
Nice 6-0 Brest
Haise : « On peut être fiers »
Voici la réaction de Franck Haise en conférence de presse quelques instants après le beau succès du Gym face à Brest (6-0), et la qualification assurée par ses hommes pour les tours préliminaires de la prochaine Ligue des champions.
Coach, vous avez vécu de belles émotions ce soir (samedi)...
Ce sont des bons moments. Ça fait 38 ans que je suis dans le foot, 22 ans que j'entraîne... Forcément, les émotions ne sont pas toujours aussi exacerbées que ce soir. Quand on met de la joie, des sourires sur les visages... Notre métier sert surtout à ça.
Cette quatrième place est belle pour votre équipe...
Oui, elle est belle. Vous le savez aussi bien que moi, on est passés par des moments très compliqués. D'être quatrième, quand on voit les équipes qui sont derrière nous, avec 60 points, beaucoup de buts marqués... C'est une vraie satisfaction.
Qu'avez-vous eu de plus que vos concurrents directs ?
Sur les derniers matchs, on a fait quelques petites modifications, par volonté de rapprocher un peu les joueurs offensifs et de mettre une pression plus directe sur l'axe défensif adverse. Sur le plan mental et émotionnel, je trouve qu'on a bien géré. On est restés calmes, notamment ce soir, parce que Brest a bien commencé. Ils n'étaient pas venus faire de la figuration. Mais on a été efficaces en assez peu de temps. On s'est mis sur de bons rails, en restant toujours vigilant face aux problèmes qu'ils pouvaient nous poser. Après, on a réussi à enfoncer le clou par Gaëtan (Laborde) en fin de match.
Sur la saison, estimez-vous que cette 4ème place est méritée ? Vous dites souvent que le classement ne ment pas...
Nice est quatrième. Même si on n'a pas été hyper-réguliers, parce qu'il faut l'être pour terminer dans les 2-3 premières places, on a bien optimisé tout ce qu'on a vécu dans la saison. Même lors des moments très difficiles, on a gardé le cap en haut du club, avec le staff, avec les joueurs. Au niveau de la direction du club, ça a toujours été calme et c'est rarement le cas dans le football. Ça compte pour traverser des moments difficiles.
Le parcours va être difficile pour passer les barrages et rejoindre la Ligue des champions, mais le club va jouer sa chance à fond...
Savoir ce qu'il se passera, où on en sera quand on reprendra l'entraînement, puis le 5 ou le 6 août pour les tours préliminaires, je ne peux pas vous le dire. Ce sont des saisons très particulières, avec des moyens différents. Je ne sais pas. Ce qui est sûr, c'est qu'on se battra avec nos forces, du mieux qu'on pourra. On s'est qualifiés pour ces tours préliminaires mais on jouera notre chance, même si on croisera vraisemblablement des adversaires beaucoup plus forts. Mais on a été capables d'en battre quelques uns qui étaient plus forts que nous cette saison en championnat.
Aurez-vous un petit goût de revanche par rapport à votre dernier parcours en Coupe d'Europe ?
Ce qui est certain, c'est qu'on participera à la Coupe d'Europe, en espérant que ce soit la Ligue des champions. On aura tous à coeur de vivre de belles émotions aussi en Coupe d'Europe, et pas qu'en championnat.
Vous aviez quitté Lens avec le goût d'un nouveau challenge. Cette première saison à Nice, avec un nouvel environnement à appréhender, est-elle parfaitement réussie ?
Parfaitement réussie, non. Mais au vu du contexte et des événements, elle est plutôt pas mal réussie.
Vous aviez confié avoir beaucoup appris de cette saison...
Quand on a envie d'apprendre, on apprend toujours. C'est un métier qui nécessite de l'ouverture et de rester calme, le plus possible, même si des événements peuvent parfois vous titiller un peu. On a toujours le choix de sa réponse. Je pense que j'ai fait quelques progrès là-dessus, mais je ne suis toujours pas parfait. Avec les salariés du club, le staff, même s'il y aura des changements, tout le monde a bien bossé, les joueurs aussi évidemment, c'est à eux qu'il faut tirer le plus grand coup de chapeau, à l'image de Terem (Moffi) et de son but. C'est un symbole, parce qu'on a perdu des joueurs très gravement sur blessure, on en a perdu d'autres sur la fin de saison. Notre saison a été vraiment difficile. La saveur de terminer quatrième, avec tout ce qu'on a vécu, c'est assez fort.
Quel sera le programme des festivités pour vous ce soir ?
