Revue de presse

Fabrice Bocquet, 1re interview de président

Fabrice Bocquet a accordé à Nice-matin et L’Equipe sa première interview depuis sa prise de fonction en tant que président de l'OGC Nice. Morceaux choisis.

« ON A CHOISI DE PROTÉGER LE CLUB »

« Le contexte du football français est difficile avec la chute vertigineuse des droits télé donc il faut s’adapter. Et ensuite c’est la vie d’un mercato, parfois il y a des aléas. ça a rajouté à la complexité économique. On a eu quatre situations médicales qui ont fait qu’on n’est pas allé au bout de certains transferts. Königsdörffer et d’autres (il refuse de les évoquer en raison du secret médical). On aurait pu forcer certaines situations mais on a choisi de protéger le club, contrairement à certaines décisions prises par le passé. Au final, quand on regarde le résultat, on est retombé sur nos pieds mais ça n’a pas été facile ».

 

LA BALANCE ENTRE ACHATS ET VENTES

« Ça fait déjà deux années de suite où on a une balance nette positive de 30 millions d’euros entre les ventes et les achats. Ce n’est pas un hasard, c’est un objectif extrêmement clair en interne. Au-delà même des ventes effectuées, il faut regarder aussi ce qu’on a investi (30 millions d’euros). Pratiquement le double de l’été dernier (17 millions d’euros). Pourquoi ? Parce qu’on a été capable de valoriser certains joueurs. La préoccupation principale était surtout de construire le meilleur effectif possible dans un cadre économique donné ».

 

UN FONCTIONNEMENT QUI N’ÉTAIT PAS VIABLE

Fabrice Bocquet entame sa 4e saison à l’OGC Nice. À présent président, il entend poursuivre le travail mené précédemment comme directeur général pour assainir les finances, renforcer les structures et faire progresser le club. Une ambition de continuité et de stabilité dans un contexte économique extrêmement défavorable malgré le soutien constant d’INEOS : « Au début, j'ai cru que j'avais rejoint un actionnaire État et pas un actionnaire entreprise, compte tenu des montants, largement supérieurs à 100 millions d'euros, qu'il fallait qu'Ineos investisse chaque été pour que le club puisse juste passer l'année. Ce mode de fonctionnement n'était pas viable... Et tout ça s'inscrit dans un contexte catastrophique des droits télé ».

 

« L’IMPACT DE LA CHUTE DES DROITS TV EST CATACLYSMIQUE »

« Il y a deux ans, le club touchait 30 millions d'euros de droits télé ; l'année dernière, c'était 15 millions ; cette année, on va être à 8 millions », retrace-t-il. « L’impact est cataclysmique. On est revenu au niveau des droits télé inférieur à ce qu'il se faisait au niveau des années 2000. Or, les clubs français sont de base très dépendants au transfert. Ils ont tous un déficit opérationnel très important. Donc, ils doivent compenser ces pertes par des transferts, par avoir une balance positive, sauf que ce fossé ne fait que s'accroître année après année à cause de la chute des droits télé. Donc, en fait, on ne fait que compenser des pertes, et en plus, dans tout ça, on a l'aide d'Ineos. Parce qu'Ineos a investi plus de 30 millions d'euros cet été. S'ils ne mettent pas les 30 millions, vous n'avez pas de budget pour recruter (…) Notre objectif, c’est de réduire notre masse salariale et maintenir une bonne performance sportive en faisant émerger aussi des jeunes du centre de formation. On a un très bon exemple avec la vente d’Evann Guessand. On est sur le bon chemin. ».

