Portrait

Les 5 pays de Durmisi

« Je suis un Danois avec le sang albanais ». Bi-national, passé par l’Espagne et l’Italie, Riza Durmisi a posé ses valises dans le plus beau des "Païs" en décembre dernier. Son histoire est une invitation au voyage. Entre deux séances d’entraînement, le gaucher est revenu sur son riche parcours, parfait symbole de ce football mondialisé et multi-culturel. De cet itinéraire personnel découlent sa personnalité, généreuse, et son jeu, dynamique, que l'Allianz Riviera a découvert dimanche dernier face à Fréjus Saint-Raphaël (2-0).

Le Danemark, là où tout a commencé

C’est au Danemark qu’il s’initie au ballon rond : « J’ai commencé le football à l’âge de 5 ans au SB50 Ishøj. Au départ j’étais attaquant, je marquais beaucoup de buts parce que j’étais vraiment très rapide. » Très vite, le jeune Riza réfléchit sur le long terme et met toutes les chances de son côté pour devenir professionnel : « J’ai vite compris qu’il valait mieux que je devienne latéral gauche pour m’imposer en club comme en sélection. J’ai fait ce choix à 15 ans, guidé par mon propre ressenti. J’ai observé et réfléchi à quel poste je pouvais jouer. Les Albanais se disent qu’ils veulent jouer attaquant et, s’ils n’y arrivent pas, ils arrêtent le foot. Cette partie de moi (en désignant sa tête) est danoise ».

Dans l’effectif du Brøndby IF de novembre 2013 à l’été 2016, il découvre le football professionnel après avoir fréquenté les catégories de jeune du club. Lorsqu’on lui demande à quoi ressemble le football dans son pays natal, Durmisi rigole et décrit « Au Danemark c’est des touches, des longs ballons et des terrains difficiles ! »

L’Albanie, le « sang »

Si son grand père, albanais, a émigré au Danemark, Riza est né, comme son père, dans le Royaume. Bi-national, il a évolué dans toutes les sélections de jeunes de son pays natal « Je suis né et ai été scolarisé au Danemark, ce qui a guidé mon choix. Mais j’ai des sentiments aussi forts pour les deux pays »Signe du destin, le 4 septembre 2015, il a vécu sa première titularisation en sélection lors d'un Danemark-Albanie ! 

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Just want to play the game.

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« L’Espagne, un moment important de ma vie »

La première fois qu’il quitte sa mère patrie, c’est pour rallier l’Espagne, où il tombe amoureux du pays et d’une région. Au Betis Séville de 2016 à 2018, l’international danois évoque « un moment important de (sa) vie. J’avais 22 ans et j’ai appris à me débrouiller tout seul. J’y ai appris beaucoup de choses, c’est un club avec beaucoup de pression et des fans vraiment passionnés. Je garderai toujours le Betis dans mon coeur », assure celui qui compte s’installer en Andalousie à l’issue de sa carrière de joueur. Durant deux saisons, il côtoie de nombreux coachs : Gustavo Poyet, Quique Setién et Víctor Sánchez (nov 2016 - mai 2017), avec qui la relation est fusionnelle : « J’ai joué mon meilleur football avec Sanchez. Il me laissait beaucoup de libertés et me disait de faire ce qui me plaisait. ».

C’est d’ailleurs à cette époque qu’il se souvient avoir noué les premiers contacts avec l’OGC Nice : « Après ma première année à Séville, Nice me voulait déjà. La perspective de rejoindre ce club m’enthousiasmait car c'est un grand nom du football français et un club historique. » Malgré tout, le mariage n’a pas été célébré à ce moment-là. « Il y a des choses, dans le football, qu’on ne maîtrise pas ».

« L’Italie : tactique, tactique, tactique »

En 2018, l’aventure andalouse prend fin et laisse place à la découverte de l’Italie et de sa capitale « À ce moment-là je voyais ce transfert à la Lazio comme un pas en avant dans ma carrière, pour progresser encore dans un championnat réputé pour sa rigueur défensive ». En Serie A, Durmisi est frappé par les différences avec le jeu en Espagne : « L’Italie c’est tactique, tactique, tactique ! Les 45-50 premières minutes de jeu c’est vraiment que ça. Il faut attendre un but, ou la fin de match pour que le match s’ouvre ».

Nice, sans aucun doute

Alors que les opportunités de jouer s’amenuisent en Italie, le contact noué à l’époque du Betis Séville avec Nice remonte à la surface: « Messieurs Vieira et Fournier ont été les principales raisons de ma signature. Monsieur Fournier est venu me voir à Rome et, à compter de ce moment-là, je n’avais plus aucun doute. Parler avec les gens, les yeux dans les yeux, c’est très différent ».

Conforté par Didier Digard, son ex-coéquipier en Espagne, Durmisi est sûr de son choix : « Le foot français correspond au type de joueur que je suis, entre puissance et dynamisme. Nice est ambitieux et en pleine évolution. C’est parfait pour moi »

Après un mois d'entraînement, le latéral, prêté par la Lazio, a dû attendre 2020 pour être officiellement qualifié. C'est donc face à l'Etoile FC qu'il a effectué ses grands débuts en rouge et noir : « J'étais très honoré d'effectuer mes débuts avec Nice, sourit le Danois. J'espère jouer beaucoup de matchs pour ce grand club. Les supporters m'ont réservé un superbe accueil, ça fait chaud au coeur ». 

« Je serai prêt dans quelques matchs, mais j'ai déjà eu de bonnes sensations », explique Durmisi, qui a vu son coup franc heurter le montant (68') : « Ca aurait été fantastique de débuter par un but ! J'espère que ce sera dedans la prochaine fois. Mais le plus important reste le collectif, et cette victoire qui nous permet de poursuivre notre route en Coupe de France. Maintenant, j'ai hâte de découvrir la Ligue 1 ! »

M.S. / F.H.

Appelez-le « Baby »

Sur la Côte d’Azur, le dépaysement n'est pas total, et l’adaptation facilitée par la présence de Kasper Dolberg, qu’il a vu débuter : « Le premier match en pro de Kasper c’était face à mon équipe et on avait gagné (Silkeborg 0-2 Brondby le 17 mai 2015). Il était très jeune, je ne le connaissais pas encore et ensuite on a évolué ensemble avec la sélection ».

L’attaquant pourrait faire ressortir un étonnant surnom, obtenu en Espagne : « Pour demander le ballon je disais toujours « baby » donc à la fin on m’appelait comme ça puis à la Lazio aussi. Peut-être que ça me suivra à Nice (rires) ». À moins qu’il n’en décroche un nouveau, en français cette fois, que l’homme qui maîtrise déjà 5 langues, a commencé à apprendre.