Bilan des capitaines

2e partie : insouciance, Hatem et confiance

Ils sont les deux capitaines du Gym 2015 / 2016. Deux joueurs au profil différent mais à la parole précieuse. Taulier et plaque tournante, Mathieu Bodmer (33 ans) et Papy Mendy (23 ans) ont accepté de débriefer la saison d'une seule voix. Celle d'un groupe jeune, ambitieux mais réfléchi. Assis côte à côte, les deux hommes ont décortiqué le championnat niçois, ponctué à la 4e place, avec satisfaction mais sans euphorie. Après avoir analysé le point de départ d'un groupe uni, les deux hommes livrent leur regard sur le championnat "à proprement dit". Le coeur du jeu. Un coeur vaillant.

Y a-t-il eu une forme de surprise au regard du niveau qu'a pu atteindre le collectif par moment ?
Papy Mendy Franchement, sur le moment, on n'y pense même pas. On est là, on prend du plaisir. On kiffe. Tout simplement. Ce que nous avions réussi à faire cet été durant la préparation, nous l'avons retranscrit face à des grosses équipes de L1, comme St-Etienne, Rennes ou Lyon. Entre nous, il y a eu une prise de conscience... et ça nous a donné confiance. Avec la confiance, on a vu qu'on était capable de faire de belles choses.

Mathieu Bodmer Non, la saison n'est pas une surprise. Avec du recul, elle me fait d'ailleurs un peu penser à ce que j'ai pu vivre à Lille (où il est resté de 2003 à 2007). Tout le monde nous regardait en se disant qu'on était 2e ou 3e avec des jeunes joueurs, mais quand tu vois où les mecs ont signé après, le montant des transferts, les titres qu'ils ont pu gagner, tu te dis juste que l'équipe était bonne et qu'il n'y avait rien de miraculeux. Nous étions seulement jeunes et moins médiatiques que les autres, et je pense que c'est ce qui arrive avec notre équipe, cette saison. En tout cas, je le souhaite à tout le monde, car il y a beaucoup de qualité.

Et au milieu de ce collectif de qualité, un meneur de jeu hors-normes...
M.B.
Tu veux la vérité ? Je pense qu'Hatem n'est même pas à 100 % ! J'ai eu la chance de jouer avec lui à Lyon, il faisait encore plus que ça. Seulement, il était moins efficace. L'avantage, cette année, c'est qu'il l'a été, parce que l'équipe a bien joué et qu'il est en confiance. Les qualités qu'il a, il les aura toujours, et il peut faire beaucoup plus. Cette saison, on l'a vu dribbler 4-5 joueurs ? Je l'ai vu effacer l'équipe entière. A l'entraînement, c'était pareil, il dribblait sans forcer toute l'équipe de l'OL de l'époque...

N.M. Un 10 comme ça, c'est vrai que ça aide. Ça facilite les choses. Nous, derrière lui, nous n'avions qu'à récupérer et lui donner le ballon, et il s'occupait du reste. Cette année, personne n'a déjoué, tout le monde s'est bien mis en tête que chacun devait rester dans son rôle. Ça a été fait, ni plus ni moins. C'est cette répartition et ce sérieux qui ont fait la réussite de la saison. Mais pour en revenir à Hatem, ce qu'il a fait, c'est fort.

M.B. On voit qu'il a appris à jouer avec les autres, un peu plus qu'auparavant, à se concentrer et à être plus efficace. Pour lui, maintenant, il s'agit de continuer à franchir les paliers et à être efficace pour durer. Avant, il était capable de coups de génie et de disparaître pendant 30 minutes, 1 ou 2 matchs. Cette année, à l'image de l'équipe, il n'a pas eu de trou. C'est ce qui change par rapport à ses saisons précédentes.

Un talent qui bénéficie du collectif, et vice et versa...
M.B. Il permet qu'on parle de l'OGC Nice, parce que c'est un joueur qui était annoncé comme un crack du foot mondial, mais Valère fait aussi une excellente saison. Alassane a été blessé, mais il a très bien commencé et bien terminé. Il y a beaucoup d'éléments qu'on peut mettre en valeur. Les milieux ont aussi installé Hatem dans de bonnes conditions, parce qu'il n'avait pas trop à défendre. Dès qu'ils avaient le ballon ils le cherchaient. Lui, c'est son jeu de se retourner. Le coach a aussi fait qu'il puisse jouer 10 avec deux attaquants, c'est son meilleur poste. Beaucoup de choses ont été réalisées pour qu'il soit mis dans les meilleures conditions, il a répondu présent sur toute l'année. Mais l'équipe, ce n'était pas que lui.

