Interview
Gregoire Puel : « Ne pas brûler les étapes »
Un but et une passe décisive dans une affiche devenue historique. En réussissant un match plein à Marseille, Grégoire Puel a frappé un grand coup. Sur le terrain et dans les esprits.
Nice qui sort Marseille de Coupe de France, la performance est remarquable. Plus encore lorsque l'on compare les grands noms phocéens à la classe biberon du Gym. Cinq buts au Vélodrome, ç'en devient historique. Mais qui aurait osé imaginer que Mandanda serait battu par deux Niçois de naissance ?
Certains auraient peut-être cité Alexy Bosetti. Mais qui, il y a seulement un an, aurait pensé à lui ? Grégoire, 21 ans, né à la clinique Saint-Georges, a signé mardi le premier but de sa carrière professionnelle. « Les médias ne me l'attribuent pas tous, mais peu importe : je le prends quand même pour moi », sourit celui qui a enchaîné grand pont sur Mendy, crochet sur Diawara avant de battre, « avec réussite », le deuxième gardien des Bleus.
Ce scénario, lui-même, remplaçant au coup d'envoi, ne l'avait pas vu venir. D'autant qu'à la sortie sur blessure de Luigi Bruins, le jeune Saïd Benrahma avait d'abord été envoyé à l'échauffement. Grégoire a suivi, deux minutes plus tard. « Dès le début, je me suis bien senti. J'ai orienté mes premiers contrôles vers l'avant, je me suis projeté et défensivement, avec Lloyd (Palun), nous avons bien resserré notre couloir. »
« C'est ce qu'ils attendent de moi »
Quelques secondes avant la pause, le numéro 15 offrait à son équipe un avantage qu'elle ne perdra plus. Deux minutes avant la fin, il glissait une balle de break concrétisée par Fabrice Abriel. « Un but, une passe, c'est ce qui me manquait. Et c'est aussi ce que les gens attendent de moi. Ils veulent des statistiques, des matchs pleins. » Une prestation qui change certains regards ? « Peut-être, oui. Mais dans tous les cas, ce n'est pas une fin en soi. Je n'ai même pas 30 matchs en pros, je ne suis là que depuis un an. Oui, je prends confiance. Mais je ne veux pas brûler les étapes. »

Greg et sa bande ont-ils réalisé un exploit à Marseille ? « Je sais que nous avons fait très plaisir aux supporters. Mais j'ai du mal à considérer notre victoire comme un exploit, dans le sens où ça n'avait rien d'infaisable. Tous les matchs sont bons à jouer. Il y a toujours un truc à faire. Nous avons une bonne équipe. »
Révélé un soir de février 2013 à Furiani, le néo-défenseur prend ses marques. « Quand tu apprends un nouveau poste, pour compenser le manque d'automatismes, tu réfléchis beaucoup. Tu te lâches donc moins. Mais petit à petit, les sensations viennent. » A l'aube des retrouvailles avec le championnat, celui qui sera suspendu contre Lille voit une belle occasion de « se propulser dans la première partie de tableau ». « Montpellier a gagné à Paris. Comme nous, ils ont refait le plein de confiance. Mais il faudra bien faire la part des choses. Le tout n'est pas de réussir une bonne performance mais de confirmer sur la durée. »
Y.F.
