Interview

Didier Digard : « Une saison se construit »

Jamais euphoriques dans la réussite, les Aiglons traitent leur passe actuelle avec relativisme. Plutôt réfugiés dans le travail, le capitaine et ses coéquipiers ont le temps de préparer la réception de Saint-Etienne, le 24 novembre.

Ton avis sur le déplacement au Parc, quatre jours plus tard ?
Contre une telle équipe et de tels joueurs, le moindre détail peut faire la différence. Ils savent exploiter la moindre des erreurs, et nous l'avons vérifié.

Paradoxalement, ce n'est pas l'équipe qui vous a le plus étouffés...
Nous avons réussi une bonne entame jusqu'à encaisser ce premier but. A 2-0, nous y croyions encore. A 3-1, c'est devenu compliqué. Nous n'y avons peut-être pas assez cru. Nous avons parfois pensé à eux avant nous, d'où certaines fautes de vigilance.

La 2e journée à huis-clos, la Der' du Ray, l'inauguration de l'Allianz Riviera... En tant que joueur, as-tu trouvé l'entame de saison chargée ?
Il s'est passé énormément de choses. En ajoutant l'élimination en Europa League, quoiqu'on en dise, ce début a été très éprouvant mentalement et physiquement. Inconsciemment, on l'a peut-être payé aussi.

« Les grands changements sont derrière nous »

Aujourd'hui, le calme après la tempête ?
En quelques sortes. Les grands changements sont derrière nous. On espère que le plus dur aussi. Nous sommes focalisés sur le championnat. Il faut maintenant soigner les blessures et reprendre des points.

Vous en comptez un de plus que l'an dernier à la même époque...
Oui, mais nous n'en sommes pas satisfaits. Sans compter que la saison passée, nous avions aussi enchaîné sur une grosse série.

Les observateurs se focalisent sur l'immédiat. Claude Puel préfère le moyen terme. Et toi ?
Chaque semaine, nous préparons le match à venir. Mais il faut aussi regarder plus loin. Une saison se construit et la récompense n'est pas systématique, ni immédiate. Nous essayons de mettre en place certaines idées, une vraie philosophie. Quelque chose qui nous unisse sur la durée.

Le coach estime que le potentiel est supérieur à l'an dernier...
Je suis d'accord. Encore faut-il qu'on l'exploite à son maximum. Et ce n'est pas du tout le cas pour l'instant.

Est-il plus dur de mobiliser un groupe qui se connaît depuis un an ?
Il n'y a pas de règle. C'est en fonction des caractères de chacun. Nous devons prouver que nous voulons faire mieux. Que la saison dernière n'avait rien d'un hasard.

Nemanja Pejcinovic a (enfin) été convoqué en sélection nationale...
Il ne fallait pas s'impatienter. Aussi bon soit-il, il reste un jeune défenseur. Je ne connais pas les autres joueurs, mais la non-qualification de son pays pour la Coupe du Monde va peut-être permettre de passer à une nouvelle page. Nema est un gros bosseur, un très bon joueur et le voilà récompensé. Je suis vraiment content pour lui.

« Les cartes sont redistribuées »

Depuis son arrivée, le coach a lancé 12 jeunes joueurs dans le grand bain...
C'est un chiffre significatif. Il prouve que nous sommes un club qui compte sur sa jeunesse. C'est le projet. Si nous avons réussi une grosse saison l'an dernier, c'est aussi grâce à eux. Nous n'avons pas un budget colossal, l'avenir du Gym passe entre autres par leur progression. A eux de rester à l'écoute, de prouver.

Qu'est-ce qui sépare encore les meilleurs espoirs de titularisations régulières ?
Ils ont le temps. A leur place, tu es parfois impatient, tu as envie de vite prouver. Mais ils sont encore très jeunes. L'heure viendra.

Les absences cumulées, une chance pour d'autres de s'exprimer ?
Pour le coup, la trêve internationale tombe assez bien. Elle nous laisse plus de temps pour bien gérer ces forfaits cumulés. Parfois, quand tu joues moins, tu peux avoir tendance à relâcher la pression. Là, toutes les cartes sont redistribuées. Chacun va vouloir prouver. C'est une bonne chose pour le groupe.

Tu es le dernier joueur à n'avoir loupé aucun match. Un soulagement, vu les saisons passées ?
J'ai vécu des périodes compliquées, d'autres plus agréables. Il faut savoir en tirer des enseignements, sans jamais s'alarmer ni se voir trop beau. Je prends ce qu'on me donne, sans me poser de questions. J'ai la chance de faire ce métier ; je la savoure.

Y.F.