Portrait

Les mentors de Bulka

Prêté par le Paris Saint-Germain la saison dernière, Marcin Bulka (22 ans) a convaincu les dirigeants niçois de lever l’option d’achat au terme d’un exercice marqué par de belles performances en Coupe de France et une intégration express dans le vestiaire rouge et noir. Avant de poser ses valises sur la Côte d’Azur, le colosse a connu un parcours jalonné de voyages, qui l’ont mené de son petit village de Stegny Wyszogród à Nice, en passant, entre autres, par 3 capitales européennes (Varsovie, Londres et Paris). Des étapes marquées par des rencontres marquantes, qui ont contribué à façonner le grand et souriant Marcin. Il vous présente ses mentors.

Wieslaw, le tonton modèle

C’est certainement avec lui que j’ai attrapé l’amour du football, et plus précisément celui de gardien de but. Comme son père - mon grand-père donc - mon oncle évoluait dans les buts. Je ne sais pas si c’est génétique (rires). Ils n’ont jamais connu le monde pro, mais ils ont joué à bon niveau avec les amateurs. J’ai eu la chance de beaucoup voir jouer mon oncle, il m’emmenait partout, lors de ses matchs et de ses tournois. Je l’observais beaucoup. Pendant la mi-temps, j’en profitais pour jouer sur la pelouse. C’est grâce à lui que ça a commencé ! Et devinez quand il est venu me voir pour la première fois avec les pros ? Au Parc des Princes pour le 8e de finale de Coupe de France face au PSG (0-0, 5 t.à.b à 6). C’était un beau symbole.

Marek Chanski, le coach devenu ami

Marek Chanski était également présent ce soir-là au stade. Si on m’avait dit ça lors de notre première rencontre… C’était lors d’un essai pour entrer au sport-étude. Il y avait 10 candidats, et c’est lui qui m’avait recalé. Il faut dire qu’à l’époque je n’avais jamais eu la chance de faire d’entraînement spécifique pour les gardiens, je m’entraînais comme les joueurs. Mon premier entraînement spécifique c’était à 14 ans, ce qui n’est pas habituel aujourd’hui où les enfants débutent très tôt dans le but. On s’est retrouvés avec Marek à l’Escola Varsovia, qui est une académie satellite du FC Barcelone.

Quand je l’ai vu débarquer, je ne vous cache pas que je n’étais pas rassuré car il a un sacré charisme et que je n’en avais pas gardé un bon souvenir. Mais on a discuté, il m’a expliqué qu’on allait travailler ensemble et qu’avec le temps j’allais progresser. En 3 ans, on a bien bossé ensemble et j’ai pu taper dans l’œil de Chelsea. Depuis, nous sommes restés de bons amis, et aujourd’hui on rigole de cette histoire ! 

Marek Brzozowski, du village à la capitale

Je suis né à Plock où il y a une très bonne équipe de handball, mais j’ai grandi à Stegny Wyszogród un petit village de 3 000 habitants à une heure de la capitale. On avait une petite équipe de foot mais de bons joueurs et de bons coachs. Avec l’équipe des 1999, je jouais défenseur central. Mais j’étais aussi surclassé avec les 1996 car j’étais grand en taille. Un jour, le gardien des grands s’est blessé, et ils m’ont proposé d’aller dans le but. Je n’étais pas convaincu : j’ai regardé le but et je me suis dit : « Purée, il est grand ! » Maintenant c’est le but qui me regarde et qui pense l’inverse (rires). Malgré mes réticences initiales, j’en ai bien profité et j’ai arrêté quelques ballons. Je me suis dit : « Peut-être que c’est mon truc ! »

J’ai continué à alterner : joueur de champ le vendredi avec ma génération, et gardien le samedi avec les plus grands. Les week-ends étaient bien chargés ! Mon coach là-bas s’appelait Marek Brzozowski. C’est lui qui m’a emmené faire les essais au sport-étude puis à l’Escola Varsovia. Décidément, j’ai l’a chance des Marek dans ma vie !

Gianluca Spinelli, de Londres à Paris

À Chelsea, c’est lui qui m’a pris en équipe première pour les entraînements, quand j’avais 18 ans. A l’époque, les gardiens pros étaient Thibaut Courtois, Willy Caballero et Eduardo. Gianluca m’a beaucoup aidé, on était souvent ensemble. Après une saison, il est parti au PSG. On s’est retrouvé là-bas, deux ans après.

À Paris, on s’est connu encore plus. On restait longtemps et souvent ensemble, c’est comme ça pour les gardiens. On faisait les analyses de match, il me montrait beaucoup d’exemples des choses que je devais améliorer. C’est un coach qui aime écouter et donner des informations et ce qui est bien, c’est qu’il a envie de t’aider et qu’il a toujours des réponses précises à t’apporter. Il n’hésite jamais. Je suis resté 3 ans avec lui, j’ai beaucoup progressé. Je suis fier de m’être entraîné avec lui, je suis toujours en contact avec lui, il me suit toujours. D’ailleurs, je ne le savais même pas, mais il était là pour la finale de la Coupe de France, il m’a envoyé les photos après…

Nicolas Dehon, entraîneur des gardiens de l’OGC Nice

Je le connaissais déjà avant d’arriver ici, mais pas personnellement. En tant que coach et humainement, c’est le top. Sa méthodologie est différente de celles que j’avais connues auparavant. Chaque club, chaque entraîneur a ses spécificités. Comme Gianluca, Nico a travaillé avec d’excellents gardiens dans le passé, et a connu des gros clubs. Quand tu arrives, il te connaît, parfois il te teste.

Sur le terrain, il voit tout de suite tout ce que tu peux améliorer et il s’adapte à tes besoins. Du coup, tout au long de la semaine, il appuie sur ce que tu dois mieux faire. Super coach, super personne : on a un très bon contact, on parle tous les jours, on analyse beaucoup de choses.

Son autre grande force, c’est sa personnalité. Ensemble, on travaille énormément et il arrive à créer une bonne atmosphère entres ses gardiens. Quand tu viens heureux à l’entraînement, ce n’est pas la même chose que quand tu n’as pas envie de sourire. Tout est plus facile quand tu es content, Nico le sait. Pour moi, ça a été très facile d’entrer dans le groupe, grâce à lui. Il est très ouvert, je peux lui parler de tout, même des choses personnelles. Ce n’est pas simplement une relation « coach-joueur », c’est plus que ça et c’est important pour moi. Il me donne beaucoup de confiance, parce que je sais qu’il a confiance en moi. Quand c’est comme ça, tu n’hésites pas. Même avant le match, on s’échauffe ensemble, il parle beaucoup, motive. J’ai de la chance de travailler avec lui, je vais en profiter et tout donner pour progresser encore. Je sais où il veut m’amener et je sais comment il veut faire. C'est parfait pour la confiance, il fait que je me sens bien. C’est une bonne personne, franchement je l’aime beaucoup.  


F.Hill