Interview

99 fois Sarah

Auteure de 99 buts depuis le début de sa carrière, Sarah Palacin pourrait atteindre la barre des 100 buts, ce dimanche, à 15h, lors de la dernière journée de D2 Féminine. L’attaquante de 33 ans espère partager ce moment avec ses coéquipières de l’OGC Nice (2e, avec 37 points), sur le terrain d’Yzeure (3e, avec 35 points), pour conclure une belle saison.  

C’est la dernière journée ce week-end. Est-ce spécial ? 
C’est un moment particulier pour toute l’équipe, car c’est le dernier match qu’on va vivre ensemble. C’est la fin d’un cycle, d’une saison de travail intense après deux années qui s’étaient arrêtées. On a une 2ème place à aller chercher, c’est un objectif important pour nous et pour le club.  

C’était un objectif en début de saison ? 
Oui, on voulait finir sur le podium. Une 2ème place, c'est valorisant pour le club. 

Il faudra faire un résultat contre Yzeure Allier Auvergne... 
C’est une bonne équipe, qui vient de perdre en finale de Coupe de France (contre le PSG, 8-0). C’est une formation physique, qui est rapide devant, qui joue en contre. On devra être prêtes dans les duels, dès la première minute. 

Penses-tu que cette défaite en finale aura un effet positif ou négatif ? 
Je pense qu’une finale de Coupe de France ne peut que booster. Ces dernières semaines, elles ont perdu des points, car elles avaient la tête à la finale. Elles ont fini l’expérience, elles ont vécu ça, maintenant, elles seront vraiment motivées pour rebondir. 

Êtes-vous déçues de ne pas avoir décroché le titre ? 
Forcément, il y a de la frustration quand on ne finit pas à la première place. Mais on a atteint l’objectif, donc ça reste une belle saison. C’est juste dommage qu’on ne puisse pas avoir pu tenir l’enjeu de la poule B jusqu’à la dernière journée, vu que Rodez a été déclaré champion il y a quelques matches. Je pense que ça se joue sur le match contre elles, même si on avait fait des faux-pas avant. L’expérience s’acquiert. L’année prochaine, on ne perdra pas ces matchs-là. 

Cette saison, l’OGC Nice Féminine a vécu une première, affronter une équipe D1 Arkema (Fleury, en Coupe de France, défaite 0-3, le 9 janvier). Qu’en retiens-tu ? 
Fleury est mon club formateur, donc c’était particulier. J’étais contente, car certaines de nos joueuses n’avaient jamais affronté une D1. C’est une belle expérience sur le plan sportif et humain, face à une très bonne écurie de D1. C’était un bon challenge, on a montré une belle image, donc on est sur la bonne voie, si on retombe sur une D1 l’an prochain. 

Tu dis “L’année prochaine, on ne perdra pas ces matchs-là”. Ça signifie que tu seras Niçoise la saison prochaine ?  
Je l’espère. Quand je suis venue, on a eu un échange avec Jean-Luc (Donati, directeur général de l’association OGC Nice) et Matthieu (Esposito, entraîneur de l’équipe D2). J’ai dit que je voulais finir ma carrière ici. Je suis bien, je me plais à Nice, j’aimerais faire une dernière saison ici, puis je prendrai ma retraite tranquillement, je laisserai la place aux jeunes. Donc oui, je pense que je serai Niçoise l’an prochain. 

Tu as joué la Coupe d’Europe avec le PSG. Comment te sens-tu dans cette équipe ? 
J’apporte une part d’expérience, de maturité, car c’est un groupe jeune. Cela dit, on s’apporte toutes quelque chose, même les plus jeunes envers les plus anciennes. Ensuite, j’échange beaucoup avec Matthieu sur notre système de jeu, la façon d’aborder l’adversaire. Il est dans l’échange, c’est intéressant, car ça apporte des détails importants. 

Tu as déjà marqué 99 buts en carrière. Tu pourrais atteindre les 100 ce dimanche.  
Ce serait magnifique. J’ai la chance d’avoir des coéquipières, le staff et le club derrière mon objectif personnel. Quand je me suis rendue compte avant le match contre Albi (le 8 mai, victoire 7-1) que j’étais à 97 buts, je me suis mis cet objectif en tête. Si je marque ce but dimanche, tout le monde sera content. Personnellement, je serai très heureuse de réaliser cet objectif. C’est beau dans une carrière d’atteindre cette barre. Il manque un but pour la passer, j’espère y arriver très rapidement. 

As-tu prévu une célébration particulière ? 
(Rires) Non, je vais juste partager la joie avec tout le monde. Un câlin collectif, ça ira très bien. 

Parvenir à ce nombre, ça prouve également ta performance chaque saison. 
C’est ça, c’est long une carrière, il faut être régulière. Je l’ai été. Je serai satisfaite d’y arriver. Aller plus loin ensuite ? (rires) Je veux déjà passer la barre des 100. 

Tu es également la meilleure buteuse des deux groupes de D2 confondus. 
Ce n’était pas du tout un objectif en début de saison. Il y en avait un qu’on s’est mis avec le coach : atteindre les 15 buts. Au fur et à mesure des journées, j’ai vu que mon classement s'améliorait. Maintenant, tout peut arriver. Mais oui, c’est gratifiant d’être première des deux poules, c’est un honneur à presque 34 ans. 

Presque 34 ans, et une carrière incroyable... 
Je suis comblée, j’ai vécu des moments extraordinaires. J’ai joué à Saint-Etienne, au PSG. J’ai pu connaitre la Ligue des Champions, une finale. J’ai eu énormément de chance. Je n’ai aucun regret, je suis heureuse de ma carrière. En plus, aujourd’hui, je suis complètement épanouie à l’OGC Nice.  

Que retiendras-tu de ces années ? 
Je retiendrai des éléments de chaque club. À Saint-Etienne, on était à la limite de la descente de D1 à deux journées de la fin, on a réussi à se maintenir. Avec le PSG, vivre une finale de Ligue des Champions, ça ne s’oublie pas. À Nice, c’est différent, j’avais d’autres objectifs, dont la passation de savoir envers les jeunes. Je voulais retrouver cet état d’esprit. En arrivant, Matthieu m’a dit qu’il voulait que je retrouve du plaisir sur un terrain, après 2-3 années compliquées. Ça fait deux ans qu’il me redonne du plaisir au niveau foot, ça se voit dans les stats. Je n’ai vécu que des bons moments dans le club. 

Tu as évoqué le fait que tu voulais faire une dernière saison, as-tu réfléchi à l’après ? 
Oui. Depuis que je suis arrivée à l’OGC Nice, j’ai eu la chance de reprendre mes études. Je fais un BTS Assurance en alternance. C’est un mélange qui me va très bien. Pour la suite, si je pouvais aider à faire évoluer la section féminine, ça me plairait. Enfin, partir en laissant l’équipe en D1, ce serait magnifique.  

S’il y a montée en D1, tu pourrais faire une ultime saison ? 
Non, je partirai quand même. Je laisserai leur chance aux jeunes pour qu’elles vivent ces bons moments. 


Tom Mollaret