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Lattron : « C'est un défi de continuer l'aventure »

Entraîneur des U17 de l’OGC Nice depuis l’été 2021, Romain Lattron s’est penché sur les objectifs de sa jeune équipe avant la reprise du championnat à Castelnau (samedi 25 mars à 15h). En tête de leur poule à six journées de la fin du championnat, et plus que jamais proches d’une qualification pour les phases finales, les jeunes Aiglons sont ambitieux et déterminés, même si leur coach de 33 ans reste lucide et axe son management sur deux principes forts au-delà des résultats : le goût de la compétition et la progression individuelle.

Coach, commençons par l’actualité récente. Ton équipe vient de remporter le choc du haut de tableau face à Saint-Etienne (2-1, le 12 mars). Comment analyses-tu ce succès ?
Manu Pires (directeur du centre de formation) nous répète souvent que les matchs sont faits pour faire progresser nos joueurs. Celui-ci est à l'image de cette ambition. 

Contre Saint-Etienne, on a réussi collectivement à faire des choses intéressantes selon les principes  de l’OGC Nice : un pressing haut, un jeu de possession et de l’efficacité dans les deux surfaces. Je pense qu’on a réussi à montrer cette image au public et à donner du plaisir aux spectateurs. Nos joueurs ont réussi à progresser individuellement selon leurs objectifs qu’on travaille au quotidien.

Avant la dernière ligne droite du championnat, les U17 réalisent déjà une belle saison, avec 15 victoires en 20 matchs et une série en cours de 15 rencontres sans défaite. Comment expliquer cette régularité ?
C’est ma deuxième saison au club et grâce au soutien du staff et de mon directeur Manuel Pires, on a réussi à programmer des joueurs "en compétition constante". Ils ont des objectifs individuels à atteindre, mais aussi les principes de jeu de l’OGC Nice à acquérir. Le tout lié par des challenges et une compétition au quotidien. Chaque jeu vaut des points, il y a un défi constant entre les concurrents du même poste, entre les “première” et les “deuxième année”… Toute cette dynamique de challenge se retranscrit sur le terrain avec de l’ambition collective. Ce ne sont pas onze titulaires et cinq remplaçants qui sont en train de gagner, c’est un groupe de travail et d’entraînement, qui englobe les U15, les U16 et les U17. C’est avant tout une progression de tous les individus qui constituent ce groupe et qui s’investissent chaque semaine.

C’est ta deuxième saison à l’OGC Nice. T'attendais-tu à un exercice de cette qualité en termes de résultats et de progression individuelle des joueurs ?
Sur la première saison, étant néo-niçois, j’ai dû m’adapter à ce nouveau contexte, avec un effectif et un collectif qui m’étaient inconnus. Au fur et à mesure de ma compréhension des principes de jeu, de l’histoire du club et de ses objectifs, on a commencé à planter des graines. Les graines de la compétition, du challenge, de la culture du travail et de la motivation constante. Tout doucement, ces graines ont poussé, et les “deuxième année” (les 2006), ont pris l’habitude de travailler de cette manière.

On a replanté ces graines chez les 2007, les “première année”, et globalement, tout le monde a travaillé pour adopter les nouveaux principes. On a des jeunes joueurs qui sont en progression constante, qui répondent présent chaque week-end et qui commencent à se montrer dans les catégories supérieures. Je pense à Kaïl Boudache, à Daouda Traoré, ou à Sami Wattel qui sont de 2006 et jouent déjà en U19 ou en N3. On a aussi des “première année” qui évoluent régulièrement en 17 ans nationaux, chez nous.

Il reste six matchs, visez-vous clairement la qualification pour les phases finales, voire plus ?
On ne peut pas dire qu’on a l’ambition de viser la qualification. Sinon, ça voudrait dire qu’on met la performance collective et le classement avant la progression du joueur. Ce n’est pas du tout notre philosophie. Les joueurs doivent être inscrits dans les équipes où ils peuvent progresser le plus possible et dans cette dynamique-là, les joueurs disponibles qui seront alignés sur ces six matchs, iront chercher la meilleure performance individuelle, collective et si possible la victoire. On ne va pas modifier la dynamique que la direction souhaite pour finir premiers de notre poule. Si on peut le faire comme on le fait depuis le début de la saison, avec des jeunes joueurs et une majorité de “première année”, on le fera.

Les entraîneurs des équipes de jeunes expliquent souvent qu’il ne faut pas jouer pour les résultats mais pour le contenu, la progression des joueurs etc… Mais quand on est lancé dans une série comme la vôtre, continuer à gagner devient un objectif ? 
Pour moi, la compétition, c’est le quotidien du sportif de haut niveau. Le fait d’avoir une compétition constante, le week-end comme la semaine, oblige le jeune joueur à être tout le temps motivé. Il doit être motivé pour faire la meilleure performance en musculation, pour faire la meilleure performance d’un point de vue technique, dans son investissement mental, intellectuel et physique. Il doit tout le temps être en compétition, avec lui-même, avec ses partenaires la semaine et contre ses adversaires le week-end. On ne peut pas retirer la compétition de la performance et de la préparation d’un athlète de haut niveau. On doit leur apprendre à être motivés chaque jour. Une fois qu’on a ça, on prend la dynamique dans laquelle nous sommes actuellement, et il est vrai que tout le monde a envie de participer et que tous les week-ends, c’est un défi de continuer l’aventure.

Comment se passe la vie de votre groupe ? Est-il réceptif et travailleur ?
Quand je suis arrivé au club, j’ai eu de très bons échanges avec toutes les parties prenantes pour fixer un cadre. Il y a l’esprit de compétition, mais également le bien-être, mental et physique, le fait d’être en bonne santé. Le dernier élément pour moi, c’est la bonne humeur, qui vient parce qu’on est performants.

Les garçons ont été responsabilisés dans leurs règles de vie. C’est un groupe autonome dans le travail, qui sait s’adapter. Il y a une forme de bienveillance qu’ils ont les uns envers les autres. Ils n’hésitent pas à se dire les choses même si ça fait mal, ou si c’est fait de manière maladroite. Ils se parlent et essaient de réguler. C'est une preuve de maturité même s'ils restent des adolescents, avec tout ce que cette période peut impliquer. 

L’objectif de l’OGC Nice, depuis plusieurs années, est de mettre en place un style de jeu qui se retrouve des équipes de jeunes à l’équipe première. Depuis l’arrivée du coach Digard, l’OGC Nice propose un football basé sur l’intensité, le pressing… Est-ce quelque chose que vous essayez de mettre en place avec vos U17 ?
Didier (Digard) permet de valider ce qu’on fait au club et qui a été initié bien avant mon arrivée. Manuel Pires souhaite un pressing haut, une équipe agressive et capable d’avoir la possession du ballon, avec l’intensité nécessaire. Derrière, il faut rappeler ces principes à chaque catégorie. Les U16 et les U17 sont des générations d’âge chez lesquelles on retrouve plutôt du jeu de transition, peu de temps de conservation du ballon. Mon organisation consiste à faire en sorte que les joueurs sortis de ces catégories-là, soient en capacité d’être utilisés par les coachs U19, N3, voire pro, avec le moins de manques possible pour répondre présent au haut niveau et aux attentes de Didier (Digard). Il doit pouvoir avoir des joueurs qui correspondent à ce qu’il souhaite en termes d’intensité, de compréhension tactique, de capacité athlétique et de qualité technique de base.


Hugo Rondet