Interview

L'oeil du capitaine

Il a déjà pris l'habitude d'assumer le capitanat au cours des saisons précédentes, en l'absence de Didier Digard. Cette fois, Mathieu Bodmer attaquera l'exercice 2015/2016 avec le brassard autour du bras d'entrée. Cadre du vestiaire et caution technique du Gym, l'expérimenté défenseur central (32 ans) livre ses impressions sur OGCNICE.com, en plein coeur d'une semaine de stage à Divonne-les-Bains.

Divonne

Mathieu, que penses-tu de cette journée-cohésion de mercredi, ayant précédé votre retour au terrain ?
Ça change un peu. C'était une journée plus ludique que d'habitude, qui a permis de couper le stage en deux. On avait beaucoup travaillé les trois premiers jours : ce mercredi nous a permis de nous régénérer. De penser à autre chose que le foot, de passer une journée ensemble. Et de faire connaissance avec les nouveaux à travers des activités où on parle un peu plus, et où on apprend à se connaître. Pour le collectif, c'est très bien.

Quel regard portes-tu sur le déroulement de cette semaine à Divonne ?
Je pense qu'on était tous fatigués mardi, en fin d'après-midi. D'ailleurs, le staff a décidé de couper un peu lors de la dernière séance, en organisant un tennis-ballon. C'était une bonne chose. On a fait 3 jours à 3 séances, ça faisait dix de suite en trois jours et demi, avec celle de samedi. Ça commençait à faire beaucoup, et on avait besoin de ce mercredi. Ceci étant, le groupe travaille bien, vit bien. Il reste encore pas mal de préparation à faire, mais ça a bien commencé.

« Bien vivre ensemble », ça veut dire quoi ?
Il y a beaucoup de moments en communauté, beaucoup d'horaires à respecter, des choses mises en place par le staff. Il y a rarement des retards, tout le monde est habillé pareil, fait les soins à l'heure, respecte les rendez-vous. C'est important, parce qu'entre les joueurs et l'encadrement, on doit être une grosse quarantaine de personnes à cohabiter. Les règles de vie sont essentielles, on les établit aussi pour le reste de la saison. Dans l'année, nous ne vivons jamais plus d'une semaine en communauté, c'est 2 ou 3 jours max, donc c'est bien d'instaurer un cadre dès le début. Ça permet aux nouveaux de faire connaissance, et aux plus jeunes de voir comment se déroule un stage de préparation. Ils n'ont peut-être pas connu ça avec la CFA, donc il y a beaucoup de choses à apprendre.

Son rôle

Didier Digard parti, t'attends-tu à avoir plus de responsabilités ?
Le rôle ne change pas, c'est toujours le même depuis que je suis arrivé au club. On me demande d'encadrer l'équipe par mon expérience. Mon âge. Avec Didier, qui était quelqu'un d'important dans le groupe, on se complétait bien, parce qu'on était très complices et très proches. Je ne peux pas dire qu'avec son départ, je vais prendre plus de responsabilités, mais peut-être que les gens se reposeront un peu plus sur moi. Il sera important que certains joueurs prennent du grade, y compris les plus jeunes.

En somme, que chaque individualité se responsabilise.
Exact. Il faut être capable de s'imposer naturellement, d'aller parler avec la direction du club, le coach, la presse, les supporters. Capable de parler aux masses, et dans le vestiaire au quotidien. C'est important de s'imposer et d'avancer. De ne pas hésiter. Il y en a qui peuvent le faire naturellement de par leur poste sur le terrain. Pour les milieux défensifs et les défenseurs centraux, c'est un peu plus simple que pour les attaquants. Mais chacun avec sa personnalité peut apporter un plus au groupe.

Qui est-ce qui peut tenir ce rôle de cadre ?
Il y a déjà Simon (Pouplin). Il l'avait un peu fait en fin de saison dernière, quand il avait eu l'occasion de jouer, ou lorsqu'il s'était établi un peu plus dans le groupe. C'est assez naturel pour lui, car il possède beaucoup d'expérience. Papy (Mendy) l'a fait aussi, il a eu le brassard plusieurs fois, en prenant ses responsabilités. Après, il y a d'autres joueurs qui sont au club depuis un certain temps comme Valentin (Eysseric), Romain (Genevois). Hatem (Ben Arfa) et Valère (Germain) arrivent aussi : ils ont 25, 27 ans, et pas mal de saisons de L1 derrière eux, voire de championnats étrangers. Ils possèdent du vécu, et donc la légitimité pour pouvoir parler à un groupe. Surtout un groupe assez jeune.

