Match des légendes

Tordo / Cobos : Face à face entre légendes niçoises

Jeff Tordo. José Cobos. Monument du rugby, monument du Gym. Monuments niçois. L’ancien capitaine du XV de France et l’ancien capitaine des Aiglons seront côte à côte ce lundi, à l’occasion du match des légendes qui se déroulera à l’Allianz Riviera. Unis pour la bonne cause : 90 minutes (une mi-temps de football, une mi-temps de rugby) au bénéfice de l’association « Un sourire, un espoir pour la vie » de Pascal Olmeta. Avant ce bel évènement, dont l’OGC Nice est partenaire, l’ancien talonneur et l’ancien défenseur ont pris la parole ensemble. Toujours un plaisir…

Messieurs, pouvez-vous nous expliquer la genèse du match de lundi ?
José Cobos : Tout est parti de Pascal Olmeta. Je le connais depuis très longtemps parce qu’on a joué ensemble à l’Espanyol Barcelone et on n’a jamais rompu les liens. C’est quelqu’un de généreux, d’entier, qui se mobilise pour recueillir le maximum d’argent pour aider les familles dans les hôpitaux. Quelqu’un que j’apprécie beaucoup. Je remercie par la même occasion l’OGC Nice, qui est partenaire de cet événement, et la Ville de Nice, par l’intermédiaire du maire Christian Estrosi. Tout le monde se mobilise pour la bonne cause. Il y aura des stars mondiales sur la pelouse ce lundi, c’est une chance de les avoir ici. Il va y avoir du spectacle et je sais que les Niçois répondront présent. J’espère qu’ils seront nombreux pour la bonne cause, comme d’habitude.

Jeff Tordo : J’apprécie Pascal Olmeta. Il fait partie des footballeurs qui auraient pu jouer au rugby. C’est un personnage avec un mental, un charisme et un côté meneur d’hommes. Bref, un couteau suisse. Tu l’as mis au foot et il a été bon, mais je suis persuadé qu'il aurait été bon partout. Quand il m’a sollicité pour la bonne cause, je n’ai même pas réfléchi. La réponse était dans la question. Surtout à Nice.

Nice, ça reste un endroit à part pour vous Jeff ?
JT : C’est mon ADN. Je suis né à Nice, quartier de Magnan, début de la Madeleine. J’ai 7 générations niçoises. Quand je suis ici, je vis dans l’appartement où je suis pratiquement né. Pour moi c’est important d’avoir des repères, ça a du sens. J’aime les histoires, surtout les histoires familiales. Mes enfants sont nés là. Je suis né là et je serai enterré là. Nice, c’est mon terroir. Les couleurs azur et or, je les ai toujours défendues et je les défendrai jusqu’au dernier moment.

Vous avez toujours un regard sur le rugby niçois ?
JT : Je suis simplement là pour passer le témoin, pour dire que j’ai pleuré pour le club, que j’ai saigné pour le club. C’est un patrimoine que les anciens m’ont légué, il ne faut pas le galvauder. Ma fierté, c’est d’avoir été élevé au biberon Rugby Club de Nice. C’est mon ADN, comme la ville. Je serai toujours de tout cœur avec le club niçois et aujourd’hui avec le Stade Niçois. On a eu des heures de gloire, aujourd’hui, on n’est pas à notre place. Nice mérite au minimum la Pro D2 et dans le futur le TOP 14.

Il me semble que tous les deux, vous vous connaissez bien…
JT : Oui, très bien…

JC : Jeff est un personnage extraordinaire, un homme que j’apprécie vraiment, discret. On se croise souvent. Un vrai champion, capitaine du XV de France. Ce n’est pas n’importe qui.

Vous vous êtes déjà retrouvé ensemble sur un terrain ?
JT : Tout à fait. À la fin des années 90, on s’entraînait à Charles-Ehrmann, avec l’OGC Nice à côté. En début de saison, on faisait toujours un match rugby contre foot. Le but n’était pas de savoir qui allait gagner, mais c’était sympa, il y avait de l’échange, de la vie. 

JC : En faisant attention à éviter les blessures, bien sûr. C’était bien pour apprendre à se connaître parce que ce sont quand même les clubs phares de la ville, que le public apprécie. C’est bien de montrer qu’il y a un lien entre le rugby et le foot et plus largement, entre tous les sports niçois.

JT : Il y a toujours eu un lien, même dans l’esprit des gens. Quand on avait les grosses affiches, on allait jouer au stade du Ray, on arrivait quasiment à le remplir. 

Jeff, vous auriez vu José jouer au rugby ?
JT : Bien sûr. Comme Pascal Olmeta. Pour moi, 5 ou 6% des footballeurs auraient pu jouer au rugby. Tous les deux en font partie.

JC : Merci pour le pourcentage. C’est vrai. En plus à l’époque, on avait aussi une équipe qui ressemblait parfois à une équipe de rugby (rires). Même le président de la Ligue ou la Fédération m’ont dit que j’étais l’un des seuls joueurs de foot avec la mentalité rugby. C’est un bon compliment.

JT : Je l’aurais bien vu demi de mêlée, commandant.

JC : J’adore. Ça me fait plaisir mais c’est un poste important, lundi je le laisse à Deschamps, il est plus adapté à ça…

JT : Il y a des leaders naturels, José en fait partie. Notre ami Pascal Olmeta aussi. Ça ne s’explique pas. Tu as beau faire des séances de musculation, de sophrologie, tu es leader ou pas. Ce sont ces gens-là qui arrivent à fédérer autour d’eux, à trouver une alchimie, à transcender les coéquipiers. C’est magique. Il n’y a que dans le sport que tu trouves ce genre de relation humaine.

