Bilan des capitaines

1ère partie : la genèse « d'une bande de potes »

Ils sont les deux capitaines du Gym 2015 / 2016. Deux joueurs au profil différent mais à la parole précieuse. Taulier et plaque tournante, Mathieu Bodmer (33 ans) et Papy Mendy (23 ans) ont accepté de débriefer la saison d'une seule voix. Celle d'un groupe jeune, ambitieux mais réfléchi. Assis côte à côte, les deux hommes ont décortiqué le championnat niçois, ponctué à la 4e place, avec satisfaction mais sans euphorie. Avant de revenir sur leur parcours personnel, leur influence et la saison du collectif, les deux cadres ont effectué un saut de 10 mois dans le passé, afin de rembobiner l'histoire en démarrant par son intro'. Un saut à pieds joints dans l'été dernier. Une chaude période où un groupe décomplexé s'est formé, où les pierres de la 4e place ont été posées et où « une bande de potes » est née.

Mathieu, Papy, vous êtes arrivés tous les 2 à l'été 2013, quand le Gym venait de terminer 4e. Après deux exercices compliqués, l'équipe est assurée de jouer au minimum un 3e tour préliminaire d'Europa. Qu'est-ce que ça vous inspire ?
Mathieu Bodmer
: On avait galéré sur les 2 dernières saisons. La 1ere année a été difficile, on a bien terminé la 2e en rattrapant des places sur la fin, mais il y a eu beaucoup d'événements négatifs. Cette année, on a pris plus de plaisir. Des joueurs sont arrivés, nous ont renforcés, d'autres ont progressé, sont sortis du centre. On a bien attaqué durant les stages de préparation, on avait plutôt bien joué et il y avait aussi une bonne ambiance. Nous avons bien tenu toute l'année, c'est ça qui est bien.
Papy Mendy : Comme le dit Mathieu, le top, c'est que ça s'est fait dans une bonne ambiance. Je pense qu'on a été une bande de potes et que ça s'est ressenti sur le terrain. La 4e place est une belle récompense pour tout le monde.

L'OGC Nice en Europa League ?
M.B. C'est l'accomplissement d'une belle saison, une récompense pour tout le monde. On a travaillé et pris du plaisir tous ensemble, et nous avons même terminé sur une bonne note. La saison prochaine, il y aura plus de matchs et de choses à gérer. Mais bon, là, on va profiter, chaque chose en son temps.

P.M.  Je pense la même chose, c'est un sacré plaisir d'arriver là. Surtout que cette place-là, on ne l'a pas volée. Le classement est amplement mérité au vu de la saison qu'on a faite. Ce qui est également positif, c'est d'avoir terminé par une victoire. Une belle note de fin pour une belle saison.

Mathieu, lors du stage de Divonne, tu avais déclaré : « 38 journées, c'est dur à tenir quand il n'y a que des jeunes. Maintenant, on a une saison en plus, et on aura un peu moins d'excuses ». Quand on y repense, cette phrase prend une toute autre ampleur aujourd'hui...
M.B.
  Comme quoi, je ne dis pas que des conneries (rires). On a fait de bons stages, un bon mois de juillet. Nous avions battu Galatasaray, Naples, fait nul contre Besiktas... des équipes, qui, on le voit, font quand même de bonnes saisons. On n'avait pas de certitudes, mais sur le plan du jeu, c'était bon. Et puis l'ambiance était excellente. Ça fait longtemps que je n'avais pas vécu ça. Au niveau des blessures, il faut aussi signaler que l'on a été un peu plus épargné que la saison d'avant. Certes, on a été privé de Mika (Le Bihan) toute l'année et d'Alassane (Plea) une bonne partie, mais Papy n'a pas été blessé, Valère et Hatem non plus. Il y a deux ans, il faut se rappeler que tous les cadres étaient blessés. Cette fois, « l'équipe-type » n'a pas trop tourné. Ça apporte toujours un petit plus, et c'est bien de tenir sur 38 journées comme ça.
N.M. On a vu que quand il y avait tout le groupe, on pouvait faire de très belles choses. Les joueurs qui sont entrés en jeu ont également apporté énormément, ce qui donne confiance à tout le monde. Il ne faut surtout pas l'oublier. A ce titre aussi, la saison est réussie.