Les nouveaux coéquipiers

Le coach nous a confié que tu avais « pris Hatem sous ton aile ».
Avec Hatem, ça n'a pas changé. On s'est connus durant une saison à Lyon, on restait quasiment tout le temps ensemble. Il était tout le temps chez moi. Hatem est quelqu'un qui aime bien parler de beaucoup de choses, pas seulement de foot. Quand il sait qu'en face il y a du respect, de l'amitié et de l'affection, il se confie beaucoup. On s'entend bien, ça me fait plaisir qu'il nous ait rejoints. Maintenant, je suis aussi là pour l'aider à vivre dans le groupe. Je pense que tout le monde s'est rendu compte que c'était une bonne personne, quelqu'un de très attachant. Ce qu'on attend de lui maintenant, c'est qu'il puisse nous faire gagner des matches, tout simplement.

Le tout sans lui mettre de pression inutile...
Je connais ses qualités. On ne les perd pas comme ça. Il a eu quelques difficultés ces derniers temps, ça fait un peu plus de 6 mois qu'il n'a pas joué en compétition officielle. Il va falloir lui laisser un peu de temps, et ne pas penser qu'il va mettre trois buts dès le premier match face à Monaco. Il devra revenir à la compétition petit à petit, les matches amicaux vont d'ailleurs lui faire le plus grand bien. On compte sur lui dans la saison, mais il faut lui laisser le temps et ne pas lui mettre la pression, car il aime bien être dans un environnement tranquille, où on le laisse simplement jouer. Je pense qu'ici, il a trouvé le contexte qui peut lui convenir.

Comment se sont intégrées les autres recrues ?
Ce sont de bonnes personnes. Comme je l'ai déjà dit, le groupe vit bien. C'est la troisième saison que je fais ici, et depuis que je suis là, je n'ai vu que des bons mecs arriver. Alassane s'est très bien fondu dans le groupe l'an dernier. Là il y a Max (Le Marchand), Mika (Seri), Hatem. Il y a aussi Valère (Germain), que je connais un peu : je sais que ça va très bien se passer, et ils incarnent tous de vraies plus-values sportives. De notre côté, le groupe sait aussi recevoir, il y a une bonne ambiance. Ça paraît plus simple d'arriver ici que dans un vestiaire où il y a déjà des clans ou des gens qui ne s'entendent pas, donc toutes les conditions sont réunies pour qu'ils puissent arriver facilement.

Les objectifs

Que faudra-t-il au Gym pour aller voir plus haut cette saison ?
De la constance. La saison dernière, on était capable de faire très bons matches, de battre de grosses équipes, et de passer au travers sur d'autres. Sur 38 journées, on finit 11e parce qu'on termine bien, ce qui est bon pour le club et pour nous. Mais avec un peu plus de constance, on aurait pu gagner 2 ou 3 places au classement, et ça aurait vraiment été une belle saison. Il y avait l'effectif pour. Cette saison, on a perdu quelques joueurs, on les a remplacés par d'autres de qualité. J'espère qu'on sera enfin épargnés par les blessures et que ça prendra. La qualité est là, à nous de le prouver tous les matches. 38 journées, c'est dur à tenir quand il n'y a que des jeunes. Maintenant, on a une saison en plus, et on aura un peu moins d'excuses.

Qu'attendez-vous de ce match amical face à Lausanne ?
Le problème des matches amicaux, c'est qu'on n'est pas souvent au même degré de préparation. Pour nous, ce sera compliqué, parce que nous arrivons en fin de stage. On travaille très fort aujourd'hui (jeudi), on le fera aussi demain : ça fait 8 ou 9 jours que c'est le cas. Eux, ils risquent de faire jouer leur équipe-type pendant au moins 80 minutes, alors qu'on tournera sûrement à la mi-temps. Il faut le prendre comme un travail physique, mais avec une finalité qui est quand même le résultat, parce qu'on est là pour gagner tous les matches. Le plus important sera de mettre en place le jeu que le coach voudra pour faire au moins 45 bonnes minutes. Tout en travaillant bien, en faisant les efforts, et en essayant de rentrer à Nice sans blessés, car on aura une autre semaine de travail et d'autres matches amicaux qui vont s'enchaîner. Le plus important sera d'arriver en forme début août.

Est-ce dangereux ou excitant d'attaquer par un derby face à Monaco ?
C'est une bonne chose. En général, les équipes qui jouent la Ligue des Champions font des prépas un peu plus longues pour être prêtes en septembre. Ils ne seront peut-être pas à 100%, ce qui peut constituer un avantage pour nous. On sait que c'est une grosse équipe. Ils recrutent pas mal de jeunes talentueux, mais ont également perdu pas mal de joueurs. Eux-aussi devront trouver leur équipe durant les matches amicaux. Commencer par un derby peut créer une bonne dynamique pour nous et l'environnement autour du club, surtout en cas de victoire : c'est très bien d'attaquer par un match comme celui-là.

C.D.