Dans le rétro'
Il y a 40 ans, Nice - Marseille
Il y a 40 ans, quasiment jour pour jour, la plus belle ville du monde vivait son premier Nice – Marseille avec des ultras niçois en tribune Sud. Quel était le contexte ? Qu’avait donné le match ? L’ambiance ? Voyage dans le temps.
Se plonger dans ces archives, c’est comme se plonger dans la Baie des Anges par un joli matin d’automne. L’entrée est un peu fraiche, comme le sont les pages de notre mémoire collective. Mais rapidement, le frais devient le bon. La poussière se noie. Le corps et la tête s’alignent. Après deux brasses et une planche, on se dit que la jeunesse n’est pas une question d’âge et qu’on devrait plonger plus souvent, pour être bien chaud…
Le premier Nice – Marseille vécu par des ultras niçois se déroula le 22 novembre 1985. 6 mois auparavant, un succès à Grenoble (3-2) valida la remontée du Gym dans l’élite. Une fête de mai à l’impact monumental. Sur le moment, où la Prom’ enfila un costume rouge et noir, taillé dans des milliers de sourires. Puis sur les mois, les 10, les 20, les 30 et les 40 ans qui suivirent et qui nous amènent, le 21 novembre 2025, à un Nice – Marseille anniversaire.
Ce 22 novembre 1985, donc, le mouvement ultra niçois en est à ses débuts, structuré autour d’une « bande de collègues » qui donnent de plus en plus de voix au sein des tribunes populaires du Ray. L’équipe dirigée par Jean Sérafin reste sur un nul contre Lille (0-0) et une défaite à Laval (2-1). Elle occupe la 11ème place du classement après 20 journées. En face, l’OM de Zarko Olarevic, où évolue notamment un certain Christophe Galtier, vient de battre Auxerre (2-1), mais stationne un peu plus bas, à la 15ème place. 8000 supporters garnissent les tribunes du Ray, dont des Marseillais. Guy Mengual est en une du 10ème numéro du magazine de match « Allez Nice ». Nous sommes déjà un vendredi. Ottorino di Bernardo donne le coup d’envoi à 20h30.
Les Aiglons mettent la pression dans le premier quart d’heure. Joseph Antoine Bell, le gardien marseillais, s’emploie pour garder sa cage inviolée, tout en évitant les chambrages d’un Gilbert Marguerite de retour de blessure et déjà remuant. L’immense Carlos Curbelo manque le cadre sur un coup franc aux 25 mètres. Nice domine, Marseille opère en contres, mais Dédé Amitrano se montre impérial dans sa cage, en repoussant une frappe de Jean-Louis Zanon et en gagnant son face à face avec Abdoulaye Diallo. Les acteurs « envoient » et se respectent. Le spectacle est au rendez-vous.
À la 35ème minute, le vieux Ray exulte. Les Aiglons jouent rapidement un coup franc collé à la ligne de touche, couloir gauche, à 25 mètres de la cage provençale. Petit jeu entre Hervé Blanc et Jean-Paul Bernad, puis balle en profondeur pour Dominique Lefebvre. Le centre du natif de Valenciennes est sublime, tout comme la glissade de Gilbert Marguerite au point de pénalty… et la volée du gauche du jeune Fabrice Mège, 20 ans, lancé au deuxième poteau. Lui le droitier, déjà auteur de l’unique but de la victoire contre Bastia un mois plus tôt, tombe comme un éclair. Il entre de tout son cœur dans son ballon et le ballon entre de tout son poids dans les filets.
Les Aiglons tentent de faire le break avant la pause. Sans succès. Ils touchent 3 fois les poteaux lors d’un second acte disputé face à la Sud, par l’intermédiaire de Pascal Françoise, une fois, puis d’El Potro Dominguez à deux reprises. Amitrano intervient sur les rares contres phocéens. Le Gym domine et finit par obtenir une victoire bien méritée, sur le plus petit des scores.
Les drapeaux rouge et noir sont agités par « une bande de collègues » qui donnent de la voix dans les tribunes populaires. Ils sont une dizaine au départ. 40 ans plus tard, presque jour pour jour, l’association Populaire Sud compte environ 4.000 membres et des milliers de sympathisants. Le Gym évolue à l’Allianz Riviera.
Et l’on signerait bien volontiers pour que le match à venir s’achève de la même manière que ce plongeon dans les archives…
Source : Allez Nice, France Football, « Les Gens veulent savoir »
(archives Serge Gloumeaud et Michel Oreggia)
Constantin Djivas