Ça sera assez calme. Peut-être un bon verre de vin, on verra. Je vais redescendre tranquillement mais je vais célébrer ça avec mes proches qui sont à Nice et ceux qui sont plus éloignés, en Normandie, avec mes amis un peu partout en France. Je pense aussi à eux ce soir.
Evann Guessand a été l'un des éléments moteurs offensivement cette saison. Pourrez-vous toujours compter sur lui l'année prochaine ?
Je ne sais pas ce que sera notre effectif la saison prochaine, il va forcément bouger. Vous vous doutez qu'Evann fait partie des joueurs très sollicités. Ce qui compte, c'est ce qu'il a fait cette saison. Ça, il l'a bien fait et il a très bien terminé. Nous, comme d'autres clubs français, sommes dans l'obligation de vendre avant d'acheter. On connaît le principe. Je sais ce qu'il se passera vraisemblablement. Ce qui compte, c'est de goûter le moment présent, de féliciter tout ceux qui ont travaillé pour amener le club à cette 4ème place. On continuera avec d'autres, c'est le football.
On vous sent dans la retenue ce soir. Vous allez tout de même fêter ça ?
Je suis souvent dans la retenue. Je ne suis pas d'une nature à monter trop vite sur la table. Je suis très heureux pour plein de personnes ici au club, c'est ce qui compte le plus pour moi. Mais je suis aussi heureux pour moi, attention !
Est-ce que vous retenez un moment charnière ou une victoire qui aurait été plus importante que les autres cette saison ?
Pour moi, le moment qui a été le plus important de tous, c'est quand Youssouf (Ndayishimiye) a égalisé à Strasbourg. Si on avait pas obtenu cette égalisation là, je pense que la fin de saison n'aurait pas été la même. Je me souviens que je disais sur le banc qu'on allait marquer, j'y croyais vraiment. Ce moment-là devait compter et il a compté. Bien sûr, il y a aussi la victoire à Paris, mais s'il n'y avait pas eu ce but de la tête à Strasbourg... D'ailleurs, ce but a aussi compté pour Strasbourg.
Ce but vous a apporté une nouvelle énergie ?
Oui. Avant le match, plus grand monde ne comptait sur nous, assez logiquement. On s'est dit qu'on ne pouvait pas lâcher, on avait fait un très bon match en plus. Ensuite, on a gagné quatre matchs sur les cinq suivants. Pour moi, c'est le moment charnière de la saison, notamment parce qu'on se rapprochait de la fin.
Est-ce la saison la plus éprouvante de votre carrière d'entraîneur ?
Je suis bien physiquement, le président (Jean-Pierre Rivère) m'a dit que j'étais aussi frais qu'au début de la saison ! Mais non, c'est celle que j'ai vécue l'an passé à Lens, mais c'est surtout parce que je cumulais d'autres fonctions, qui avaient été particulièrement harassantes. Cette saison à Nice, je l'ai plutôt bien traversée. Quand on est entraîneur, il faut savoir se protéger pour pouvoir aider les autres, donner de l'énergie, être présent quand on a besoin de vous... Sur les dernières années, je l'ai bien compris. J'ai réussi à avoir des moments de coupures en famille, pour débrancher un peu le moteur, ce qui m'a permis de garder des moments de fraîcheur jusqu'au bout.
Où placez-vous cette saison dans votre carrière ?
J'ai vécu une saison hors normes avec Lens, en terminant 2ème de Ligue 1, en battant un record de points, en se qualifiant pour la Ligue des champions... Mais je pense que cette saison-là, avec tous les éléments que nous avons vécus, elle est juste derrière. Ça fait cinq ans que j'entraîne en Ligue 1, j'ai eu la chance de ne vivre quasiment que des saisons plutôt sympa, très sympa voire très très sympa. Cela ne sera pas toujours le cas.
Avez-vous le sentiment d'avoir tiré la quintessence de votre groupe ?
On peut toujours faire mieux. Même Luis Enrique se dit qu'il peut faire mieux. Nous pouvons toujours faire mieux. Mais je pense qu'on a tous fait du bon travail et on peut être fiers de ça.
Le fait de revenir plus tôt pour démarrer la saison prochaine, comment l'envisagez-vous ?
J'avais prévu de revenir plus tôt de toute façon. Quand vous perdez une petite semaine de vacances parce que vous avez la possibilité de vous qualifier en Ligue des champions, ce n'est pas un souci. On reprendra l'entraînement le 23 juin.