 

« ON NE SE REND PAS COMPTE DE L’EFFORT EFFECTUÉ »

Un « bon chemin » emprunté, qui ne lui épargne pas les critiques. « Comme dit Ferran Soriano (directeur général du City Group), quand on est dans un club de football, c’est comme être un poisson dans un aquarium. Tout le monde regarde et tout le monde juge. Je ne m’en plains pas ». Naturellement aujourd’hui plus exposé (« parce que Jean-Pierre (Rivère), de par ce qu’il représente, était un formidable paratonnerre »), Fabrice Bocquet explique qu’au poste de directeur général (qu’il a occupé pendant 3 ans) « vous dites plus souvent non que oui, ça fait partie du job. Réduire la voilure, c’est une demande que je considère légitime (…) On a divisé par plus de 3 le besoin de cash du club en 3 ans. On ne se rend pas compte de l’effort effectué. Le modèle économique était très dangereux. Mais réduire des coûts ne sera jamais une stratégie, c’est un moyen par lequel on doit passer, une nécessité. Il faut être intelligent. On continue d’investir: on vient de changer toute une pelouse au niveau du centre de formation pour 700 000 euros. On a modifié des choses au stade pour améliorer le sentiment d’appartenance, on met 30 millions d’euros sur le marché des transferts. On continue de garder une structure forte au niveau de la performance ».

 

LA RELATION AVEC MANCHESTER

Cet été, les mouvements ont été denses entre Chelsea et Strasbourg (qui appartiennent au même groupe). Pas entre Manchester United et l’OGC Nice. « L’année dernière, on ne pouvait absolument rien faire pour la simple raison qu'on participait à la même compétition européenne qui était la Ligue Europa », replace Fabrice Bocquet. « Les règles initiales de UEFA étaient de n’effectuer aucune transaction entre les clubs sur plusieurs mercatos, dont celui qui vient de s’achever. Finalement, en juin, l’UEFA a assoupli cette règle. Sauf que ce n’était absolument pas prévu, à la différence de Chelsea et Strasbourg qui travaillent depuis un long moment sur ce partenariat multi-clubs. Chelsea sort d’une saison où ils ont fini en Ligue des champions et ont gagné la Coupe du monde des clubs, alors que Manchester est dans une saison de reconstruction. Il est concentré sur sa capacité à rebondir sur le court terme. Le projet multi-clubs va se développer. Pas comme Strasbourg-Chelsea, ça sera un modèle différent. Je n’ai aucune raison de croire que ça n’arrivera pas, parce que c’est dans l’intérêt de tout le monde ».

 

INEOS

« J’ai demandé à Ineos de s’exprimer pour clarifier et montrer qu’il n’y a aucune ambiguïté sur leur positionnement. Je suis comme Saint-Thomas, je crois que ce que je vois. Et moi, ce que je vois, c’est qu’économiquement, Ineos nous a toujours beaucoup accompagnés. Depuis l’arrivée de Jean-Claude Blanc, ils nous ont laissés travailler dans un environnement sain ».

 

VERS UNE VENTE DU CLUB ?

« À ma connaissance, non, mais il faudra poser la question quand vous aurez le représentant d’Ineos (Jean-Claude Blanc devrait s’exprimer prochainement). La notion de vente, j’en entends parler depuis des mois. Comme c’est le cas à Monaco, Toulouse, Angers... Ce n’est pas pour autant que ces clubs ne peuvent pas avancer. Moi, ce que je vois, c’est un actionnaire qui protège le club économiquement et qui laisse les gens bosser. Ce sont déjà deux cases cochées qui sont plutôt rares ».

 

LA RELATION AVEC LA POP’ SUD

« On les a rencontrés il n’y a pas longtemps. Le plus important, c’est de dire les choses, même celles qu’on fait moins bien. La confiance, non seulement ça prend du temps, mais c’est fragile. Ce n’est jamais un dû ou un acquis, donc ça se construit, et il faut le faire avec humilité ».

 

ETRE DIRECT ET AUTHENTIQUE

Interrogé par Nice-matin sur la « compatibilité » de sa personnalité « avec un club du Sud comme Nice », Fabrice Bocquet insiste sur la notion d’authenticité : « J’ai grandi à Paris mais aussi en Colombie, qui a un côté quand même assez latin. Je suis marié avec une Sud-américaine, notre langue à la maison c’est l’espagnol. Mon rôle, c’est de m’adapter, avec ma personnalité, qui peut à certains égards correspondre au territoire, et à d’autres un petit peu moins. Je ne le vis pas comme une faiblesse, c’est juste un état de fait. Le plus important, c’est nos valeurs: être direct, faire preuve d’authenticité ».

