La parole aux journalistes (partie 1)

Sainté', Dijon, Bordeaux : la température des outsiders

Dimanche, le Gym entamera à Troyes la dernière ligne droite de sa saison 2017/2018. Derrière le quarté de tête (Paris, Monaco, Marseille, Lyon), le groupe de Lucien Favre est lancé dans une course acharnée à l’Europe (la 5e place est qualificative pour les tours préliminaires de l'Europa League ; si Paris remporte la Coupe de France, la 6e le sera également). Pour retrouver la scène continentale, il devra faire mieux que 6 concurrents qui peuvent encore, mathématiquement, croire en leur étoile. Avant le grand démarrage, OGCNICE.com a pris le pouls de la Presse Quotidienne Régionale.

Dynamiques, forces, faiblesses : six journalistes nous plongent au coeur du sprint. Tous suivent de près l’institution qu’ils analysent. Bordeaux, Dijon, Saint-Etienne : la première partie de ce "tour de France" décrypte les outsiders qui figurent actuellement derrière les Aiglons (8es).

11e Bordeaux (37 points)

L’oeil de Nicolas Le Gardien, journaliste à Sud-Ouest
« Pour l’Europe, franchement, ça me paraît très compliqué. Bordeaux part de loin, la dynamique n’est pas terrible (2 points pris lors des 5 dernières journées) et le contenu des deux derniers matchs  s'est avéré assez mauvais. Après Rennes (0-2 avant la trêve), Gustavo Poyet a dit qu’il voulait changer les choses. Du coup, cette fin de saison ne sera pas une « phase de test » mais servira probablement à préparer la suite, même s’il y a une incertitude par rapport à l'avenir du club. 

Poyet a aussi déclaré qu’il croyait encore à l’Europe, mais la priorité pour les Girondins, c’est surtout de regagner un match le plus vite possible. Pour finir 5e ou 6e, il faudra un concours de circonstances, car le groupe actuel a du potentiel mais manque de liant. L’enjeu, d'ailleurs, est de savoir s’il va le retrouver... La mauvaise phase aller a fait douter tout le monde, ça s’est solidifié après la reprise car l’équipe a changé de style : elle est plus compacte et efficace sur attaques rapides ; mais quand l’adversaire évolue en bloc bas, c’est plus dur. L’avantage de Bordeaux en cette fin de saison ? A part Paris, le calendrier n’est pas démentiel. Sur le papier, il y a la possibilité de prendre des points...»

Le pronostic
« Pour la 5e et la 6e place, je vais dire Nice et Rennes. Pour l’ordre, ça dépend des points que chacun laisse en route. Le Gym a plus de qualité (individuelle et collective) mais le Stade Rennais monte en puissance, et il possède aussi un bon collectif, assez étoffé, avec des joueurs complémentaires. Le deux me semblent bien armés. Sur les matchs que j’ai vus contre Bordeaux, Montpellier et Nantes le sont un peu moins, mais ils restent efficaces ».


10e Dijon (38 points)

L’oeil de Rémi Chevrot, journaliste au Bien Public
« Depuis le début de saison, Dijon propose du jeu, marque des buts. La grande force du groupe réside dans son parcours à domicile. A Gaston-Gérard, il pose beaucoup de problèmes à tout le monde et reste sur 10 matchs sans défaite (8 victoires et 2 nuls, 4e bilan de l'élite). C’est compliqué de jouer ici car le DFCO prend le jeu à son compte. Devant, Tavares a vraiment passé un cap. Tous les ans, il est à 10 buts, là il est sur le point de battre son record. C’est un des tauliers, il est là depuis 6 ans. Dans le jeu, il pèse, prend de l’importance, il y a vraiment une équipe avec et sans lui. Le duo qu’il forme avec Wesley Saïd marche bien. Lui aussi est en train de passer un cap depuis qu’il a été repositionné dans l’axe…

Cependant, pour se mêler à la lutte pour les places européennes, il faut être bon a l’extérieur. Cette saison, c’est là où le bât blesse, car Dijon n’a gagné qu’une fois loin de chez lui, même s’il y a un léger mieux dernièrement, avec 3 nuls de suite. L’autre souci, c’est l’aspect défensif… Ils possèdent la 5e attaque de la L1 mais la dernière défense. Pour moi, c'est lié à la philosophie de jeu qui penche vers l’avant, parce qu'au niveau individuel, Djilobodji ou Rosier, c’est du solide, et Reynet fait partie des meilleurs gardiens du pays ».

Le pronostic
« Est-ce que Dijon croit en l’Europe ? Je vais dire non. En tout cas pas dans les discours officiels. Pour le DFCO, l’objectif est clair : pour la 3e saison en L1, il faut se maintenir au plus vite et pérenniser son statut. Le club a d’ailleurs budgété sa saison sur la 17e place. Une fois que le maintien sera acquis, il pourra voir un peu plus haut. Les joueurs les plus ambitieux parlent du top 10. Je pense qu’ils peuvent flirter avec. Pour la course à l’Europe, je vais dire le Gym. Comme je suis Niçois, c’est le coeur qui parle... »


9e Saint-Etienne (39 points)

L’oeil de Gabriel Gabai, journaliste au Dauphiné Libéré
« La saison avait très mal commencé pour les Verts. Il y avait des manques dans tous le secteurs, sauf dans les buts. Sur la phase aller, la blessure de Loïc Perrin a fait beaucoup de mal et l’arrivée sur le banc de Jean-Louis Gasset beaucoup de bien. Il est important, intelligent, rigoureux. Avec ses contacts et son carnet d’adresses, il a fait venir de nouveaux joueurs cet hiver : que des titulaires en puissance ! Ça a boosté tout le monde. Sans eux, Saint-Etienne lutterait pour ne pas descendre.

Avec Ntep, M'Vila, Debuchy, Subotic, l’équipe est devenue homogène, l’état d’esprit est bon. M'Vila, notamment, fait beaucoup de bien, il est très complémentaire avec Selnaes. Les deux ont stabilisé le milieu : c’est la pierre angulaire du collectif. Debuchy a également signé une belle arrivée et s’est relancé pour l’équipe de France. Il a amené de la sécurité derrière, tout comme Subotic. Il y a un vrai bon 11 type et, d'un autre côté, un problème de banc. Malgré le nul contre Dijon (2-2), la dynamique est globalement bonne. Maintenant, on va voir comment l'équipe gère son retour à la compétition, prévu ce week-end à Nantes... »

Le pronostic
« Les Verts ont une carte à jouer mais personnellement, je pense que ce sera compliqué pour eux car leur programme est beaucoup plus difficile que ceux de leurs adversaires directs (voir ci-dessous). Pour l’Europe, je vois bien Rennes – qui possède un petit avantage psychologique et comptable sur ses adversaires -, même si ce n’est pas l’équipe que je préfère. Les résultats sont bons, Lamouchi fait du beau travail et, grâce à Khazri, ils restent en haut. Au niveau talent, ce n’est pas l’équipe la plus forte, mais elle va être dure à déloger. Nice a également sa carte à jouer. Le Nice - Rennes, dans deux semaines, va être décisif, parce que si le Gym s'impose, ça peut libérer des chances pour les autres... »

Constantin Djivas