Focus

Sur les traces de Ross Barkley

Il fut le dernier à parler en 2022 et le premier à frapper en 2023. D’un tir de mortier dans la lucarne de Steve Mandanda, Ross Barkley débloqua son compteur avec le Gym au Roazhon Park, et un peu plus que ça. Auteur d’un doublé face à Montpellier – ce qui en fait le meilleur réalisateur niçois de ce début d’année -, l’Anglais avoue « se sentir de plus en plus (lui)-même » sur le terrain. Ce qui n’échappe à personne. Pour comprendre un peu mieux celui qu’il est et l’impact de sa personnalité sur son jeu, OGCNICE.com lui a demandé de plonger aux racines de sa passion. Une plongée passionnante…

« A Liverpool, il faut gagner avec agressivité »

Son parcours de joueur inciterait à 1000 questions, à 1000 papiers anglés de 1000 façons. Pourtant, à l’orée d’une phase retour pleine de défis, c’est vers l’homme que notre attention s’est orientée, avec l’idée qu’il nous en apprendrait plus sur Ross Barkley que ce que les amoureux de foot savent déjà. Le postulat de départ a été accueilli avec un sourire par l’intéressé, qui nous a pris par la main pour nous conduire dans les rues de Liverpool, où il est né le 5 décembre 1993. Liverpool, cité aussi iconique pour sa musique que pour un football qu’elle vit avec le cœur scindé en deux, tantôt rouge et tantôt bleu, deux couleurs unies par « le talent et l’agressivité », selon Barkley. Dès les premiers contacts sur le bitume ou dans les parcs : « Pour moi, petit, c’était football non-stop, comme pour beaucoup d’enfants. Être avec les amis, s’amuser, marquer, gagner, en parler à l’école, sans pression. À cet âge, c’est juste de la joie, du plaisir. Mais à Liverpool, encore plus qu’à Londres ou dans d’autres endroits, tout le monde est agressif dans la manière dont il veut gagner, même petit. (Après un temps de pause) Oui, chez nous, il faut gagner avec agressivité. Ça fait partie du jeu. D’ailleurs les supporters attendent la même chose que les supporters niçois : de l’engagement pendant 90 minutes. Peu importe ton club. »

Ross Barkley solide lors d'un derby entre Everton et Liverpool 

Entre le Liverpool FC et Everton, chaque "Scouser" doit faire son choix. Celui de Ross s’est vite arrêté sur la 2ème case : « J’ai toujours été un supporter d’Everton. J’étais fan de Duncan Ferguson, Wayne Rooney, Tim Cahill. J’allais voir les matchs, mon rêve était d’intégrer le club, ce que j’ai fait à 11 ans. »

« Petit, je regardais beaucoup de foot français »

À 11 ans, petit Ross vit le football en continu, sans jamais perdre le ballon de vue : « Depuis tout petit, j’ai toujours regardé le plus de matchs possible. Je ne loupais rien de la Premier League, mais je voyais aussi beaucoup de matchs des autres championnats. Par exemple, je me souviens que je me levais le samedi matin à 6h car une émission montrait tous les highlights de la L1, donc je prenais mon petit-déjeuner devant, avant d’aller jouer. Djibril Cissé à Auxerre, Ludovic Giuly à Monaco, Lyon champion : tout m’intéressait. Le foot allemand, italien et espagnol aussi. » Sportivement, son physique hors-normes et sa technique délicieuse l’amènent vite de l’arrière du terrain au devant de la scène. Défenseur central à ses débuts, il devient un milieu de terrain à 14 ans et un numéro 10 lorsqu’il bascule avec les pros à l’âge de… 16 ans, où il fait son premier banc. Une grave blessure à la jambe retarde d’une année ses débuts avec l’équipe fanion d’Everton. Couvé par Tim Cahill et Mikel Arteta, il débute en Premier League à 17 ans, face à QPR, le 20 août 2011.

Ross Barkley honorés par les fans des "Toffees"

La suite de son parcours est connue de tous : Barkley passe du statut de jeune talent à celui de diamant. Il devient le cerveau du club de son cœur, arrive dans la sélection des Three Lions en 2013, où il évolue avec deux de ses idoles de jeunesse : Wayne Rooney et… Steven Gerrard ! « Et oui, Steven Gerrard », légendes des Reds et grand rival d’Everton : « On vient de la même ville, c’était un joueur extraordinaire, même si je ne suis pas un supporter de Liverpool. »

Debout à droite, avec le maillot de l'équipe nationale 

Barkley joue la Coupe du monde 2014, reste sur le banc lors de l’Euro 2016, mais les sommets ne l’éloignent pas de la base : son amour pour le jeu et l’ailleurs. Qu’il soit à Everton (avec qui il compte 179 matchs et 27 buts en pro), en sélection (33 capes, 6 buts), à Chelsea (qu’il rejoint en à l’hiver 2018) ou Aston Villa (où il est prêté en 2020-21) : « Certains joueurs ont du mal à regarder les matchs ? Moi j’ai toujours continué et je continue encore. Je comprends le foot, je connais les autres ligues depuis petit. C’est pour ça que cet été, au moment de partir d’Angleterre, j’étais prêt. J’aime les expériences. J’avais envie d’essayer autre chose. Nice est arrivé, m’a présenté un projet ambitieux, je connaissais la ville : j’ai tout de suite été excité. »

« C’est encore possible de finir haut »

Avant de quitter l’Angleterre, Ross Barkley échange avec Olivier Giroud, son ancien coéquipier à Chelsea. Le champion du monde français le conforte dans son choix. Le 4 septembre, l’enfant de la Mersey débarque dans la Plaine du Var en préambule du derby face à Monaco. La suite démarre progressivement : le n°11 des Aiglons travaille dur physiquement au cours de la première partie de saison et apparaît seulement en L1 (il n’était pas qualifié en Conference League ndlr). Un championnat « de haut niveau » mais au visage différent : « Ici, les défenseurs centraux ont souvent du temps, en Premier League ils n’en ont jamais, ça presse de partout pendant 90 minutes. En France, tu peux prendre du temps pour construire ton action, réfléchir, repartir de l’arrière. Désormais, je m’adapte un peu mieux à ce jeu. »

Ross le Niçois 

Il débute 2023 en faisant parler la poudre, à 3 reprises. Bien intégré, en constante recherche « de connexions avec les autres joueurs, dont je comprends de plus en plus les mouvements », "Rossey" attend avec ambition la phase retour : « Sur ce début d’année, j’ai un feeling positif. Les 2 derniers matchs, on les a joués avec plus d’intensité. Mais je dirais qu’on le fait beaucoup plus depuis la reprise, on est bien revenu. On a bien travaillé, obtenu une bonne victoire contre Montpellier puis ce nul à Reims. La seconde partie de saison va être beaucoup mieux. On doit bien jouer, le coach Digard nous fixe des objectifs pour chaque match et chaque série de matchs, à court terme et à long terme. C’est encore possible de finir haut en championnat, on a de bons joueurs, une bonne équipe. On peut le faire. On en a besoin. Et puis il y a l’Europe… »

Un programme copieux qui débutera par une semaine incandescente, où Nice recevra Lille avant de se déplacer à Lens et Marseille : « On travaille beaucoup et on attend ces matchs », conclut Barkley, avec un trait d’union en guise de point final : « En Angleterre, quand les équipes du nord jouent contre celles du sud, c’est souvent très chaud. Je n’ai pas encore joué de Nice – Marseille mais je pense qu’au niveau de ce que l’on ressent et dans l’intensité, ça doit un peu se ressembler. »


C.D.

OGC Nice / Icon Sport