 

NICE DANS LES INSTANCES

Animé de la volonté d’inscrire Nice dans une dimension national, en faisant entendre la voix du club dans les instances, Fabrice Bocquet est candidat pour intégrer le Conseil d’Administration de la LFP : « C’était important parce que le Gym fait partie des clubs qui comptent en France. J’y vais en me disant que je n’ai pas grand chose à perdre avec un état d’esprit serein et la volonté d’apporter ma fraîcheur. »

 

UN ALIGNEMENT FORT

« Avec Franck et Florian, on est restés soudés. ll y a eu des moments difficiles, mais c’est normal, on n’est pas des robots. On a été résiliants et la plus belle démonstration, c’est la prolongation de Franck » (…) « C'est un signal important qu'il y ait une unité », se réjouit-il. « Le fait de pouvoir construire sur la durée avec Franck Haise et Flo Maurice, c'est une excellente chose. Parce qu'avant d'être des bons professionnels, ce sont de bonnes personnes (…) Quand on travaille avec les gens sur la durée, on apprend à se connaître, à sentir la sensibilité de chacun. Les connexions qui se créent ne sont pas tangibles mais elles ont énormément de valeur. »

 

LA PROLONGATION DU COACH

« Ça s'est fait de façon très naturelle. Ça a pris moins d'une semaine (de discussions) pour qu'on aboutisse à la prolongation. », explique Fabrice Bocquet dans L’Equipe. « Dans ma vision club, la stabilité est très importante ».

Cette prolongation mettra-t-elle fin aux spéculations récurrentes sur l’avenir de Franck Haise ? « Peut-être, mais ce n'est pas parce que Franck prolonge, que des joueurs prolongent ou que Florian Maurice est en CDI, qu'ils ne peuvent pas être approchés aujourd'hui ou demain », répond le président de l’OGC Nice. « Ce qui nous intéresse, c'est de fonctionner avec des valeurs communes et de construire notre chemin en étant extrêmement clairs. Parce que lorsque Franck est arrivé, entre le projet qui lui a été présenté et la réalité d'aujourd'hui, la seule différence a été la baisse des droits télé, qu'on ne pouvait pas prévoir d'une telle ampleur. Sur tout le reste, il y a une cohérence avec ce qui a été dit. »

 

LE DÉFI D'ÊTRE ENCORE EUROPÉEN

Mi-août Franck Haise avait considéré en conférence de presse ne pas disposer encore d’un groupe susceptible d’être performant sur tous les tableaux, au moment de l’élimination face à Benfica. « On n’a pas besoin d’être Einstein pour savoir qu’entre les absents du moment et le mercato qui n’était pas terminé, on n’avait pas l’effectif nécessaire (pour répondre aux objectifs du club). C’est une situation à un instant T que l’on partage tous à 2000% », s’associe Fabrice Bocquet dans Nice-Matin. « Aujourd’hui, quand vous regardez notre effectif sur le papier, on considère que les conditions sont réunies pour se battre pour les objectifs du club: le top 7 et avoir un bon niveau de performance en Ligue Europa. Si on y parvient, ça sera la première fois dans son histoire que le club se qualifierait pour la troisième fois consécutive en Coupe d’Europe. Potentiellement, on peut faire un truc inédit. Et si pour X raisons, on n’est pas exactement dans ce niveau de performance, à partir du moment où on a fait les choses de façon cohérente en interne, on fera mieux par la suite ».

 

« J’Y CROIS DUR COMME FER »

« C’est ma 4e saison ici, et la 4e fois qu’on ne fait pas des débuts en fanfare. Avec une victoire contre Nantes, on sera en avance par rapport à l’année dernière. Ce qui a été embêtant contre Le Havre, au-delà du résultat, c’est le contenu. Aujourd’hui, on a un effectif, mais on n’a pas encore une équipe qui se dégage. On est très conscients qu’on doit faire tous beaucoup mieux. Le niveau d’engagement vu contre le HAC, ce n’est absolument pas ce qu’on a envie de montrer. Ça appartient aux joueurs de créer leur propre histoire. Je crois dur comme fer qu’on va y arriver ».

 

EN INTÉGRALITÉ

Retrouvez les interviews en intégralité sur les sites de Nice-matin et L’Equipe