Vu d'ailleurs

Tom Santinelli, en pôle position !

Tout est parti d’une photo, envoyée d’une manière presque anodine sur l’adresse : mongymmafamille@ogcnice.com. Presque, car le cliché fut assez singulier pour figer notre attention et requérir quelques explications... Fil après fil, pan après pan, son histoire nous a été dévoilée. Et son histoire nous a régalés ! Au centre de l’objectif : Tom Santinelli. Combinaison fluo, pied sur le ballon, maillot du Gym brandi « à la Guessand », petites lunettes de soleil, grand sourire. A ses côtés, un panneau « pôle nord », fixé dans une immensité de glace. Marin aguerri, amoureux fou du Gym, Tom fait voyager les couleurs rouge et noir tout autour du globe, « par terre et par mer ». Actuellement sur les flots, c’est par mail qu’il a accepté de lever le voile sur son geste. Et, évidemment, sur tout ce qui l’a conditionné : un parcours à la fois unique et universel, que nous restituons à travers ses mots.

Tom, est-ce que tout d’abord, tu peux te présenter ?
J’ai 24 ans, je suis né à Nice et j’ai toujours vécu dans la région. J’ai commencé très tôt le foot, je jouais pour le club de ma ville : l’ES Baous. On avait une bonne équipe, on a raflé quelques titres à l’époque. J’ai par la suite décidé de me consacrer pleinement à mon sport de cœur : le judo. Quelques années plus tard, j’ai obtenu ma ceinture noire et un podium aux championnats de France junior. J’ai effectué ma scolarité au collège des Baous à Saint-Jeannet, au lycée Henri Matisse à Vence puis à l’École Nationale Supérieure Maritime, à Marseille et au Havre.

A quand remonte ta passion du Gym ?
Mes 2 grands-pères ont été toute leur vie des grands supporters du Gym, ils ont transmis cette passion à mon père qui a découvert le Ray très jeune, comme moi. Je suis supporter depuis toujours. La tradition s’est perpétuée et se perpétuera encore. 

Un maillot du Gym au pôle nord : d’où t’est venu ce geste ?
Je suis marin et j’ai eu la chance de faire partie de l’équipage choisi pour la première expédition d’un navire français au pôle Nord à bord du « Commandant Charcot ». J’ai pour habitude de toujours voyager avec mon maillot de l’OGC Nice. Au-delà du clin d’œil, cela permet souvent de créer un premier contact avec l’habitant, qui vient demander de quel club il s’agit, les joueurs connus du club…  Je me rappelle de beaux moments comme un foot improvisé à Ushuaïa ou un « Beach soccer » en Indonésie. Cette fois-ci, on s’est contenté d’une petite brésilienne sur la banquise avec mon ami Brice qui était également embarqué. 

Comment, quand on est au sommet du monde, on peut avoir l’idée de penser à son club ?

Comme je t’ai dit, j’ai toujours mon maillot avec moi. Quand j’ai appris que j’avais été choisi pour faire partie de cette expédition en début d’année 2021, j’ai directement eu l’image en tête ! C’est un endroit tellement magique et symbolique, je devais marquer le coup ! La photo était destinée à mes proches qui sont pour beaucoup de grands supporters. C’était aussi un hommage plus personnel à mes 2 grands-pères, qui ont toute leur vie porté fièrement les couleurs rouge et noire. 

Peux-tu nous en dire un peu plus sur ton métier ?
Je suis marin, en formation d’officier 1ère classe de la marine marchande. Je navigue sur des navires de croisières d’expéditions à passagers. C’est un métier très riche qui me permet de découvrir des endroits uniques, de vivres des moments magiques au 4 coins du globe. Sur la photo dont tu me parles, il s’agissait du premier voyage du « Commandant Charcot », navire de haute exploration polaire, vers le pôle Nord. J’ai pu côtoyer à bord un équipage exceptionnel parmi lequel une équipe de scientifiques qui avait pour but de récolter un maximum d’informations sur la composition, la qualité de la banquise, la turbidité de l’eau… Autant de données qui pourront ensuite être interprétées et servir de base pour la communauté scientifique. D’un point de vue humain ça restera une expérience exceptionnelle.

Comment restes-tu connecté avec la réalité, lorsque tu es au bout du monde ? 
Nous avons à bord la possibilité de joindre nos proches grâce à une connexion fournie par un réseau satellitaire. Cela permet de combler le manque, mais même avec l’habitude, ça n’est jamais facile de laisser ses proches comme ça. Nous avons également accès à l’actualité, histoire de savoir ce qui se passe et de ne pas être coupés de tout. 

Tu habites toujours à Nice ?
Oui, ma résidence principale se trouve toujours dans l’arrière-pays. J’ai eu la chance de découvrir beaucoup d’endroits sur le globe mais à chaque retour, je me dis toujours la même chose : quelle chance on a de vivre ici ! La mer, la montagne, la ville, le climat. Je ne quitterai la région niçoise pour rien au monde !

Ton souvenir rouge et noir le plus lointain ?
Je garde des souvenirs magiques du Ray, je n’ai pas raté beaucoup de matchs à domicile et que ce soit en Présidentielle ou en Brigade Sud, l’ambiance était toujours unique. J’aimais cette proximité avec la ville, cette atmosphère authentique. Savoir que j’étais là, à la place de mon père, et de mes grands-pères plusieurs décennies auparavant, c’était un sentiment spécial et magique. 

Ton joueur ?
Hatem Ben Arfa, sans aucun doute. Et si tu poses la question à mes amis, ce sera la même réponse. Je me souviens l’atmosphère dans le stade à chaque prise de balle. Il suspendait le temps, on savait que tout était possible. C’était du génie.

Comment vis-tu ta passion à distance ?
Je trouve toujours le moyen de suivre la rencontre comme je peux, que ce soit avec des notifications ou quand j’ai plus de chance avec le direct live. Dans tous les cas, je sais que j’ai le debrief’ d’après match avec mon père et mes amis ! C’est un rituel.

Que penses-tu de la saison ?
J’aime l’état d’esprit que dégage le groupe. L’effet Galtier s’est fait ressentir dès les premiers matchs de la saison, cette grinta, c’est peut-être ce qu’il manquait depuis 2 ou 3 ans. L’effectif avait déjà de la qualité mais parfois l’état d’esprit n’était pas le bon. Cette année c’est différent, en termes d’engagement et d’implication. Ça change tout. En gardant cette ligne de conduite on ne peut faire qu’une bonne saison. 

As-tu le temps de venir un peu au stade ?
J’espérais pouvoir le faire en rentrant mi-septembre entre 2 contrats. J’avais marqué d’une croix rouge (et noire) mon agenda pour le match de Monaco, mais malheureusement les événements du match contre Marseille ont encore retardé mon retour au stade. En attendant, je me contente des lives et des vidéos envoyées par mes parents et mes amis depuis le stade. Quand la connexion le permet, je partage « Nissa la Bella » en Facetime avec mon père.

Quel est le prochain endroit où tu as prévu de sortir le drapeau ? 
Je navigue en Méditerranée jusqu’à décembre, direction les Émirats ensuite, je trouverai forcément un endroit sympa pour faire un foot improvisé ou une belle photo. Le maillot est prêt.

Le mot de fin ? 
« M’en bati sieu nissart », comme on dit. Baieta à tous et Issa Nissa !


C.Djivas