Interview

Cédric Kanté : « Le Gym, comme une famille »

Niçois entre 2006 et 2009, le défenseur sochalien était présent pour la Der' du Ray, le 1er septembre dernier. Marqué à vie par son aventure rouge et noire – 97 apparitions en Ligue 1 – il va découvrir l'Allianz Riviera samedi en championnat et le retrouver mercredi en Coupe de la Ligue.

Cédric, tu as rejoint en 2006 un Gym finaliste de Coupe de la Ligue...

Je sortais d'une saison un peu particulière à Strasbourg. Nous avions réalisé un bon petit parcours en Coupe d'Europe mais étions descendus en L2 au bout d'une saison catastrophique. A un âge où je voulais vraiment progresser, j'ai vu Nice comme une chance, et la suite de ma carrière l'a confirmé. J'ai numériquement compensé le départ de Sammy Traoré. Je me suis retrouvé en balance avec Anthar Yahia et Pancho Abardonado.

Une première année à la fois difficile et mouvementée...
La première partie avait été très compliquée, oui. Et je me souviens que les arrivées de Lionel Letizi et Lilian Laslandes en janvier avaient été décisives. Nous sommes restés unis pour finalement nous sauver à deux journées de la fin. Ce fut très chaud...

Les deux saisons suivantes ?
J'en garde un excellent souvenir. Nous étions sûrs de notre force. A la maison, nous jouions tous les matchs – même ceux contre les grosses cylindrées – pour la victoire. Tous nos concurrents ne pouvaient pas en dire autant... Avec le recul, je crois même que nous aurions pu être encore plus ambitieux. J'ai poursuivi ma progression parmi un groupe de qualité. J'ai profité du niveau de joueurs comme Hugo (Lloris), Apam, Baky (Koné), Ederson... Le bon travail du coach Antonetti a également été reconnu et plusieurs de nos joueurs sont partis pour des clubs assez sympas.

« Nous aurions pu marquer l'histoire de la ville »

Une dynamique entachée par ce fameux match contre Vannes (élimination au Ray, aux tirs au but, en 1/2 finale de la Coupe de la Ligue) ?
Aujourd'hui encore, je me demande comment nous avons pu nous louper. Nous avions beaucoup misé sur ce match, sur l'idée d'une finale au Stade de France. Au-delà du club, nous aurions pu marquer l'histoire de la ville. Il a manqué ce petit quelque chose. Mais même si ce couac a gâché le reste de la saison, les saisons qui ont suivi ont montré que celle-ci n'était pas si mauvaise...

Quel souvenir conserves-tu de ton aventure suivante, au Panathinaïkos (2009-2012) ?
En termes d'exigences et de structures, j'y ai découvert le très haut niveau. Le championnat était inférieur à la Ligue 1 et nous n'avions pas le niveau pour réellement jouer la Coupe d'Europe, mais j'ai accompagné et affronté de nombreux grands joueurs. Avec le titre comme seul objectif, j'ai aussi goûté à une pression incroyable. J'ai vécu des matchs mémorables dans des ambiances indescriptibles. Surtout les deux premières années, avant que les premiers effets de la crise ne se fassent ressentir.

Comment s'est effectué ton retour en France ?
Un peu par défaut. Les sportifs français qui goûtent à la conception étrangère du sport, toujours très positive, ont rarement envie de rentrer au bercail. Pour ma part, je me régalais en Grèce. Mais les difficultés financières grandissantes du pays, justement, m'ont contraint à rentrer. Les approches les plus concrètes sont venues de France et nous nous sommes rapidement accordés avec Sochaux. J'étais heureux de retrouver un bon club, structuré et historique. La première saison a été difficile après un départ catastrophique. Puis nous avons redressé la barre et réussi quelques gros coups en battant notamment Paris et Marseille.

« J'étais obligé de venir à la Der' »

Le 1er septembre dernier, tu as tenu à être présent pour la Der' du Ray...
Lorsque j'ai reçu l'invitation, je n'ai pu que venir. Pour ce que le club m'a apporté, et la petite trace que j'espère avoir laissée, j'étais obligé d'être présent. Quand on porte le maillot niçois pendant quelques temps, on a l'impression d'intégrer une famille. J'ai gardé beaucoup d'amis ici, à l'intérieur et à l'extérieur du club. Voir les anciens de 4-5 générations réunis pour la dernière d'un stade, c'était incroyable. On ne pourrait pas retrouver ça partout...

Pour la première fois, tu vas fouler la pelouse de l'Allianz Riviera...
Je préfère jouer à l'Allianz Riviera qu'au Ray, qui reste un peu spécial pour moi. Nice a désormais l'un des plus beaux stades de France. Une enceinte que les footballeurs ont envie de découvrir, un peu comme celle de Lille. Dommage que les deux clubs se trouvent dans une situation comptable compliquée. Dans une autre dynamique, j'aurais davantage apprécié le contexte.

Un mot pour les supporters ?
Je suis vraiment content d'avoir pu compter sur leur soutien pendant trois ans. Ils ont une part importante dans l'évolution du club. Les dirigeants, les joueurs et même le stade changent, mais eux restent. Toujours avec la même ferveur. A Nice, j'ai compris l'importance que peuvent avoir les supporters pour leur club. Ils ne sont pas actionnaires comme à Barcelone mais c'est comme si le club leur appartenait. 

Y.F.