit saisons durant, tu as suivi l'OGC Nice à travers la France...
L'été suivant la montée a d'abord été houleux avec les débats en coulisses, le refus d'accession puis la réintégration du club parmi l'élite. Puis la saison a été magnifique. Une grande aventure humaine. Nous étions plusieurs journalistes à pouvoir suivre les joueurs jusque dans le vestiaire. Au fil des années, nous avons vu le club se structurer et atteindre cette fameuse finale de Coupe de la Ligue qui, elle, reste mon pire souvenir de commentaire...

Ton avis sur le derby à venir ?
Les dernières années nous l'ont prouvé : un Monaco – Nice n'est jamais un match anodin. Celui-ci sera compliqué mais s'ils jouent avec la même mentalité que face à Lille, les Aiglons peuvent prendre au moins un point. Un pronostic ? La raison me dit que nous allons faire match nul, 1-1. Mais avec le cœur, j'annonce un bon 1-0, arraché sur un but contre leur camp à la 95e !

Y.F.