Nice - Monaco

Le jour où Eduardo devint Niçois

Le temps possède parfois des décalages qui le rendent insaisissable, des réalités différées qui façonnent les histoires et construisent les amours... sur un rythme saccadé. L'histoire rouge et noire de Carlos Eduardo illustre cette théorie décousue se basant sur l'affect. Sur une adoption naturelle plus que contractuelle. Retour sur un jour où le Brésilien devint Niçois.

Nous sommes le 27 Septembre dernier, nous jouons la 8e journée de L1. Jour de derby et de voyage en Principauté. Partis du Port, de nombreux supporters gagnent le stade Louis-II en deux roues, en train, en voitures. Réchauffées par un soleil radieux, plus de 3000 âmes prennent place chez le voisin monégasque. L'ambiance monte. A l'époque, le Gym n'a encore jamais remporté de match à l'extérieur. Un coup de patte de la nouvelle recrue auriverde dès la 7e minute rétablit cette anomalie. Carlos Eduardo, arrivé l'été en provenance du FC Porto, entre définitivement dans les coeurs niçois par la grande porte. Coup-franc fouetté du pied droit, soupirail nettoyé, course folle devant son nouveau public et doigts levés vers le ciel.

Le Gym gagne 1-0 et sourit avec l'explosion d'un nouveau talent qui ne cessera de prendre du volume au fil des journées. « J'avais déjà disputé d'autres derbys dans ma carrière, le Fla-Flu (Flamengo-Fluminense) au Brésil, ou encore le Porto-Benfica au Portugal, mais je n'avais encore jamais marqué » confie avec recul le numéro 3 du Gym. L'acte fondateur d'une belle histoire d'amour et de l'évolution d'un joueur.

Un derby pour déclic

Car derrière ce coup de pied décisif, un enseignement émerge assez rapidement dans les rangs azuréens : le joueur prêté par le FC Porto peut avoir les clefs du jeu en tant que numéro 10, lui qui était plus habitué au rôle de relayeur dans ses autres clubs. Une thèse accréditée et validée (entre autres) par un derby où il fut à l'aise dans le jeu et où il sut se montrer décisif. La décision est actée, et le schéma de base du coach Puel n'a plus évolué depuis. « Avant d'arriver à Nice, j'avais l'habitude de jouer un peu plus bas, au milieu » reprend Eduardo. « Mais cela ne me dérange pas d'évoluer en dix, au contraire, cela me permet d'être plus proche du but. Et puis de toute manière, peu importe le poste, je suis surtout heureux lorsque j'ai l'occasion de jouer. » Le collectif niçois aussi. Très utile dans la construction et l'accélération des débats, surtout lorsqu'il a de l'espace devant lui, l'ancien d'Estoril a véritablement marqué de son empreinte la première partie de saison rouge et noire, tout en faisant preuve des réelles qualités dans la finition, en inscrivant sept réalisations en L1 (meilleur buteur du club cette saison).

Une histoire véritablement lancée par une visite en Principauté. Après deux buts injustement refusés face à Nantes et Lille, on peut légitimement espérer qu'Eduardo retrouve le chemin des filets face à une équipe contre qui tout a commencé. Et que le scénario de l'aller se répète, cinq mois plus tard...

C.D