Interview

Boscagli : « J'ai franchi un cap »

Lancé en Ligue 1 à seulement 17 ans, Olivier Boscagli a alterné entre les pros et l'équipe réserve jusqu'à l'été dernier. Moment où il a choisi de prendre son envol. En rejoignant Nîmes et la Ligue 2, le jeune Aiglon a réussi son pari, puisqu'il est devenu l'un des hommes clés du retour des "Crocos" dans l'élite. Le défenseur de 20 ans est revenu changé de son prêt dans le Gard. Entretien.

Olivier, quel bilan tires-tu de ta saison nîmoise ? 
Tout s’est bien passé. Dès le début, ça a bien tourné : le lendemain de mon arrivée, j'ai débuté par une victoire contre Le Havre. On a ensuite enchaîné par 5-6 victoires de rang. Il y avait un bon groupe et la majorité des joueurs avaient entre 20 et 25 ans. Ça ressemble à la philosophie niçoise, je n’étais pas dépaysé !

Quand as-tu pris la décision d'être prêté ?
Après le match face à Naples (en barrages de Champions League), j’ai eu une discussion avec le coach Favre. Il ne pouvait pas me promettre du temps de jeu. Or, j’en avais besoin pour poursuivre ma progression. Au départ, j’ai eu de bons contacts avec Brest, mais ça n’a pas pu se faire. J’ai finalement opté pour Nîmes, qui avait un super projet.

Y avait-il une appréhension avant cette saison en L2 ?
J’ai écouté les conseils des plus anciens, qui m’ont dit de ne pas me prendre la tête. La L2 est différente : c’est peut-être moins tactique mais il y a encore plus de duels. Nîmes développait un jeu offensif, pratiquement en 4-2-4 et on a pris beaucoup de plaisir sur le terrain.

« Je me suis senti important pour le groupe »

As-tu trouvé ce que tu étais venu chercher ?
Oui. J'ai surtout trouvé de la confiance, car je faisais partie prenante de l’équipe première. J’ai pris peu à peu ma place et je ne l’ai plus lâchée. Ca m’a fait du bien de me sentir important pour le groupe. Et j’ai beaucoup joué, plus que depuis le début de ma carrière (28 titularisations). J'évoluais latéral gauche, à l’exception des 3 derniers matchs, où j’ai dépanné dans l’axe.

Quels bénéfices tires-tu de cette expérience ?
Depuis que j’ai débuté à Nice, les coachs m’ont fait confiance, mais ils se disaient : « il est bien, mais il manque encore quelque chose ». Je ne leur apportais pas assez de sécurité, en quelque sorte. Et ça, ça s’acquiert avec l’expérience du haut niveau. Aujourd’hui, j’ai ma petite valise de 30 matchs de Ligue 2, ils m’ont permis de gommer les erreurs que je pouvais commettre à mes débuts. Je ne connaissais pas vraiment le haut niveau, je faisais des entrées par-ci, par-là. Là, j’ai enchaîné, et j’ai gagné en efficacité.

C’est à dire ?
En jeunes, je faisais des bons matchs, mais il m’arrivait de commettre une erreur qui coûte cher. En pro’, ça ne passe pas. J’ai gagné en concentration. Et tactiquement, j’ai appris à mieux défendre.

« J'espère être passé de "bon jeune" à "joueur" à part entière »

Est-ce que le changement d’environnement t’a fait du bien ?
Oui, clairement. C’était important de changer d’air. Ici, j’avais l’image d’un petit jeune, qui se fait sa place tout doucement dans l’équipe. A Nîmes, je suis arrivé en tant que titulaire. C’est un changement considérable. J'espère être passé de « bon jeune joueur » à « joueur » à part entière.

Le regard des autres a-t-il évolué ?
Peut-être. J’ai reçu pas mal de messages de mes potes, qui ont suivi ma saison. Mais je ne prête pas non plus trop attention au regard des autres.

Et qu’en est-il de ton propre regard ?
Il a changé également. Ce prêt m’a permis de franchir un cap et je sais désormais que je dois prouver.

« Je m'épanouis à gauche »

Comment s’est passée ta rencontre avec le nouveau staff ?
Dès le début de la préparation, j’ai demandé à discuter avec le coach. Il m’a dit que je faisais partie prenante du groupe, et qu’il faudrait que je gagne ma place.

A quel poste ?
Arrière gauche. Après, il sait que je peux dépanner dans l’axe, même s'il y a du monde. Si j’avais un peu de mal au départ, aujourd'hui je me plais beaucoup dans le couloir. 

Qu’est-ce qui te plaît à ce poste ?
Tu prends plus part au jeu. J’aime faire la dernière passe, le dernier centre. Et tu touches beaucoup de ballons. Dans le football moderne, c'est un poste hyper important. Je sens que j’ai la capacité physique pour répéter les efforts, et que je peux apporter techniquement. Ça me convient bien.

« Je deviens plus agressif »

Quels sont tes axes de progression ?
Dans le système de jeu mis en place par le coach Vieira, les ailiers sont très excentrés. En tant que défenseur, mon rôle sera d’être bon dans la première relance. Je dois encore m’améliorer tactiquement, progresser dans la concentration et les duels. Avant, mes entraîneurs me disaient « continue, sois plus dur en un contre un ». Mais, aujourd'hui, ils ne vont pas me le répéter 20 fois. Je sais que si je ne l’intègre pas, je sortirai de l’équipe. Mais je sens que je suis en train de prendre le pli. Je deviens de plus en plus agressif, dans le bon sens du terme. Sur ce plan, la L2 m’a beaucoup aidé.

Claude Puel, Lucien Favre,  Bernard Blaquart, Patrick Vieira… A seulement 20 ans, tu as déjà connu de nombreux coachs.
Oui, plus ceux des équipes de France. Chaque entraîneur a sa méthode, mais dans l’ensemble, je sais qu’ils vont insister sur les mêmes points me concernant.

Quels sont tes objectifs personnels pour cette saison ?
Jouer une saison complète, et m’installer dans ce groupe. Car l'objectif, c'est réussir avec mon club formateur.

Et vos objectifs collectifs ?
On n’en a pas encore parlé. Le coach veut d’abord qu’on trouve notre stabilité et une certaine efficacité. On veut d’abord bien jouer tous ensemble. On verra après jusqu’où ça peut nous mener.

« Patrick Vieira, c'est un Monsieur »

Comme tes coéquipiers, tu as découvert Patrick Vieira dans le rôle d’entraîneur.
Au vu de son parcours, il inspire un respect naturel. Quand il te demande de faire quelque chose, tu sais qu’il a ses raisons. Il a une immense expérience et peut nous faire beaucoup progresser techniquement comme tactiquement. Et il nous parle énormément. C’est quelqu'un de très ouvert. Au début, je me disais « c’est un Monsieur, il va être plus dur à approcher ». Au contraire ! Il est toujours ouvert à la discussion, avec n’importe quel joueur.

Il ne reste plus que deux semaines avant la reprise...
Depuis le début de la prépa', on a cette date en ligne de mire (le 11 août). On sait qu’on n’est pas encore à 100%, mais on a confiance. Tous les joueurs sont concernés, il y a beaucoup d’intensité à l’entraînement. On monte en puissance, et on le ressent lors des matchs amicaux. 

Quel est le match que tu attends le plus cette année ?
Nîmes, forcément. J’ai noué beaucoup de liens là-bas. Et aussi Monaco, car c’est là où j’ai grandi et où vit ma famille. Et c’est un beau derby, important pour nos supporters.

Propos recueillis par Fabien Hill