José Cobos aurait été un bon demi de mêlée. Et Jeff Tordo au foot ?
JC : Il aurait fait un bon défenseur ! De toute façon, c’est simple, à mon époque, en défense centrale : le premier soulevait le joueur l’autre le reprenait de volée.

JT : Défenseur polyvalent (rires). Le problème, c’est que j’ai deux pieds gauches, donc ça aurait été compliqué pour moi ! Par contre j’adore le foot, j’ai toujours suivi l’OGC Nice, je regarde beaucoup de matchs : c’est un sport d’exception avec une valeur planétaire : tu vas en Amazonie tu trouves un ballon de foot, pas de rugby. Quand je jouais, on s’entraînait souvent au foot, pour casser un peu le quotidien rugbystique. Et il y a de bons joueurs de foot chez les rugbymen… Mais aujourd’hui, peu importe le sport, l’essentiel, c’est l’humain. À Nice, il y a le foot avec, le water-polo, le basket, le handball, le rugby. Je pense qu’il y a une dynamique très sportive dans la ville : tant mieux ! Les valeurs du sport sont très importantes, elles génèrent beaucoup de choses pour les gamins. Elles participent notamment au fait d’en faire de bons citoyens, ce qui est une priorité.

Un dernier mot avant de chausser les crampons ce lundi ?
JC : Que les Niçois viennent nombreux, car c’est vraiment pour la bonne cause. Il faudra faire le spectacle, ça va être un bon moment. Bon, on ne va pas trop énerver Chabal (rires) mais il y aura un super esprit, avec des grands champions, Cantona, Barthez, Deschamps, Califano et d’autres. C’est vraiment un bel événement qu’on accueille dans ce beau stade de l’Allianz Riviera. J’espère que les Niçois seront là !

Jeff Tordo, une vie tournée vers les autres

Ancienne légende du rugby niçois et français, Jeff Tordo (58 ans) consacre sa vie aux autres. L’ancien talonneur et 3ème ligne aile du XV de France a créé en 2016 l’association Pachamama qui œuvre pour les enfants de Madagascar.

« On réinsère les enfants par le biais du sport, détaille-t-il. Une fois qu’ils viennent faire du sport, on les suit scolairement, et une fois qu’ils savent lire et écrire, on leur propose de faire une formation aux métiers de la terre, qui permet à des gamins de pouvoir, dans le futur, gagner le SMIC malgache, entre 45 et 50€. A l’heure où je parle, tous les gamins qui sont livrés à eux-mêmes, qui ne savent ni lire ni écrire, gagnent 40 centimes d’euro par jour. Voilà pourquoi je suis à Madagascar. En règle générale, je passe 3 mois de l’année à Madagascar et le reste en France. L’association salarie 11 personnes sur le projet rugby et 16 personnes sur la ferme agricole. C’est une structure qui demande du plein temps. Moi, je suis maçon, quand je rentre chez moi, je bosse jusqu’à 23h tous les soirs. On en est encore là, mais on fait quand même de belles choses. On essaie aussi de se professionnaliser pour toucher un maximum d’enfants. À Madagascar, 70% de la population a moins de 17 ans et malheureusement, le pays est toujours l’un des trois plus pauvres du monde. Toutes les 4 secondes, sur la planète un gamin décède des problèmes liés à la fin, la malnutrition, la maladie. Il y a quand même beaucoup à faire. Je ne vais pas changer le monde mais ça me touche profondément, donc c’est un de mes projets de vie. J’ai eu la chance de faire du sport de haut niveau. Ça m’a apporté beaucoup de choses, surtout l’ouverture d’esprit et le sens du partage. A Madagascar, les gamins sont passionnés de rugby, grâce à cette passion, on fait vivre l’espoir, on leur permet d’apprendre à lire, à écrire, et d’avoir un métier. C’est une de mes priorités depuis 2016. »

 

José Cobos

Capitaine iconique du Gym, avec qui il a disputé 192 matchs et inscrit 7 buts entre 1999 et 2005, José Cobos est un visage bien connu de tous les Niçois. Ancien défenseur central de grand talent, il fut l’âme de l’équipe qui fit remonter le club en L1, puis qui l’y stabilisa. Après diverses expériences en rouge et noir – entraîneur-adjoint des pros puis recruteur au club -, le natif de Strasbourg se reconvertit dans la politique en 2014, dans sa ville d’adoption. Cadre de l’équipe des Anciens Aiglons, il occupe aujourd’hui la fonction de Délégué à l'Événementiel sportif et à l'Accueil des compétitions sportives internationales à la Ville de Nice.

 

Les équipes présentes lundi

Football : Michel Platini, Fabien Barthez, Didier Deschamps, Eric Cantona, Jean-Pierre Papin, Gaëtan Huard, Vincent Candela, Sébastien Frey, José Cobos, Steve Savidan, Frédéric Piquionne, Frédéric Déhu, Sébastien Squillaci, Marama Vahirua, François Modesto, Djibril Cissé, Gaël Givet, Manuel Dos Santos, Ludovic Giuli, Eric Fraticelli, Paga, Redouane Bougheraba. Avec Henri Emile.

Rugby : Fabien Pelous, Sébastien Chabal, Thomas Castaignède, Jeff Tordo, Christian Califano, Emile Ntamack, William Servat, Vincent Moscato, Olivier Brouzet, Jean-Charles Orso, Trevor Brennan, Christian Labit, Denis Charvet, Pierre Mignoni, Aubin Hueber, Moktar Guetari, Yohan Huget, Arnaud Ducret, Kendji Girac, Philippe Dajoux.

Places en vente, à partir de 15€, sur le site de l’Allianz Riviera : www.allianz-riviera.fr