Marseille - Nice (CDF)

Passi contre Passi

Après avoir tous deux quitté les terrains, Franck et Gérald Passi ont chacun tracé leur route, dans le football. L’un est entraineur adjoint de l’OM. L’autre, membre de la cellule de recrutement de l’OGC Nice. Ce soir, leurs chemins s'entrecroisent. Nos questions aussi.

Quel regard portez-vous sur vos parcours après avoir raccroché les crampons ?

Franck Passi (entraîneur adjoint de l'Olympique de Marseille) : « Gérald n’avait pas pris ce chemin au départ. Après le football, il a fait une école de design, et pendant une dizaine d’années il a réussi dans ce secteur. Il avait ouvert sa boîte, ça se passait super bien. Il créait ses produits, il les faisait faire en Chine,… Il avait réussi une belle reconversion. Et, finalement, le fait de lui parler de ce que je faisais alors en tant que recruteur lui a ouvert les yeux sur autre chose. Ca a contribué à lui donner envie de revenir à ses premiers amours. Je trouve que son évolution est bonne. En passant par plusieurs clubs, il a pu se former en même temps. C’était quelque chose de nouveau, même si c’était du football. Petit à petit, il a pris de l’expérience. Il a attrapé le virus de la recherche. Quand on fait ce travail dans le recrutement, il faut aimer fouiner, voyager,… Ca lui correspond très bien ».

Gérald Passi (membre de la cellule de recrutement de l'OGC Nice) : « J’étais sûr que Franck deviendrait entraineur. Il est fait pour ça. J’aime beaucoup sa trajectoire. Il a pris son temps d’évoluer étape par étape. CFA, national, il a été « scout » aussi. Il est passé par tous les rouages, pour arriver aujourd’hui à un poste d’adjoint où il voit ce qu’est son métier au plus haut niveau. Etre adjoint n’est pas forcément naturel compte-tenu de sa nature. Ce processus lui a permis de tempérer son fort caractère. Ce qu’il fait aujourd’hui est très formateur pour lui. Il a changé d’entraîneur principal en cours de saison mais que ce soit avec l’un (Elie Baup) ou l’autre (José Anigo), il partait en terrain connu. On reconnaît aussi la qualité de son travail. Il est légitime ».

 

Comment voyez-vous la suite ?

Gérald Passi : « Je le pense bientôt prêt à prendre les rênes d’une équipe ».

Franck Passi : « Ca sera le cas un jour. On fait ce métier pour ça, aussi. Je n’ai pas voulu brûler d’étapes. Il faut avoir une bonne formation, ou alors ça survient comme ça. Il y a des joueurs qui s’arrêtent, on leur propose un job, et ils se forment sur le tas. Il y a pas mal d’écueils, car c’est un job assez complexe. Il a évolué. Il faut passer des diplômes, prendre des équipes,… Moi, j’ai eu la chance d’avoir ce travail d’adjoint. Il me permet de voir ce qui se fait et de me former pour l’avenir ».

 

Et l’avenir de Gérald ? Pourrait-il se rapprocher du terrain ?

Franck Passi : « Il pourrait aussi. Après, c’est une question de volonté, d’envie,… Un joueur qui a fait 18 ans de carrière à ce niveau, en étant international, qui a passé les diplômes, c’est quelqu’un qui peut se retrouver un jour sur le terrain ».

Gérald Passi : « J’aime le recrutement. Je suis un chercheur. J’aime aller comprendre. L’idée de passer sur le terrain, oui, je peux l’avoir. Après la question c’est avec des jeunes ou avec des pros ? Je me sens à l’aise avec la formation, mais comme je suis toujours à me fixer des challenges, je ne sais pas… Aujourd’hui, je suis à la cellule de recrutement et je m’y épanouis. C’est un domaine intéressant, et encore plus dans un club comme l’OGC Nice, où il y a un projet ».

 

Quand ils sont entre eux, les Passi parlent-ils beaucoup de football ?

Gérald Passi : « On s’appelle très souvent. On débriefe de temps en temps. Il apprécie d’avoir un regard extérieur, sans concession. C’est intéressant pour moi aussi, ça me permet de comprendre ce qu’il vit ».

Franck Passi : « On échange souvent, mais pas la semaine où l’on va jouer l’un contre l’autre (rires). Tout le monde parle de football, c’est notre cas aussi ».

 

Marseille ?

Gérald Passi : « Je suis un peu déçu, parce qu’à peu près à la même époque l’an passé, Marseille avait trouvé un style de base. C’était un OM à réaction, mais cela faisait sa force. Les plans ont changé, et je ne sais pas si c’est pour cette raison, mais l’équipe semble en manque de bases. Il y a des jeunes joueurs, à vrai potentiel, mais à qui l’on demande beaucoup. En tant que technicien, j’attends encore le déclic de l’an dernier ».

 

Nice ?

Franck Passi : « C’est un club où il y a toujours eu des bons joueurs. C’était déjà le cas quand je jouais. Mais c’était un club instable au départ. Là, je sens que Nice est parti sur un projet stable, avec à sa tête des gens qui ont la détermination de le mener à bien. C’est une bonne chose pour le Sud de la France, et plus particulièrement pour la ville de Nice. Il y a là-bas un public très attaché à son club. Et j’espère qu’ils vont réussir.

 

A présent que Gérald est à l’OGC Nice, est-ce que ces derbies sont différents ?

Franck Passi : « Non, ça l’était plus quand nous étions à des postes opposés sur le terrain, et que je le marquais (les deux frères évoluaient au milieu de terrain, ndlr). Là, oui, c’était spécial. C’était heurté, des fois. Un bon combat. Pendant une heure et demie, j’oubliais que j’avais mon frère en face. C’était un adversaire ».

 

Comment envisagez-vous le match de ce soir ?

Franck Passi : « Cela s’annonce difficile. On ne sait pas exactement dans quel état sera la pelouse. Si le terrain n’est pas bon, cela pénalise les deux équipes. Peut-être un peu plus nous, puisque nous devons prendre le jeu à notre compte.
Surtout, on connaît la qualité de Nice. C’est une vraie équipe, tout le temps. Ce sont des joueurs qui combattent de la première à la dernière minute. Et puis, il y a devant un vrai buteur, et derrière un très bon gardien. Il y a beaucoup d’absences dans les rangs niçois, mais nous ne devrons surtout pas débuter le match en ayant en tête que notre adversaire est affaibli ».

Gérald Passi : « Quand je vois ce que l’on a fait à Nantes, que l’on est capables de jouer au football ainsi, même s’il n’y a pas eu le résultat au bout, je me dis qu’on est en mesure d’aller titiller Marseille. Il n’y a pas dix classes d’écart entre les deux équipes. Si on joue vraiment collectivement bien, on peut faire quelque chose au Vélodrome. C’est la clé. On peut faire la différence là-dessus, face à leurs belles individualités ».