Interview

Gauthier Ganaye, « humble et déterminé »

Nommé président de l’OGC Nice, Gauthier Ganaye a été présenté à la presse ce vendredi, à la mi-journée, après avoir rencontré les salariés du club rouge et noir, et juste avant de prendre la direction de Lille, où les Aiglons défient les Dogues ce soir, à l’occasion de la 23e journée de L1 (coup d'envoi 20h45). Le nouvel homme fort du Gym y a tracé les grandes lignes de sa méthode et dévoilé ses ambitions.

Quelle est votre première réaction en tant que président de l’OGC Nice ?
Je tiens à remercier Chien (Lee) et l’ensemble du conseil de surveillance pour la confiance qu’ils m’accordent. Je suis ravi d’arriver à l’OGC Nice, que je considère comme un très grand club français. Je suis également ravi de pouvoir enfin m’exprimer. (En direction des journalistes) Je vais enfin pouvoir répondre a vos questions, je sais que vous avez tous essayé de m’extirper quelques mots, mais le timing était compliqué.

Justement, pouvez-vous développer sur « le timing » de votre arrivée ?
Comme vous l’avez compris, les discussions avaient lieu depuis longtemps, mais ce sont des choses qui prennent du temps. Nous pensions que ce n’était pas la meilleure chose pour les deux clubs que ça intervienne à ce moment-là. Pour autant, quand vous êtes dans ma position, vous ne choisissez pas le timing idéal : quand il y a une opportunité comme ça qui se présente, vous devez la saisir.

Quel est votre premier objectif en tant que président ?
Le chantier prioritaire est dicté par l’actualité récente et tout ce qui s’est passé en dehors du terrain. Le plus important, à très court terme, c’est d’essayer de rassurer les gens et de rassembler tout l’environnement du club autour de l’institution OGC Nice. Et puis bien sûr, il faut déjà travailler avec Patrick (Vieira) sur ce que sera le mercato cet été.

Votre âge (30 ans) constitue-t-il un handicap ?
J’ai l’habitude de répondre à cette question. Pour être très clair, j’ai toujours été très jeune dans toutes les fonctions que j’ai exercées. Ce n’est pas vraiment un sujet. J’ai la sensation d’être au bon endroit, au bon moment.

Comment appréhendez-vous ce poste ?
Mon ambition était d’arriver à un tel poste, je ne l’ai jamais cachée. J’ai conscience de ce qui repose désormais sur mes épaules, et encore une fois, l’OGC Nice est un très grand club français. Je viens ici avec beaucoup d’humilité et de détermination, parce que c’est un très gros challenge pour moi. Mais je n’ai jamais eu peur des challenges.

« On ne va pas faire de révolution »

Quelle sera votre politique de recrutement ?
J’ai beaucoup entendu parler de « trading de joueurs » ces dernières semaines. Ce n’est pas un gros mot. Le premier poste de la majorité des clubs, c’est le trading. Ce qu’on va essayer de faire, c’est convertir le succès sportif que le Gym a eu sur le terrain en augmentation des recettes, pour être un peu moins dépendant, justement, « du trading de joueurs », même s’il y en aura toujours. Quand on est dans ce type d’activité, l’investissement sur les éléments de moins de 25 ans et du centre de formation sont les deux dossiers les plus importants. Pour autant, quand on parle de « jeunes talents », on emploie souvent le mot « expérience ». Or, pour moi, un joueur de 21 ans qui a déjà joué 100 matchs en pro a plus d’expérience qu’un de 26 ans qui a moins de matchs que lui. L’âge n’est pas toujours le bon critère, je suis bien placé pour en parler. Maintenant, est-ce que ça veut dire qu’il n’y aura plus, à Nice, de joueur de 26 ans à la réputation internationale ? Bien sûr que non ! Il faut être ouvert à tout… On ne va pas faire de révolution, c’est un système que l’OGC Nice utilise depuis de nombreuses années et qui fonctionne très bien.

Quid de « la data » dans le recrutement ?
A Barnsley, un des actionnaires du club s’appelle Billy Bean, pionnier de l’utilisation de la data dans le baseball et le sport américain. Le principe est simple : quand vous recrutez un joueur, il y a toujours un risque de se tromper. L’objectif, c’est de diminuer au maximum ce risque. Plus vous pouvez avoir d’informations en amont de la décision, moins vous êtes censés commettre d’erreurs. Le foot est un petit peu en retard par rapport aux autres sports dans ce domaine. Tous les grands clubs utilisent « la data », mais le terme en lui-même veut à la fois tout et rien dire.

