Féminines

J-L. Donati : « Peut-être que la montée aurait été prématurée… »

Petites, moyennes, grandes : cette saison, les Niçoises ont brillamment porté les plus belles couleurs du monde sur tous les terrains de l’Hexagone. Alors au moment de dresser le bilan, c’est avec un mélange de fierté et d’ambition de Jean-Luc Donati, directeur général de l’association et « papa » de la section féminine, prend la parole, en décortiquant notamment le parcours de la locomotive qu’incarne l’équipe première.

L’équipe première termine à la 2ème place de sa poule de Division 2. Que retiens-tu de la saison ? 
C’est une belle deuxième place, alors que c’est seulement notre troisième exercice à ce niveau. Les deux premiers ont été tronqués par le Covid, c’est donc le premier qui reflète notre vraie valeur. Être à ce rang, c’est très bien. On est content de notre résultat, avec la meilleure attaque et la meilleure buteuse des deux groupes de D2 réunis : Sarah Palacin. L'objectif était le podium, on y est. On a peut-être rêvé un moment à mieux mais est-ce que ça aurait été une bonne chose d’y arriver ? Je ne sais pas. Peut-être que la montée dès maintenant aurait été prématurée.  

Prématurée ? 
Oui, c’est mon avis. On va s’y préparer. Ça nous a mis plus qu’en appétit et, comme l’appétit vient en mangeant, j’espère qu’on va concrétiser dans les trois années qui arrivent. Le club le mérite. 

Quelle analyse fais-tu de ce parcours ?
Nous avons quelques matches références. D’un autre côté, on s’est égaré contre des équipes réputées faciles qui, finalement, ne l’étaient pas. On a été accroché, on a perdu. C’était souvent dans des conditions... (il marque une pause) C’est normal, le football se joue sur des terrains en herbe. Ici, on n’est pas rompu à ce type d’exercice, car on évolue sur une pelouse synthétique, qui est très bonne d’ailleurs. Quand on se trouve sur des pelouses de bonne qualité, comme à Montauban (2-3) ou Yzeure (1-2), on gagne, comme par hasard, contre des équipes très bien classées. Ensuite, sans citer ni vexer personne, quand on évolue sur des terrains de bien moins bonne qualité, avec des conditions météorologiques qui ne sont pas celles azuréennes, on a beaucoup de mal. Ce n’est pas normal qu’on ne se soit pas adapté, ça fait donc partie des points qu’on doit améliorer pour la saison prochaine. 

« Marseille, Montauban, Yzeure… »

Quels sont les « matchs références » du début de saison dont tu parles ? 
Le déplacement à Marseille, trois semaines après les malheureux incidents en Ligue 1... C’était très spécial, avec une escorte policière, des stadiers, la sécurité. Tout s’est très bien passé, on a été très bien accueilli, il y avait de l’ambiance… Battre l’OM, c’est toujours important pour un Niçois, surtout dans ces conditions. J’ajoute le retour à Montauban (2-3), qui nous a permis de rêver en pensant qu’on pouvait encore le faire, qu’on pouvait encore monter. Puis le match à Yzeure, l’apothéose. Les filles ont sorti leur meilleure copie de la saison, et de loin, contre une bonne équipe qui venait de jouer la finale de la Coupe de France. Ça consolide notre seconde place, et ça concrétise une belle performance des filles dans leur ensemble. Yzeure ne s’attendait pas à une telle opposition. On a vraiment dominé le match. On a été bousculé dans le dernier quart d’heure, car ça poussait forcément, mais on a maitrisé. 

La saison a également été marquée par un joli parcours en Coupe de France...
C’est la première fois qu’on sort du niveau fédéral, comme ils l’appellent, c’est-à-dire le mélange entre régionaux et la D2 qui rentre. On a eu la chance d’affronter Fleury, qui est un très bon club de D1, un club référence au niveau du football féminin. Ça nous a permis de prendre conscience de nos capacités. On s’est incliné 3-0, mais c’est un match où on avait montré de belles choses. Le résultat est logique, mais c’est toujours bien de jouer ce genre de rencontre. 

À quoi as-tu pensé au moment d’affronter, enfin, une D1 ? 
(Rires) Que ça existe. En plus, c’est un club entraîné par un ancien Niçois, Fabrice Abriel et un président, M. Bovis, qui a des origines niçoises. Il y avait de bons signaux. Ça nous a permis de nous dire qu’un jour, ça peut débarquer ici au Complexe de la Plaine. Fleury est là, avec des internationales, une équipe qui finit 4ème de D1 Arkema, face à nous, chez nous… Ça fait partie des moments où on a rêvé à mieux.

