Focus

Sur les traces d'Adrian Ursea

Le mot juste. La bonne orientation. L'art de corriger avec le sourire et d'apporter sa touche dans la discrétion. Ex-international roumain, tour à tour adjoint, coach, formateur et manager, Adrian Ursea s'est engagé au Gym à l'été 2016. Adjoint de Lucien Favre, l'ancien responsable technique de Xamax (49 ans) s'est adapté naturellement, profitant de son expérience pour envisager sa tâche avec sérénité. Retour sur le (riche) parcours l'ayant conduit de la Suisse au Comté.

« La vie est faite pour être recommencée », écrivait le poète. La réalité rattrape souvent la prose divine. Amoureuse du défi maudissant la routine. Ancien milieu offensif au pied gauche raffiné, Adrian a quitté cet été son pays adoptif (dont il possède également la nationalité) après y avoir joué (Locarno, Chénois, Bulle, Vevey, Stade Nyonnais ) et entraîné. Le tout pour humer l'air de la Méditerranée. Dans ses valises, une sacrée dose de football et un parcours possédant la rondeur du défi et de la réflexion. Et si les aléas du terrain ont parfois accéléré sa trajectoire, celle-ci s'est surtout construite autour de la clarté d'idées.


Avant d'avoir bouclé l'intégralité de ses diplômes, coach Ursea se retrouve rapidement propulsé à la barre d'un bateau en péril. En l'occurrence du Servette Genève, en février 2003. Un moment où il succède à Roberto Morinini, lors de la saison ayant suivi le départ du club de Lucien Favre. Il contribue au sauvetage des Grenat en 1ère division puis reprend le fil de son projet, sans perdre sa lucidité. « J'aurais pu essayer de rester à la tête de l'équipe après la première saison. J'ai préféré être franc avec les dirigeants, car je pensais pouvoir apporter plus dans le rôle d'adjoint, en aidant le futur coach. Mon objectif, c'était embrasser ce métier que j'adore, mais pas n'importe comment. Pour le faire, c'est comme lorsqu'on est dans un championnat et qu'on se bat pour devenir champion : il faut se donner les moyens. Me former avant de pouvoir prendre des responsabilités, j'en ressentais le besoin. »


A. Ursea : « Il faut savoir comment sont formés les joueurs à la base »

Les formations s'enchainent donc, le point d'ancrage restant le Servette. Repassé adjoint du nouveau coach en place (Marco Schallibaum), il se voit rapidement rappelé "aux manettes" et assure un autre intérim dans le costume de numéro 1, de septembre 2004 à mars 2005. A l'issue de celui-ci (et après la faillite d'un club endetté),  Adrian quitte les Grenat. Tente une courte expérience au FC Meyrin, avant de multiplier les angles d'approche et d'élargir sa vision du sport roi. Il travaille avec les équipes de Suisse M18 et M19, donne vie à un projet d'équipe de Suisse militaire lancé par la fédération en en prenant les rênes,  avant d'accepter une belle offre de Neuchâtel, en 2007.

En tant que responsable sportif, il coordonne 35 formateurs, avec l'idée de donner une véritable identité locale au club et de développer la formation (deux angles qu'il est « ravi de retrouver à Nice ».) L'institution tangue à cause de problèmes financiers mais le cap est maintenu. L'apprentissage continue. « Responsable, entraîneur et éducateur, ce sont des métiers différents, résume le natif de Slobozia. Evidemment, être coach des pros est un rêve, mais il faut savoir comment sont formés les joueurs à la base. C'est ce qui me manquait au Servette, c'est ce que j'ai trouvé à Xamax. Ces 9 années étaient passionnantes. A la fin, j'avais l'impression d'avoir fait le tour. »


L. Favre : « On parle le même langage »

Après avoir recroisé Lucien Favre à Neuchâtel, les deux hommes conviennent de se revoir pour déjeuner. Le rendez-vous est honoré. « On a refait le monde, parlé de stratégie, mais pas d'offre de travail », précise Adrian. Puis Lucien Favre s'engage à Nice et, après avoir échangé, propose à l'ancien meneur de jeu de le suivre.

« On s'est connus au Servette, il y a 16 ans, se remémore pour sa part l'ancien international suisse. Quand je suis parti à l'étranger, il n'y avait pas opportunité de le prendre. Je me suis engagé, par exemple,  à Gladbach sans assistant. Là c'était autre chose. J'ai pensé à Adrian car on parle le même langage, il aime la finesse. Des fois on a les mêmes idées, des fois pas tout à fait, mais on arrive à échanger et à trouver solutions positives. C'est naturel. » Un naturel qui s'exporte facilement. « Humainement, ils se sont rapidement intégrés, expliquait Fred Gioria cet été. Ce sont des gens simples qui connaissent le football, parce que chacun d'entre eux possède une grosse expérience. Mais avant la compétence ou toute autre chose, le plus important, c'est l'humain. »

Une autre facette du métier, elle aussi maîtrisée...

C.D.