Avez-vous été surpris par l'affirmation et l'éclosion de certains éléments ?
M.B.
Non, parce qu'on les voit tous les jours. Je pense que tu me parles de Vincent (Koziello), mais on avait déjà vu depuis l'année dernière que c'était un bon joueur. Après, ça se joue sur le rythme des matchs et la confiance qu'il a en lui, mais les qualités sont présentes. Et ce n'est pas fini, car tu as aussi des joueurs qui arrivent derrière, comme Boscagli, qui prendra confiance le jour où il jouera un peu plus. C'est simplement le groupe qui est efficace et a envie d'aller haut. Donc les jeunes, quand ils sont intégrés, ils ont automatiquement envie de se mettre au diapason.

Même question pour toi Papy.
M.B.
Ah lui, il commence à vieillir, au moins un bon 26...

P.M.  23, 23 (rires). (Reprenant son sérieux) En ce qui concerne les plus jeunes, je suis un peu comme Mathieu, il n'y a pas de surprise. Il sont dans la droite ligne de ce qu'ils ont montré depuis qu'ils sont arrivés et qu'ils s'entraînent avec nous. Cette année, tout le monde a été bon. Du coup, c'est toute la formation niçoise qui a été à l'honneur, ce qui est toujours positif.

Selon les moments de la saison et les places à aller chercher, l'attitude du coach Puel a-t-elle varié ?
M.B. La ligne directrice a toujours été la même. Le coach, il est comme ça. Quand il a une idée en tête, il va essayer de l'atteindre et d'aller au bout. Il n'a pas changé de discours du 1er jour de la reprise à la fin. Et il ne changera pas.

La stabilité du discours, c'est important quand on est joueur ?
N.M.
Bien sûr ! Surtout quand le groupe est aussi jeune que le nôtre. On a besoin d'être concentré du début à la fin, il faut faire bien attention à ne pas s'éparpiller. Cette saison, vu que certaines de nos performances ont bluffé les médias ou les spectateurs, il nous a toujours mis en tête qu'il ne fallait pas s'enflammer. Que ce n'était qu'un match et que beaucoup d'autres arrivaient. Le coach est quelqu'un de rigoureux, il a insufflé cette force au groupe.

Y a-t-il des moments où vous, cadres, avez dû hausser la voix pour en faire de même ?


M.B. Franchement, non. Ça a été une année plus que calme. Il n'y a pas eu de problème, pas d'histoire entre nous. Normalement, il y a toujours des gens qui se prennent la tête, là je n'ai pas le souvenir qu'il y en ait eu une. Tout le monde vit bien depuis le premier jour. C'est très calme et très reposant.

P.M. Il faut en profiter, parce que c'est rare que ça se passe aussi bien...

Dans ce contexte de sérénité, vous est-il arrivé de douter ?
P.M.
Dans notre jeu, je ne pense pas. Il y a eu des périodes où on était moins bien que d'autres, mais de là à dire qu'on a douté, non. On a toujours été conscient de nos qualités. C'est d'ailleurs pour ça qu'on a toujours su rebondir après une mauvaise performance.

A froid, y a-t-ils des regrets ?
M.B.
On a perdu quelques points en cours de route, et notamment avec le match de Troyes en début d'année (3-3, lors de la 2e journée de la saison). Mais dans l'ensemble, ça va, on s'en sort bien. Il n'y a pas trop de regret, l'équipe a quand même était bonne quasiment tous les matchs. On a dû passer à travers 4 ou 5 fois en 38 journées...

P.M. A part le match de Troyes, tout le reste ne se joue pas à grand chose. Donc c'est vrai, si j'ai un regret, il est là. On menait 3-1, on était en supériorité numérique. On tient le ballon du début à la fin... et on réussit à se faire égaliser. Ce n'est pas normal, mais maintenant, on ne plus rien y faire.

Ce déplacement dans l'Aube vous reste donc plus en travers que celui en Principauté ?
P.M.
A Monaco, on avait eu beaucoup de faits de jeu contraires. Au Louis-II, nous avions essayé de tout mettre en oeuvre, mais quand les faits de jeu sont contre toi, c'est trop compliqué...

C.D.

A suivre : 3e et dernière partie, jeudi