Cette "confiance" était évoquée dès la préparation, avec un match qui revient dans toutes les mémoires : Galatasaray. Etait-ce le déclic avant que le championnat ne parte ?
M.B. En préparation, tu n'es jamais au même niveau que les autres. Sur le coup tu te dis qu'ils peuvent lever le pied, qu'ils ne se donnent pas à fond. Sur ce match-là, il y avait en plus un contexte particulier, la délocalisation en Slovénie... Avec tout ça, c'est dur de juger. Malgré tout, là où on savait qu'on était sur la bonne voie, c'est au niveau du jeu. Quelque chose avait été mis en place, avec 3 milieux défensifs, Papy en pointe basse, Hatem un peu plus haut et 2 attaquants devant. Quelque chose de très différent des années précédentes. On avait des certitudes, même à l'entraînement, on voyait que ça prenait et qu'il y avait du plaisir parce qu'on jouait au ballon.

N.M. Ça se complétait bien. Dans chaque ligne, il y a très rapidement eu des complicités. Elles se sont renforcées tout au long de la saison, mais on a vu dès le premier match, face à Lausanne que tout le monde allait dans le même sens. Qu'il y avait de la complicité, un style qui nous était propre, une identité qui était en train de se former. Finalement, ça s'est vérifié dans la durée, ce qui signifie que nous ne nous trompions pas beaucoup.

Ce 4-4-2 en losange, l'avez-vous pris comme une révolution ?
M.B.
Pour nous, oui. Maintenant Lyon a prouvé la saison dernière que les équipes étaient capables de jouer comme ça. Ça fait des années que ça existe, mais le fait que ça marche en L1, c'est bien, ça permet d'avoir le ballon. Pour autant, c'est la mentalité des joueurs qui fait le système. Dans le losange, il y a des déséquilibres sur les côtés, mais quand tout le monde fait le travail, ça se passe comme il faut. Pour les milieux, il fallait faire les efforts, mais c'est bien car tu touches plus de ballons. Pour un défenseur, c'est plus facile, car tu as toujours au moins 3 solutions devant toi. Ça laissait aussi beaucoup de liberté à Hatem qui défendait moins, il y avait des attaquants qui prenaient la profondeur... Le système a fonctionné parce qu'on avait ces joueurs-là cette année. En 4-3-3, peut-être qu'Hatem (Ben Arfa), Jérémy (Pied) ou Ricardo (Pereira) n'auraient pas pu être utilisés de la même façon...

N.M. Au milieu, c'est vrai qu'il y avait plus de liberté. Personnellement, jouer seul devant la défense m'a permis de toucher beaucoup plus de ballons (avec 3253 ballons joués, Papy est le joueur de L1 le plus sollicité de L1, ndlr) et d'être au départ des relances. C'est un poste que j'apprécie beaucoup et que j'ai apprécié par le passé, car j'y avais déjà évolué à Monaco. Par ailleurs, j'ai aussi évolué avec des joueurs qui me correspondent, qui ont le même jeu que moi. On a essayé de se trouver, ça a marché d'entrée et c'était profitable à l'équipe. Tant mieux.

Au-delà des hommes, qu'est-ce que ce groupe a de différent par rapport aux précédents ?
M.B. On a toujours eu des bons groupes avec des bons mecs. Après, ce sont peut-être des situations personnelles qui ont fait que certains ne tiraient pas tout le temps dans le même sens. Des joueurs sont arrivés, d'autres ont quitté le club pour différentes raisons. Le recrutement a été fait par rapport à la philosophie de jeu, les joueurs arrivés se sont mis directement dans le moule, parce que ce sont des bons mecs. Je pense que le recrutement a été très précis, aussi.
N.M. Le groupe de cette année était peut-être plus équilibré que celui d'avant. Après, il y avait une bonne concurrence à chaque poste, c'était sain. A l'entraînement, tout le monde s'est toujours donné à fond, ça permettait d'être bien le week-end. Les joueurs qui n'étaient pas forcément titulaires étaient au niveau et pouvaient être aussi performants que ceux sur le terrain. Il n'y avait pas d'état d'âme, un bon groupe fait de bons gars. Certains jeunes joueurs ont pris en maturité, comme Alassane, Valère ou moi. Ça y fait peut-être aussi...

C.D.

2e partie : mercredi