Gervais Martel est-il votre modèle ?
Quand vous passez 4 ans et demi aux côtés de Gervais, vous apprenez beaucoup. Beaucoup de bonnes choses, mais aussi certaines erreurs à ne pas commettre. J’ai appris de lui, on a des styles un peu différents mais aussi des ressemblances.

Confirmez-vous les contacts avec Gilles Grimandi pour le poste de Directeur Sportif ?
Je ne confirme rien. Avant de parler de qui que ce soit, je veux me rendre compte de ce qui existe ici. Ce ne serait pas correct de commencer à rechercher des gens pour des postes s’il y a déjà des personnes en place. On va regarder ça tranquillement, mais un club comme l’OGC Nice sera toujours à la recherche des meilleurs, dans chaque domaine. Vous mentionnez Gilles Grimandi, il n’y a pas besoin de faire état de sa qualité et de ce qu’il a fait dans sa carrière.

« Un club de foot existe par et pour ses supporters »

Que est votre programme des prochains jours ?
J’ai rencontré les salariés ce matin. Je ne m’imaginais pas me rendre à Lille sans avoir pris la peine de les saluer. Ce soir, avant le match, je vais voir le coach, mais pas très longuement, car je ne veux pas le perturber avant l’événement essentiel de la journée. Lundi, j’échangerai avec les chefs de service, j’ai envie de comprendre le fonctionnement du club et car il est hors de question de vouloir, par « un péché d’ego », mettre ma patte sur quelque chose qui tourne déjà très bien. Par contre nous allons identifier et nous concentrer sur les choses à améliorer. J’ai besoin de sentir ce qu’est l’OGC Nice, d’échanger avec toutes les institutions de la région. Je vais vraiment m’imprégner. Enfin, il y aura quelque chose de capital, que j’aurais aimé faire aujourd’hui mais qui était impossible en raison du timing, c’est rencontrer les groupes de supporters.

Pouvez-vous expliciter ?
​Pour moi, un club de foot existe par et pour ses supporters. J’ai envie d’instaurer un vrai dialogue avec eux. Dans le foot français, il y a très peu de clubs populaires, au vrai sens du terme, comme l’OGC Nice. Un vrai travail sur l’identité du club est fait depuis des années, il faut continuer dans ce sens, ça me paraît primordial. J’aurai une relation directe et transparente avec les supporters, je compte les rencontrer régulièrement, comme je l’ai fait dans les clubs où j’ai pu travailler avant.

Êtes-vous conscient de leur inquiétude ?
Je la comprends totalement. Elle est naturelle, humaine. Quand vous avez des interlocuteurs depuis des années, qui ont connu des succès, avec qui il y a un dialogue ; et que vous passez à une période où il y a des fuites dans la presse, où il ne peut pas avoir de communication de ma part et où le club n’a malheureusement pas enregistré de recrues, ça engendre des frustrations. Donc oui, je comprends cette inquiétude, mais j’ai envie qu’on parte sur un nouvel élan. Les supporters se posent des questions, je vais y répondre sans problème. Je veux les rencontrer pour qu’on apprenne à se connaître. Ils avaient une relation avec Jean-Pierre (Rivère) et Julien (Fournier), mais une relation ne se crée pas en 1h, ça prend du temps. On va commencer ce chemin ensemble le plus rapidement possible. J’ai déjà demandé à ce qu’on trouve une date la semaine prochaine.

Enfin, avez-vous eu des contacts avec Jean-Pierre Rivère et Julien Fournier ?
Je ne les ai pas encore eus, mais je compte bien les rencontrer la semaine prochaine. C’est important, surtout dans une période qui a été assez agitée. Ce sont deux personnes qui ont fait un travail exceptionnel, qui ont fait passer l’OGC Nice dans une nouvelle dimension. Le club a toujours été un très grand club français par son histoire, son identité et ses supporters, mais sous la présidence de Jean-Pierre Rivère, c’est également devenu un très grand club français par ses infrastructures. Le centre d’entraînement et le stade le démontrent. C’est essentiel que je puisse avoir un dialogue de qualité avec Jean-Pierre et Julien.