« Matthieu fera sa lettre au Père Noël »

À quoi va ressembler l’OGC Nice version 2022/2023 ?  
Pour l’instant, on vise 4 joueuses : une par ligne, et, peut-être, une supplémentaire en attaque. On souhaite aussi rajeunir un peu l’effectif et donner la chance aux joueuses qui viennent d’en-dessous. On aimerait les intégrer dans le groupe. Elles n’auront pas de suite leur place, car elles n’ont pas le niveau d’évoluer en D2, mais, rapidement, on veut qu’elles s’entraînent avec les grandes, pour leur permettre d’acquérir un bon niveau. C’est important de donner une visibilité aux jeunes de chez nous. On a un bon groupe qui a disputé les barrages d’accession au championnat national féminin en U19 (défaite 4-0 à l’aller au GPSO 92 Issy, victoire 1-0 au retour), on va intégrer trois joueuses à l’équipe première la saison prochaine.

Sarah Palacin a tendu une perche au club en fin de saison, en disant qu’elle aimerait être Niçoise l’an prochain, mais que ça dépendait de toi et de Matthieu... 
(Rires) Elle le sera. Ce n’est pas un scoop parce qu’elle le sait. Sarah est une joueuse très attachante, très intelligente et, surtout, très efficace. Elle a une belle carrière. Elle est très contente chez nous et je suis très heureux de l’avoir. En plus, il faut qu’elle atteigne les 100 buts chez nous. C’est une bonne personne, une bonne joueuse, avec beaucoup d’expérience. Elle est une des taulières du groupe. On en a deux ou trois dans l’effectif. Elles prennent parfois la parole dans les vestiaires, on s’efface et elles prennent l’affaire en main. 

Est-ce qu’il t’arrive de jeter un regard en arrière pour analyser le chemin parcouru par la section féminine depuis 2005, date de sa création ?
Oui, parce que ça paraît loin… Je fais partie de ses créateurs. Je n’étais pas le plus ardent défenseur du football féminin à l’époque, je le reconnais bien volontiers. Les choses ont bien changé depuis. On a su élever notre niveau et, surtout, se structurer. On a 155 licenciées, des équipes dans toutes les catégories, une section sportive collège, à Frédéric-Mistral, labellisée éducation nationale, avec Laura Georges qui est devenue notre marraine. On a une section à horaires aménagés, avec le lycée Estienne d’Orves. On a également le label Or, une D2, on vient d’accéder à la R1 avec la réserve… Aujourd’hui, on ne peut pas faire mieux. À nous de continuer à avancer. Pour ce faire, il faut qu’on arrive à subvenir à moindre coût à certains besoins, notamment grâce à notre formation et notre préformation.

Laura Georges est désormais la marraine de la Section Sportive des féminines de l’OGC Nice, développée en partenariat avec le collège Mistral

« On est très regardant sur le dossier scolaire »

Des secteurs où, là aussi, tout se structure.
Grâce à nos sections sportives, les filles s’entraînent quatre fois de U12 à U15, et quatre à cinq fois pour les grandes. Je précise aussi qu’on est très regardant sur le dossier scolaire de ces jeunes. C’est très important. De toute manière, on ne nous fait pas de cadeau, même si on entretient de très bons rapports avec les deux établissements qui nous abritent. Si une joueuse n’est pas dans le tempo au niveau scolaire et, surtout, comportemental, la proviseure d’Estienne d’Orves et la principale de Mistral me le signalent et la jeune fille n’intègre pas la section. Chaque année, j'ai des refus, et, malheureusement, c’est souvent de très bonnes joueuses (rires). On est obligé de faire avec. 

En quoi la montée de la réserve en R1 que tu évoquais plus haut est-elle importante ? 
Elle va nous permettre de faire jouer une fille qui a un contrat fédéral et qui n’était pas dans le groupe en D2. Ensuite, le championnat régional est d’un bon niveau, on le connaît très bien pour y avoir longtemps évolué. Il va offrir à nos jeunes joueuses la possibilité de s’aguerrir, tout en les motivant et en incarnant une belle passerelle entre les U18 et l’équipe fanion.

Plusieurs joueuses, passées par la formation OGC Nice, sont désormais éducatrices. Est-ce une fierté ?
Complètement. Il y a Chloé Charrier, Mélina Haffaf, Sandra Rochetaing, qui avaient fait la finale du Festival U13 F, à Capbreton, il y a quelques années. C’est d’ailleurs un beau chemin, pour tous les gens qui nous ont vus au niveau régional, il y a quatre ans, et qui nous disent que ce n’est pas la même équipe. Ils ont raison. On a d’autres joueuses de D2 qui n’ont pas été formées au club et qui s’occupent d’équipes de l’école de football ou en U10-U11, grâce au BMF en apprentissage. Pour ces gamines dont elles ont la responsabilité, ce sont des exemples. Les petites reconnaissent leurs éducatrices, elles viennent les voir le dimanche. Il y a vraiment quelque chose qui se passe. On le sent aussi sur les réseaux et à travers la communication du club, que je remercie. Ce qu’on arrive à faire aujourd’hui, ce n’était pas pensable avant. On a une trentaine de supporters qui sont là à tous les matches féminins. C’est un gros changement par rapport au passé, je ne croyais pas que ça arriverait. Tant mieux que ce soit le cas !


Propos recueillis par Tom Mollaret